Mois Sans Tabac : témoignage d’un fumeur invétéré

Ce mois de novembre se tient la 8e édition du Mois Sans Tabac. De nombreuses opérations de communication sont menées afin d’inciter les fumeurs à arrêter de fumer pendant 30 jours. Un challenge que JTSC (notre fumeur tient à garder l’anonymat) ne relèvera pas cette année. Désabusé, il nous explique pourquoi.

« Le tabac tue », cela est bien inscrit sur le paquet de 25 cigarettes de JTSC mais durant nos trente minutes d’entretien, ce sexagénaire, très disert, qui exerce une activité commerciale en région parisienne, en fumera trois. La cigarette et lui, c’est une histoire qui a commencé il y a 50 ans.

« J’ai démarré, j’avais 18 ans. D’abord avec une cigarette, puis un paquet par mois. Le service militaire n’a pas arrangé les choses. A l’époque, à l’armée on recevait tous les mois une cartouche de cigarettes gratuite plus celles des copains qui les revendaient pour 2 francs. Et ainsi de suite, on passe à un paquet pour 3 semaines, puis pour 2 semaines, un paquet la semaine et après un paquet tous les 4 jours, les 3 jours et enfin 1 par jour. Ensuite le manque vient pour 2 paquets par jour. Le besoin est généré souvent par le stress, la vie parisienne où l’on court beaucoup dans les transports, les habitudes s’installent et on ne peut plus lâcher … »

JTSC a pourtant essayé d’arrêter l’engrenage du tabagisme plusieurs fois :

« J’ai essayé à quatre reprises, j’ai fait les patchs, l’acupuncture et l’hypnose. Avec les patchs j’ai repris au bout de trois mois. Cela a bien fonctionné mais il ne faut avoir aucun fumeur à côté de soi. L’odeur de la cigarette et boum on repart. Avec l’acupuncture, cela m’a bien calmé, bien détendu mais cela n’a pas eu l’effet escompté. Avec l’hypnose cela n’a pas été assez puissant, au bout de 3h j’ai pris ma cigarette… Actuellement j’en suis à un paquet par jour. Je fais un contrôle des poumons tous les deux ans. Pour le moment, il n’y a pas de problème mais on m’encourage à me sevrer ».

S’il n’a pas eu de pathologies trop graves, JSTC souffre d’un adénome prostatique dont il va être opéré prochainement pour la troisième fois. Un adénome provoqué à 50% par son tabagisme.

Une addiction qui coûte cher

Sur le plan économique cette addiction au tabac coûte cher et même très cher. JTSC paie son paquet de gauloises 11,40 euros. Cela représente un budget de 300 euros par mois et ajoute-t-il avec humour : « Si je ne suis pas trop stressé sinon la facture grimpe et comme mon épouse fume aussi, la note globale est de 600 euros. » Il souligne que pour d’autres fumeurs la note est encore plus salée car certains paquets de cigarettes coûtent 14 euros.

« Évidemment, tous les matins je me dis quand je vais-je m’arrêter et je prends ma cigarette ! »
Selon ce gros fumeur, la seule solution pour arrêter serait d’être dans un lieu où il n’y a pas de bureau de tabac durant au moins un mois, ou encore un sevrage obligatoire dans un hôpital.
JSTC est suivi par son médecin qui lui a prescrit plusieurs fois des patchs. Cela fonctionne mais il finit toujours par succomber.
Il aussi essayé la cigarette électronique sans succès.
Il reprend une autre cigarette, sa troisième : « Je finirai bien par arrêter un jour, la pression financière peut-être, pour gâter davantage les petits-enfants. Pour l’instant, c’est ma bouffée d’oxygène conclut-il en riant ».

Le nombre de fumeurs âgés de 18 à 75 ans en France est estimé à 15 millions dont 12 millions de fumeurs quotidiens. Des chiffres qui sont stables depuis 2019, est-il indiqué par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

Mais le tabac demeure un tueur redoutable. En France, on comptabilise 75 000 décès par an, cela représente 13% des décès enregistrés et 200 morts par jour.