Nager des îles du Salut à Kourou : un pari relevé et réussi par les jeunes du programme Handi'Cap sur l'Amazonie

Ils ont nagé en relais, accompagné de trois nageurs valides et de bateaux pour la sécurité.
Un projet du programme Handi'Cap sur l’Amazonie, avec l’académie Philippe Croizon, qui prépare des jeunes pour le haut niveau au CREPS de Vichy.

Il est 5h19, quand les nageurs se sont élancés dans la nuit pour relever le défi : d’abord toucher les rochers de l’île Saint Joseph puis nager ensemble jusqu’à Kourou :

Quentin : "Ils vont faire des relais toutes les 30 minutes, des groupes de 4 nageurs vont se remplacer. Deux groupes de niveau ont été faits au sein de l'académie"

Âgés de 14 à 23 ans, les sept athlètes en situation de handicap s’entraînent à l’académie Philippe Croizon au Creps de Vichy. Natasha Kuhni est malvoyante, elle nage avec une personne valide, pour la guider. Une demi-heure d’effort puis c’est la pause. Chaque jeune est amené sur un bateau dédié pour récupérer :

Natasha : "La partie la plus impressionnante c'est quand nous avons nagé alors qu'il faisait nuit noire. C'est une première pour moi et ne rien voir c'était très angoissant. Mais cela donne des sensations très différentes et c'était vraiment super."

Le Kouroucien Jean-Rowane Chocho est atteint d’une maladie qui limite l’usage de ses jambes. À 23 ans, l’ancien vice champion de France d’aviron se consacre désormais au paracyclisme. Il a aussi un passé de nageur de haut niveau :

Jean-Rowane : "Nous sommes sur un gros effort, donc l'intensité est énorme. Nous avons commencé à 5h20 depuis l'île Saint Joseph avec de très forts courants sur 3 km. Nous avons fait plus de la moitié et avons hâte que cela se termine."

Une « traversée de la liberté » riche de sens

Les nageurs reçoivent le soutien des rameuses de l’équipe « Amazone ». Après sept heures et quarante et une minutes d’effort, les athlètes arrivent à la pointe des Roches, à Kourou où ils ont été accueillis, notamment, par les élèves du collège Antoine Sylvère Félix de Soula.

Natasha : "Moi cela m'a permis de dépasser mes limites et de comprendre que j'étais plus forte que je ne le pensais... C'est une super belle expérience."

Selam : " A la fin et au début, avec les vagues, on faisait un peu de sur place. De tout cela je retiens de la solidarité de tout le monde."

Jean-Rowane : " Dans la vie, même s'il y a des hauts et des bas, il ne faut pas lâcher, et peu importe nos différences, il faut pouvoir avancer."

Le programme « Handi’Cap sur l’Amazonie » a choisi comme point de départ l’île Saint Joseph, l’ancien quartier disciplinaire des bagnards. Une « traversée de la liberté » riche de sens :

Arnaud : " En situation de handicap, on peut considérer le corps comme une prison et là c'est comme s'évader de cette prison. Et les voir s'évader, dans la joie et la bonne humeur, avec une arrivée comme celle-ci à Kourou, c'est vraiment incroyable."

L’ex ministre de la justice Christiane Taubira était elle aussi là pour accueillir les nageurs. Parmi ces athlètes, certains ne sont pas loin des minimums pour participer aux jeux para-olympiques de Paris l’an prochain, d’un rêve à l’autre, sans se fixer de limite.