Consommons-nous toujours trop de sucre en outre-mer ? Le Canard Enchaîné a de nouveau mis les pieds dans la mare (de glucose) dans son édition du 25/08/2021.
Selon le journal satirique, le gouvernement chercherait à retarder pour la fin d'année la publication d’un rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Un rapport accablant pour l'agroalimentaire ultramarin
Un rapport et une enquête concernant le taux de sucre dans les aliments ou les boissons vendus dans les collectivités et territoires d’outremer et dont les premiers résultats seraient "accablants" pour l'agroalimentaire et la grande distribution locale. Qu'en est-il de la Guyane ?
Auteur d'une étude en 2017, l'IRD, l'institut de recherche et développement pointait en particulier la forte prévalence en Guyane de certaines maladies comme l'obésité, ou le diabète.
Des pathologies liées à notre alimentation mais aussi à leur forte contenance en sucre.
Une teneur en sucre réduit de 15% à la Solam
Dans l'usine guyanaise de la SOLAM créée fin 2002 à Macouria, 40 tonnes de yaourts sont ainsi produits chaque semaine. Dans la composition du dessert : du lait, des fruits, des ferments mais aussi du sucre... pour relever le goût.
Selon le Président de l'entreprise, Bernard Boullanger, cela fait 10 ans déjà que le taux de sucre a progressivement diminué dans les yaourts et les jus de fruits produits produits sur le site en Guyane.
L'industriel assure avoir réduit de 15 % la teneur en sucre dans certaines gammes. Un virage nutritionnel opéré bien avant la loi Lurel.
"Nous avions une convention déjà avec l'ARS sur toute la partie qualité des produits et donc naturellement sur la baisse de sucre. En fait, nous, cela fait depuis 2012, depuis 10 ans maintenant, que l'on baisse le sucre, tout doucement, pour pas que le consommateur s'en rende compte. Aujourd'hui, tous nos produits ont moins de sucre ajoutés que nos produits en métropole. Donc on est sur des produits très très bons en terme de santé."
Pour garder la saveur tout en réduisant le taux de sucre, la Solam a dû réaliser des investissements et augmenter ses stocks de pulpes de fruits.
"Il ne suffit pas d'enlever du sucre. En fait, il faut toujours maintenir le niveau de la recette pour que, au niveau du consommateur, le goût soit toujours le même. Donc cela implique souvent plus de fruits. Donc, c'est plus cher pour pouvoir faire les produits identiques."
A côté de l'unité de production, le laboratoire d'analyse où trois personnes travaillent pour assurer le suivi qualité. Ces techniciens dédiés sont là pour vérifier le taux de sucre dans chacune des recettes.
Tous les changements réalisés pour abaisser le taux de sucre dans les recettes doivent d’abord subir une batterie de tests avant la validation et la mise sur le marché... jusqu'à la table des gourmands.
"Nous avons accès aux fiches recettes qui sont du coup réalisées par notre responsable Production. Grâce aux données, nous pouvons entamer un pourcentage de réduction de sucre. Suite à cela, la production est lancée et, avec l'équipe encadrante et avec la direction, nous pouvons faire des tests de dégustation pour voir si le consommateur pourrait adhérer à cette baisse de sucre."
Cette entreprise guyanaise semble faire figure de bonne élève dans la traque aux sucres cachés. Elle n’exclut pas d’en faire d’avantage.