Lyana, une lycéenne hors du commun

Lyana Garros, élève de seconde au lycée Léon Gontran Damas
Lyana Garros n'est pas comme tout le monde. Tétraplégique, elle est en seconde littéraire au lycée Léon Gontran Damas. Derrière le sourire et la bonne humeur de cette jeune fille de 16 ans se cache une volonté hors du commun pour suivre sa scolarité et surmonter les difficultés du quotidien.
Un visage rond, des yeux pétillants d'intelligence derrière les lunettes et un sourire éclatant, Lyana Garros raconte sa vie. Celle d'une adolescente de 16 ans qui lutte pour réaliser ses rêves : poursuivre des études de droit pour devenir juriste.

Pour cela, elle doit, comme tout le monde, aller au lycée et obtenir son baccalauréat. Seulement, la jeune fille est tétraplégique en fauteuil roulant et il lui faut, en plus de son handicap, surmonter toutes les difficultés administratives et techniques depuis qu'elle va à l'école. Malgré son handicap lourd, Lyana fonce. Elle est la meilleure élève de sa classe. Elle fait l'unanimité auprès de ses camarades qui ont choisi d'en faire leur déléguée. Une mission qu'elle a endossée avec enthousiasme et qu'elle remplit avec assurance et compétence selon l'équipe pédagogique.

Un quotidien exténuant


Pourtant, il n'y a rien de facile pour Lyana et sa famille qui habitent le quartier de Soula à Macouria. La jeune fille a besoin d'une assistance permanente. Elle se lève tous les matin à 4h45 afin que sa mère Romaine la prépare. Elle quitte son domicile à 6h  avec un transporteur spécialisé qui doit récupérer en chemin d'autres élèves.
Au lycée, Lyana qui est en seconde littéraire, option musique est prise en charge par Léa, son accompagnante des élèves en situation de handicap mise à disposition par le rectorat. Cette dernière est à ses côtés 31h et l'accompagne dans tous ses cours pour prendre les notes à sa place.
A midi, à l'inter cours, Romaine Garros, sa mère, prend le relais car Léa est en pause. Romaine n'a pas de voiture et se déplace en car. Elle prend 3 bus différents pour parvenir au bout de 2h de trajet au lycée à Rémire-Montjoly. Il lui faut être là pour donner à manger à Lyana et l'emmener aux toilettes. Il n'y a pas encore de personnel mis à disposition pour l'inter classe. Le rectorat assure que cela ne devrait plus tarder.
Lyana rentre chez elle à 18h voire 19h rarement plus tôt. Mais pour la jeune fille c'est le prix à payer pour parvenir à son but.

Témoignage de Lyana - Reportage Frédéric Larzabal - Catherine Lama

Bien intégrée dans sa classe, Lyana surmonte les difficultés d'accessibilité


Confrontée aux difficultés d'accompagnement depuis ses premières années de scolarisation, Lyana a développé de grosses capacités mnésiques. Elle retient sans difficultés les cours. Elle a obtenu, ainsi, une moyenne de 16/20 au premier trimestre.
Avec son éducatrice, Léa, elles forment un binôme bien organisé. Chaque inter classe est l'occasion d'avancer sur les devoirs. Ses camarades de classe qui l'ont découverte à la rentrée l'apprécient. Elle leur apporte beaucoup. Elle est stimulante, ne se plaint jamais. Au contraire déclare  Bethlie, 15 ans :  "elle nous encadre". Il y a toujours quelqu'un pour pousser son fauteuil.
Lyana aime le chant (elle écrit aussi des slams) qu'elle pratique en option musicale. Pour rejoindre la salle de cours, il lui faut prendre l'ascenseur, un transporteur capricieux qui tombe parfois en panne, ce qui l'empêche alors de suivre les cours. Une préoccupation pour l'élève, de même pour les travaux pratiques scientifiques situés au troisième étage. Elle espère que d'ici son baccalauréat des aménagements seront faits dans l'établissement.
La direction certifie qu'il y aura bientôt des tables adaptées pour que les élèves en fauteuil soient au même niveau que leurs accompagnants. Les toilettes doivent aussi être améliorées car avec le fauteuil, la porte ne ferme pas.
Il y a encore des réglages à faire sur l'ordinateur à synthèse vocale qui lui a été attribué. Il ramasse tous les bruits ambiants. En attendant Lyana s'en passe et fonctionne avec sa mémoire. 

Reportage Frédéric Larzabal - Catherine Lama 



Obtenir le baccalauréat


La vie est une lutte de tous les instants pour cette jeune fille. Elle avait été admise en seconde "euro Amazonie" au lycée Melkior Garré où se trouve déjà sa soeur aînée en classe terminale. Le jour de la rentrée, au lycée, elle a été refoulée pour cause de locaux inadaptés : éparpillement des salles de cours qui n'ont pas d'accès pour les handicapés et un ascenseur (plutôt monte charge) souvent en panne. Au lycée Lama-Prévot, il n'y a pas d'ascenseur qui dessert les salles de cours. Lyana a finalement intégré le lycée Léon Gontran Damas, le 20 septembre 2017. La direction s'est arrangée pour que la majorité des cours de sa classe de seconde se déroulent dans une salle située au 1er étage car accessible par une rampe. Un autre adolescent en fauteuil se trouve également dans cette classe et lui aussi est parmi les meilleurs élèves.
Ainsi que le rappelle Lyana, la loi du 11 février 2005 lui donne le droit de suivre des cours comme tout le monde. Elle ira au bout de ses projets et elle s'en donne les moyens.