Lundi Noir

La ligne droite de la nationale 1 en direction de Sinnamary
Le 18 avril devrait rester dans la mémoire collective guyanaise comme un lundi noir où six personnes ont perdu la vie au 105 ème km de la route nationale 1 lors d'un effroyable accident sur la commune de Sinnamary.
4 ,5 …6  le décompte mortel  a duré quelques minutes après l’arrivée des secouristes sur les  lieux du drame.
Une vision d’horreur. 2 véhicules entrés en collision frontale, l’un reste sur la route, l’autre finit  sa course folle sur le toit, en contrebas de la  RN1, entre Sinnamary et Kourou. Il est 13h00 ce lundi là.
Alertés quelques minutes plus tard, les pompiers organisent un dispositif de secours important, 3 ambulances, le SMUR, 1 véhicule de désincarcération et en appui, l’hélicoptère de la Protection civile qui se pose sur la RN1. Toute circulation est coupée pour permettre de prodiguer les premiers secours et de procéder aux évacuations des blessés .
Nous sommes au PK 105, à 10 km de Sinnamary. C’est une zone blanche. Pas d’antenne de téléphonie dans le décor végétal, donc pas de portable , pas de moyen de communication classique .
 

La mort au 105ème km de la nationale 1

La route est droite , dégagée  et sèche . La vitesse  est élevée , vu les dégâts occasionnés aux véhicules .
L’accident est  brutal,  destructeur  et mortel. 6 personnes succombent en quelques minutes, dont 5 d’une même famille.
Dans l’automobile restée  sur la route , le chauffeur, seul,  figé par la mort derrière son volant .
Dans la voiture sur le toit dans le fossé , 4 victimes mortes sur le coup.  La conductrice, la jeune fille à coté d’elle (16ans ) et deux enfants à l’arrière âgés de 3 et 5 ans. L’horreur s’ajoute au malheur .
Un seul rescapé ressort de l’amas de tôles broyées. Remonté sur la route par les pompiers, blessé, il  est évacué par l’hélicoptère dans un état grave.
Dans ses bras, selon les premiers témoins, un bébé de 7 mois. Les  secouristes ne pourront le ramener à la vie malgré leurs efforts. Le bilan final est donné : 6 victimes pour lesquelles il n’y a plus rien à faire .
Les voitures ou plutôt ce qu’il en reste sont tractées pour dégager la chaussée et emportées par les dépanneuses. Les experts sauront les faire parler pour tenter d’expliquer ce drame qui endeuille des familles, des communes et tout le pays Guyane .
Méthodiques, graves, probablement choqués, les gendarmes terminent leurs mesures et constatations d’usage .
Il y en a une qui témoigne de la violence du choc  : «  Aucune trace de frein , ni d’un coté  ni de l’autre . »
A 16h00, le trafic reprenait normalement sur cet axe routier stratégique, reliant le littoral à l’ouest guyanais .
Sur la route aujourd’hui quelques  taches sombres  et des restes du produit absorbant répandu par les pompiers pour  résorber l’huile des moteurs sur le bitume .
Les traces de sang laissés par les corps désincarcérés, mutilés par la violence du choc ont toutes déjà disparu. La prochaine pluie va tout nettoyer.
Si aucun ex voto n’est posé sur le bord de la route, à la mémoire des victimes, aucun automobiliste n’aura idée du drame qui s’est joué là  ce lundi  18 avril 2016 .
Un lundi noir  qui porte à 10 le nombre de morts depuis le début de l’année sur les routes de  Guyane.