"L’Evangile de l’Homme" est le dernier livre de Miguel Duplan. Cet auteur d’origine martiniquaise vit en Guyane. Il a déjà écrit de nombreux romans, couronnés par des prix littéraires. Il revient aux sources, et évoque la vie de ses grands-parents en Martinique dans les années 50.
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"L’Evangile de l’Homme" est le dernier livre de Miguel Duplan. Cet auteur d’origine martiniquaise vit en Guyane. Il a déjà écrit de nombreux romans, couronnés par plusieurs prix littéraires. Cette fois il revient aux sources, et évoque la vie de ses grands-parents en Martinique dans les années 50. Un personnage qu’il a déjà évoqué dans « L’Acier » son premier roman.
Miguel Duplan revient sur l’existence de son grand-père maternel, le dernier conducteur d’une locomotive en usine à sucre. L’auteur le dit dans la préface, il a eu envie de raconter à nouveau l’histoire de cet homme, raconter l’histoire mais autrement, rendre le livre, et les personnages vivants.
Le récit nous replonge dans la Martinique des années 50. Jean Baptiste homme de plume, fait le récit de l’histoire de sa famille centrée sur le grand père. Un grand père qu’il appelle l’Homme. Un homme dur, autoritaire, tourmenté, orgueilleux, terrorisant son entourage, engoncé dans ses turpitudes et contradictions. L’Homme ne parle pas beaucoup. Autour de lui une famille, une ou des femmes, des enfants.
Il invite, interpelle les sens du lecteur avec ses mots, une farandole de mots, de phrases, de termes …Le verbe est haut, beau, le vocabulaire riche, coloré, imagé, le lecteur a le sentiment de voir plutôt que de lire, chaque mot est posé, par petites touches formant une toile impressionniste. "L'Evangile de l'Homme", son évangile.
C’est un livre qui se savoure pour la magie des maux.
"L'Evangile de l'Homme" paru aux éditions La Trace.
Retrouvez la version vidéo :
-Pourquoi ce texte ?
-« L’Evangile de L’Homme » est un texte que j’ai conçu comme un hommage biscornu à mon grand-père maternel, dernier conducteur de locomotive en usine à sucre, à Sainte-Marie. Personnage que je n’ai pas connu, ignoble aux dires de ma mère, surnommé L’Homme, il s’est épanoui en moi par la voix des autres et de par les sidérations qu’il a laissées dans l’opinion publique à Sainte-Marie. Oui, l’Homme était évidemment un parfait inhumain. Ne l’ayant pas connu, je ne pouvais pas le décrire et le mettre en scène sous la forme d’une narration romanesque traditionnelle. Fragments des voix familières et rumeurs destructives. Ainsi, le récit a naturellement évolué vers l’éclat poétique, l’éveil
somnambulique. Paradoxalement, les personnages secondaires en ressortent intenses et rendent la narration vive et dense. Écrit au plus près mes intuitions, ce texte est, je l’espère, la somme des contradictions de la vie en Martinique au sortir de la seconde guerre mondiale et reflètent mes contradictions familiales aussi, lesquelles m’ont façonnées d’une façon ou d’une autre.
- Pourquoi avoir voulu à nouveau raconter l’histoire du grand-père ?
« L’Acier » était un chant incomplet, je l’ai toujours su. Et puis, j’aime cette idée que toute œuvre est une variation qui fait éclore de nouveaux sanctuaires. Car je crois aux renouvellements des écritures, car je sais qu’elles s’entredéchirent, s’entremêlent, à l’infini, se renouvellent sans cesse pour produire de l’inédit, à chaque fois, à tout moment.
- Vous avez inventé un style littéraire qui vous est propre, comment le qualifiez-vous ?
J’ai la prétention de prendre à mon compte les silences et les douleurs de ceux qui survivent encore et toujours aux fracas du monde. Dans les faits, j’ose une création qui montre sans désigner, qui dit sans
raconter ; pari audacieux qui me permet de révéler la densité essentielle des personnages et d’éclairer nos non-dits. Au final, la trace poétique est l’horizon que l’on se doit désespérément d’atteindre et elle explose à ma face et façonne mon écriture. Elle empoigne les traces du monde, interroge les manquements de nos imaginaires. Jusqu’aux interstices des réels. Jusqu’aux fragrances de l’absence. Poétique dont les tonalités n’occultent ni scintillements ni espérances esthétiques.
- Quel sens donner aujourd’hui à « l’Évangile de l’Homme » ?
Je n’en ai aucune idée. Je sais que La poétique est l’unique vecteur de la compréhension du réel. Car les chaos du monde n’ont pas disparu. Ils perdurent encore et encore et provoquent autant d’inextricables abysses. Tremblements qui révèlent nos réalités intérieures. « L’Évangile de l’Homme » se niche dans les interstices ces fatras. « L’Évangile de L’Homme » est de cette foi.
La dernière locomotive
Miguel Duplan revient sur l’existence de son grand-père maternel, le dernier conducteur d’une locomotive en usine à sucre. L’auteur le dit dans la préface, il a eu envie de raconter à nouveau l’histoire de cet homme, raconter l’histoire mais autrement, rendre le livre, et les personnages vivants. Le récit nous replonge dans la Martinique des années 50. Jean Baptiste homme de plume, fait le récit de l’histoire de sa famille centrée sur le grand père. Un grand père qu’il appelle l’Homme. Un homme dur, autoritaire, tourmenté, orgueilleux, terrorisant son entourage, engoncé dans ses turpitudes et contradictions. L’Homme ne parle pas beaucoup. Autour de lui une famille, une ou des femmes, des enfants.
L’histoire se situe à Sainte-Marie en Martinique, marquée par la fin de l’esclavage, la Martinique des champs de cannes et des usines à sucre. Le récit fait penser à une photographie aux bords jaunis.
Un auteur inspiré
Miguel Duplan a un don certain pour l’écriture. C’est très bien écrit, et décrit. Cette fois, l’auteur, invente un style. Son livre est à la fois, un chant, un récit, un roman, un poème. Il se lit lentement.Il invite, interpelle les sens du lecteur avec ses mots, une farandole de mots, de phrases, de termes …Le verbe est haut, beau, le vocabulaire riche, coloré, imagé, le lecteur a le sentiment de voir plutôt que de lire, chaque mot est posé, par petites touches formant une toile impressionniste. "L'Evangile de l'Homme", son évangile.
C’est un livre qui se savoure pour la magie des maux.
"L'Evangile de l'Homme" paru aux éditions La Trace.
Retrouvez la version vidéo :
Miguel Duplan : "L'Homme était un parfait inhumain"
Miguel Duplan, est un auteur discret, tourné exclusivement vers ses écrits. Il fuit toute forme de médiatisation. Il a bien voulu répondre à nos questions, car ce 6e roman est la suite de "l'Acier", le livre qui l'a fait entrer en écriture :-Pourquoi ce texte ?
-« L’Evangile de L’Homme » est un texte que j’ai conçu comme un hommage biscornu à mon grand-père maternel, dernier conducteur de locomotive en usine à sucre, à Sainte-Marie. Personnage que je n’ai pas connu, ignoble aux dires de ma mère, surnommé L’Homme, il s’est épanoui en moi par la voix des autres et de par les sidérations qu’il a laissées dans l’opinion publique à Sainte-Marie. Oui, l’Homme était évidemment un parfait inhumain. Ne l’ayant pas connu, je ne pouvais pas le décrire et le mettre en scène sous la forme d’une narration romanesque traditionnelle. Fragments des voix familières et rumeurs destructives. Ainsi, le récit a naturellement évolué vers l’éclat poétique, l’éveil
somnambulique. Paradoxalement, les personnages secondaires en ressortent intenses et rendent la narration vive et dense. Écrit au plus près mes intuitions, ce texte est, je l’espère, la somme des contradictions de la vie en Martinique au sortir de la seconde guerre mondiale et reflètent mes contradictions familiales aussi, lesquelles m’ont façonnées d’une façon ou d’une autre.
- Pourquoi avoir voulu à nouveau raconter l’histoire du grand-père ?
« L’Acier » était un chant incomplet, je l’ai toujours su. Et puis, j’aime cette idée que toute œuvre est une variation qui fait éclore de nouveaux sanctuaires. Car je crois aux renouvellements des écritures, car je sais qu’elles s’entredéchirent, s’entremêlent, à l’infini, se renouvellent sans cesse pour produire de l’inédit, à chaque fois, à tout moment.
- Vous avez inventé un style littéraire qui vous est propre, comment le qualifiez-vous ?
J’ai la prétention de prendre à mon compte les silences et les douleurs de ceux qui survivent encore et toujours aux fracas du monde. Dans les faits, j’ose une création qui montre sans désigner, qui dit sans
raconter ; pari audacieux qui me permet de révéler la densité essentielle des personnages et d’éclairer nos non-dits. Au final, la trace poétique est l’horizon que l’on se doit désespérément d’atteindre et elle explose à ma face et façonne mon écriture. Elle empoigne les traces du monde, interroge les manquements de nos imaginaires. Jusqu’aux interstices des réels. Jusqu’aux fragrances de l’absence. Poétique dont les tonalités n’occultent ni scintillements ni espérances esthétiques.
- Quel sens donner aujourd’hui à « l’Évangile de l’Homme » ?
Je n’en ai aucune idée. Je sais que La poétique est l’unique vecteur de la compréhension du réel. Car les chaos du monde n’ont pas disparu. Ils perdurent encore et encore et provoquent autant d’inextricables abysses. Tremblements qui révèlent nos réalités intérieures. « L’Évangile de l’Homme » se niche dans les interstices ces fatras. « L’Évangile de L’Homme » est de cette foi.