"Mon nom est Copena", un livre jeunesse de Marie George Thébia

Éditer un livre pour la jeunesse qui se rapporte à l'histoire de l’esclavage en Guyane. Une belle idée que Marie George Thébia, historienne et écrivaine a su mettre dans ses mots. Elle a choisi de raconter sous forme romancée la jeunesse de l'esclave marron Copena. 
Marie George Thébia ne dévie pas de sa route. Celle d'une femme passionnée d'histoire avec un grand H, habitée par l'écriture qui veut jouer à plein temps son rôle de transmission du savoir. C'est avec enthousiasme et détermination qu'elle s'est lancée dans l'écriture d'un roman jeunesse sur l'esclavage. Dans la démarche de l'écrivaine, la grande mobilisation guyanaise de Mars et Avril 2017 a été un élément catalyseur. Elle a voulu répondre au besoin identitaire profond exprimé par la population. Elle a fait le constat qu'il existait peu ou pas d'ouvrages littéraires sur l'histoire de la Guyane pour les plus jeunes notamment les collégiens. L'auteure s'est donc lancée, accompagnée par l'éditeur Plume verte, et a fait le choix d'imaginer la jeunesse d'un esclave sur lequel, les historiens ont peu écrit. Il s'agit de Copena, un des esclaves rebelles surnommés "Les marrons de la montagne Plomb" vers 1742. Cet esclave marron est mort supplicié devant sa femme.
 

Un jeune esclave dans l'habitation Léris

Marie George Thebia ose, au risque de déplaire, et imagine la jeunesse de Copena. Elle le décrit comme un jeune garçon facétieux, gourmand, il a les dents gâtées par le sucre qu'il subtilise régulièrement dans les réserves du maître. Un maître qui l'a prénommé Evariste. Punitions et remontrances de sa mère, de sa grand-mère n'y font rien. Evariste n'en fait qu'à sa tête. Il est l'ami d'Alexandre le fils du maître. Il entretient avec lui une complicité singulière que la relation d'esclave à maître ne parvient pas à gâcher, jusqu'à ce que le cours des événements l'amène brutalement à une prise de conscience qui le guide vers le chemin de la liberté.


Le chemin de la liberté et de l'africanité

Le jeune esclave Evariste a une grand-mère Wema née en Afrique. Elle a un pouvoir magique celui de lui faire découvrir, en posant ses mains sur sa tête, l'Afrique, le pays des lions. Wema, la seule esclave bossale de l'habitation surnommée Rose par le maître raconte à Evariste, l'Afrique, les dieux, la forêt et l'histoire de sa lignée. Comme son grand-père, son père, il s'appelle Copena.
Copena face à l'adversité va endosser cet héritage africain, va sentir dans ses veines la force du guerrier qu'il aurait du être. Le moment venu, il partira sans se retourner dans la forêt hospitalière loin des atrocités de sa conditions d'esclave.


Marie George Thébia et le devoir de transmission

L'écrivaine Marie-George Thébia chez elle
Le propos de l'écrivaine est d'amener, tout comme l'esclave Wema le fait avec son petit fils Copena, les jeunes Guyanais à s'interroger sur leurs origines africaines et de fait, à la période esclavagiste. Cette histoire romancée d'un jeune garçon de leur âge au 17è siècle, à travers lequel ils peuvent s'identifier, doit les faire cheminer sur l'histoire de l'esclavage en Guyane. Cette histoire courte, bien rythmée, joliment illustrée par Marie Verwaerde happe le lecteur dès les premières lignes. Les dernières pages consacrées à quelques rappels de faits historiques à la fin permettent d'approfondir le sujet. 
Ce livre sort pendant le mois de la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Ce n'est pas un hasard.
"Mon nom est Copena" est le premier livre d'une série de quatre que Marie George Thébia doit écrire pour la collection jeunesse de l'éditeur plume verte. La prochaine histoire sera celle d'une petite amérindienne.

L'interview de Marie George Thébia