Le temps d’une transmission par les voies judiciaire et diplomatique entre la France et le Brésil, « Manoelzinho » devrait bientôt recevoir la notification d’une deuxième condamnation par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité (1), verdict rendu public mercredi soir par la cour d’assises de la Martinique au terme de quatre jours de procès. Du côté brésilien, la décision sera adressée à son seul domicile connu : la prison fédérale de Campo Grande, dans le Mato Grosso, état du sud du Brésil, où « le petit Manoel » est incarcéré depuis fin 2014. A Fort de France, l’ancien chef de bande a été reconnu coupable de tous les chefs de poursuite retenus contre lui : tentatives de meurtres de cinq gendarmes sur l’Inini le 19 mai 2012, les meurtres de deux militaires du 9ème Rima et tentatives de meurtres de deux gendarmes le 27 juin de la même année à Dorlin, les tentatives de meurtres de deux pêcheurs sur l’Approuague le 11 juillet et la tentative de vol à main armé d’un véhicule sur la RN2 le 21 juillet 2012, la détention d’armes de première ou quatrième catégorie, tous ces faits étant aggravés par leur commission en « bande organisée ».
30 ans pour le « bras droit » de Manoelzinho
Egalement incarcéré à Campo Grande, Ronaldo Silva Lima alias « Brabo da Morgana », le bras droit de Manoelzinho, a écopé d’une peine de 30 ans de prison. Il est reconnu coupable des mêmes chefs, sauf les meurtres et tentatives de meurtres des militaires et gendarmes à Dorlin, pour lesquels il n’était pas poursuivi. Tant que les deux détenus restent sur le sol brésilien, ces condamnations « par défaut » (en leur absence) sont symboliques : elles ne peuvent s’appliquer qu’en cas d’arrestation en France, si les intéressés ne s’y opposent pas. S’ils s’y opposent, ils auraient alors droit à un nouveau procès devant la justice française. Une hypothèse purement théorique : le Brésil n’extradant pas ses ressortissants vers l’étranger pour y être jugés, il appartient à la justice fédérale brésilienne de juger les deux hommes dans cette affaire. Les deux hommes ont déjà été condamnés en juillet 2015 par un juge fédéral de Macapa à 9 ans de prison pour transport et importation illégale d’armes, deux revolvers « Glock » de 9mm dont ils étaient porteurs lors de leur arrestation au Brésil le 27 juillet 2012, après leur cavale dans la forêt guyanaise.
Deux autres membres de la bande condamnés
Membres de la bande de Manoelzinho en 2012, les deux accusés présents à l’audience ont été condamnés eux aussi à de lourdes peines, même si leur implication est moindre que les deux accusés absents. Itamar Bezerra Alves écope de 20 ans de prison pour tentatives de meurtres sur cinq gendarmes le 19 mai 2012 sur l’Inini, tentatives de meurtres sur deux pêcheurs sur l’Approuague le 11 juillet 2012 et détention d’arme, à chaque fois « en bande organisée ». « Itamar » est donc aussi reconnu coupable de participation à une bande organisée. Ronaldo Miranda Carvalho est condamné à 18 ans de prison pour les tentatives de meurtres sur deux pêcheurs à Régina, détention d’arme en bande organisée, et participation à cette bande organisée. Les deux intéressés ont dix jours pour faire appel. Une audience au civil est prévue en janvier 2017, à Fort de France, pour examiner les demandes indemnitaires des parties civiles.
Des peines à mi-chemin des réquisitions de l’avocat général
Les peines prononcées par la cour d’assises de la Martinique dans cette affaire sont moins lourdes pour deux des quatre accusés que les peines requises. L’avocat général avait demandé à la cour la réclusion criminelle à perpétuité pour Manoel Moura Ferreira et Ronaldo Silva Lima, 25 ans pour Itamar Bezerra Alves, et 15 ans pour Ronaldo Miranda Carvalho.
Manoelzinho à nouveau condamné à la réclusion criminelle à perpétuité
Jugé en son absence, Manoel Moura Ferreira alias « Manoelzinho » a été condamné à la perpétuité mercredi soir par la cour d’assises de Fort de France, notamment pour les meurtres de deux militaires à Maripasoula en 2012. Trois complices ont écopé de peines allant de 18 à 30 ans de prison.
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