Macouria : pour tenir, les petits producteurs font preuve de créativité

Jean-Christophe YANG, maraîcher à Macouria depuis 4 ans, a fait le choix des paniers paysans pour diversifier ses points de vente.
Les petits producteurs sont en difficultés durant cette période de crise sanitaire. La diminution des marchés et les couvre-feux ont réduit leur temps de vente. Un ou deux marchés par semaine ne suffisent pas. En complément, Jean-Christophe YANG, maraîcher à Macouria prépare des paniers paysans.
Depuis 6h ce matin, l’agriculteur arpente ses huit hectares de parcelle. Un terrain de savane niché au fond de Préfontaine. Ici poussent les citrons et surtout les pitayas rouges et blancs. Des fruits issus d’un cactus qui représentent la production principale de Jean-Christophe YANG. Une culture capricieuse.
Originaire du Mexique, le pitaya ou fruit du dragon a été été importés au Viêt Nam par les colons français au début du xixe siècle. Initialement, les fruits y étaient réservés à la famille royale puis à la bourgeoisie locale.
 

«Quand ça donne beaucoup, on a du mal à écouler et quand on a du mal à écouler on ne sait plus comment faire et des fois on laisse à la maison et cela pourrit tout seul. »


Avec la crise sanitaire, les marchés sont moins nombreux et le nombre de place attribué est restreint. A peine trente pour les marchés de Cayenne et de Kourou. Dix à quinze pour ceux de Soula et Tonate. Après quelques discussions avec le syndicat FNSEA, Jean-Christophe a obtenu dans un premier temps un stand au marché de Tonate, le jeudi après-midi.
 

« C’est très très compliqué sur le marché avec un confinement à 16h, on ne peut pas vendre. La plupart de ma production, c’est des produits des autres, des amis, de la famille surtout des personnes âgées qui ne peuvent pas se déplacer, qui peuvent plus se déplacer et ne veulent pas aller sur les marchés.»


Un système d’entraide auquel une dizaine d’agriculteurs ont adhéré. Depuis peu, Jean-Christophe a aussi décroché une place au marché de Soula, le samedi matin. Mais ces deux points de vente ne sont pas suffisants. La solution : diversifier les moyens de distribution.
 
Jean-Christophe YANG dispose de 8 hectares à Préfontaine.

Jean-Christophe a réagi dès les premiers jours du confinement. Toujours en partenariat avec d’autres producteurs.
 

« J’ai contacté pas mal de collègues ou des amis, de la famille, qui n’ont pas de marché non plus. Ils m’ont dit que si je voulais je viens chercher leurs produits et eux ils me font un prix. C’est comme cela que j’ai commencé à faire les livraisons de paniers. »


Une centaine de paniers sont ainsi distribués directement chez les particuliers de Matoury à Kourou.
 

Passionné par son métier, Jean-Christophe est lucide sur son avenir.
 

«Si cela continue comme cela, à la fin de l’année je pense que c’est foutu. Si les gens ne continuent pas à nous prendre les produits, si je n’ai pas assez de fournisseurs pour me donner pour le faire. C’est pas possible.»

 
En attendant des jours meilleurs, Jean-Christophe ne baisse pas les bras. De son enfance d’exilé du Laos, il a gardé une énergie face à l’adversité et une capacité à se réinventer. Animateur radio, pâtissier, chauffeur poids lourds. Autant de métiers déjà pratiqué. Autant de possibilités de reconversion si les projets agricoles tombent à l’eau, victimes collatérales du coronavirus.