Tensions à la marina de Degrad des  Cannes suite à la fermeture du ponton principal

Le cadenas a été posé lundi et condamne l'accès au ponton. La décision du Grand Port Maritime de Guyane a été affichée sur lr portillon
La décision a été prise par le Grand Port Maritime de Guyane. Les opérateurs touristiques regrettent de ne pas avoir été consultés et sont inquiets pour l'avenir de la marina. Une réunion est prévue début janvier au Comité du tourisme de la Guyane.

Un portail cadenassé. Voilà ce qu’a trouvé ce lundi 30 décembre Laurence Tourmen de la société Tropic Alizés en se rendant à la marina de Degrad des Cannes à Rémire-Montjoly. La fermeture de l’accès au ponton principal a été décidée par le Grand port maritime, en charge de la gestion de la marina depuis 2013. « J’ai été convoquée le 2 décembre dernier, indique la professionnelle du tourisme. Le Grand Port Maritime m’a demandé de ne plus utiliser le ponton parce que les piliers tout au bout étaient fragilisés. On m’a demandé d’utiliser l’autre ponton, à gauche de la cale. Sauf que celui-là est utilisé par des pêcheurs et nous n’avons pas la place. » Autre problème relevé par Laurence Tourmen : la cale n’offre pas un accès sécurisé aux passagers, notamment à marée montante.

Pour les opérateurs touristiques, les solutions proposées ne sont pas approriées

La fragilité du ponton révélée par une étude il y a deux ans

Les premiers jours, la gérante de Tropic Alizés a fait passer ses passagers deux par deux sur ledit ponton. « L’étude qui montre la fragilité du ponton date d’il y a deux ans. Pourquoi rien n’a été fait depuis ? » s’interroge Laurence Tourmen.

Dimanche, elle a envoyé un mail au Grand Port Maritime, en répétant ses interrogations. La cheffe d’entreprise est allée plus loin en demandant à l’instance si elle n’avait pas, tout simplement, l’intention de faire disparaître cette marina. Sa question est motivée par le projet qui lui a été présenté début décembre par le Grand Port Maritime et dans lequel le ponton disparaît vraisemblablement. « A cette réunion, on m’a surtout dit que la vocation du port était commerciale et pas d’être un port de plaisance, fulmine Laurence Tourmen. Je ne comprends pas très bien parce que dans le même temps, je sors de plusieurs réunions sur le nouveau schéma touristique 2025-2035 ou on me parle de tourisme bleu, tourné vers la mer ! »

Une solution qui ne convient pas

Pour Laurence Tourmen, la pose du cadenas est une conséquence de son mail. Il faut dire qu’il a été installé le lendemain de l’envoi de son courrier électronique. Dans ce dernier, elle demandait une décision écrite. Celle-ci a été apposée au même endroit que le cadenas. « On me demande, en plus de ne plus amarrer mes bateaux là. On me demande de les mettre à l’ancre hors de la zone de la marina. Mais c’est dangereux à la fois pour les bateaux et les personnes parce qu’il y a un risque de décrochage à cause de la vase. »

Selon une étude d'il y a deux ans, les piliers du ponton sont fragilisés

Un sentiment d’abandon

Depuis la pose du cadenas sur le ponton, un agent de sécurité veille à ce que personne ne s’y aventure. Unique prestataire à assurer la liaison avec l’Îlet La Mère, la gérante de Tropic Alizés est dépitée. « J’ai l’impression qu’on a laissé pourrir cette infrastructure… » Pour illustrer ses propos, elle désigne les locaux qui ont abrité il y a un temps des sanitaires. Désormais, ils semblent squattés, malgré les portes arrachées et l’état de délabrement avancé de l’ensemble.

Un courrier adressé au préfet

Dans un courrier adressé au préfet de Guyane, Stefan Olicher, délégué régional de l’Unidec (Union nationale de l’intersyndicale des enseignants de la conduite, NDLR), se plaint de la non-consultation des utilisateurs du ponton, dont il fait partie avec ses bateaux école. « Nous comprenons que des décisions administratives puissent être nécessaires pour répondre à des impératifs de sécurité ou autres obligations. Toutefois, une gestion plus inclusive et transparente aurait pu éviter cette situation.  C’est pourquoi je sollicite aujourd’hui un éclaircissement urgent concernant les motifs de cette fermeture ainsi que la mise en place rapide de mesures pour limiter les impacts sur nos activités. »

En arrière-plan, le ponton où les opérateurs doivent désormais accoster

Nous avions de superbes installations mais encore une fois nous voyons les choses se dégrader

Stefan Olicher, délégué régional de l'Union nationale de l’intersyndicale des enseignants de la conduite

Stefan Olicher dresse le même constat que la gérante de Tropic Alizés : « Il est regrettable de ne pas maintenir ces installations en conformité. C’est la seule marina de l’Île de Cayenne. Au fur et à mesure des dégradations le Grand Port Maritime de Guyane démonte les installations à défaut de les réparer.»

Une réunion début janvier

Ce mardi, dans un communiqué, le Comité de tourisme de la Guyane se fait l’écho des professionnels. Dans ce qui semble être une volonté d’apaisement, le président, Jean-Luk Le West propose de réunir toutes les parties impliquées le 9 janvier à 14 heures. L’élu rappelle, comme un écho aux opérateurs touristiques, que le schéma territorial de développement du tourisme et des loisirs de la Guyane pour la période 2025-2035 « place le tourisme bleu et l’aménagement parmi les piliers du développement des filières touristiques. Il est impératif que tous les acteurs impliqués fassent preuve de coopération et de responsabilité pour assurer le bon déroulement des discussions et trouver une issue constructive à cette situation. »

Contacté par nos soins, le Grand Port Maritime préfère attendre l’issue de la réunion voulue par le Comité de tourisme pour communiquer sur le sujet.