La série Narco-Saints fait scandale au Surinam. Le gouvernement surinamais veut porter plainte, l’ambassade coréenne demande à ses ressortissants d’être prudents, la population est divisée entre colère et acceptation…Rien ne va plus. Il faut dire que cette série coréenne, basée sur une histoire vraie retrace en six épisodes la traque d’un seigneur de la drogue nommé Jo Bong Haeng, renommé Jeon Yo Hwan et joué par Hwang Jung Min dans la série.
"Jo" aurait créé un trafic international de vente de stupéfiants avec le cartel de Cali, le plus grand cartel de la drogue d'Amérique latine, dans les années 1990 alors qu'il était au Surinam. Son entreprise s'est développée rapidement et a été placée sur la liste de surveillance d'Interpol en 2005.
Les infiltrés
Les autorités prévoyaient de l'arrêter en 2007 et ont approché l'une de ses victimes pour coopérer, l'informateur K. Ce dernier a accepté de coopérer et a été chargé d'infiltrer l’organisation en tant que trafiquant de drogue. Une infiltration qui a permis l’arrestation de la tête pensante du réseau en 2009, dans le cadre d'une enquête conjointe de la Corée du Sud, du Brésil et des États-Unis. "Jo" a été extradé vers la Corée du Sud à la demande des autorités coréennes et condamné à 10 ans de prison et à une amende de 100 millions de wons en 2011. Le baron de la drogue Jo Bong Haeng est décédé en Corée du Sud il y a 6 ans.
La série s’ouvre sur un texte affirmant que de vrais événements inspirent le récit, l’histoire, bien que basée sur des événements réels, est fortement dramatisée. Les noms et détails de certains personnages sont romancés. Narco-Saints a été tourné en République dominicaine et en Corée du Sud, plus précisément sur l'île de Jeju. Paramaribo, la capitale, est gérée par des gangs. Le Surinam est bordé par de magnifiques plages paradisiaques. Le baron de la drogue traqué est pasteur d’une grande église évangélique. Il entraine ses fidèles à être des mules. Le président de la République du Surinam, appelé "Delano" est un de ses fervents adeptes, et reçoit de nombreux cadeaux hors de prix. Les morts se succèdent.
Une image dégradée selon le Surinam
Une image du Surinam qui a du mal à passer auprès du pays. Le ministre Albert Ramdin des Affaires étrangères, du Commerce international et de la Coopération internationale (Bibis), le 14 septembre a décidé de réagir. Dans une interview avec des journalistes locaux, Ramdin a indiqué que son ministère ouvrait une enquête et consultait des avocats sur les mesures juridiques pouvant être prises contre la série télévisée. "Le contenu et l'affichage des intentions liées au trafic de drogue ne conviennent pas à notre pays", a déclaré le ministre.
En plus des poursuites judiciaires, le ministère enverra également des lettres de protestation aux fabricants et au gouvernement sud-coréen "le simple fait qu'un tel documentaire soit réalisé sur la base de notre passé troublé indique clairement l'image négative dont notre pays a joui".
Le gouvernement a l'intention de faire tout ce qui est en son pouvoir pour changer cette image négative pour le mieux..."même s’il s’agit d’une mafia sud-coréenne, le drama décrit le pays comme une «tanière de la drogue», ce qui est différent de la réalité..", a déclaré Ramdin..
Une série à succès
Le drama "Narco-Saints" sorti le 9 septembre, est classé au Top 5 du classement hebdomadaire mondial des séries télévisées non anglophones du service de streaming américain Netflix. Les feux des projecteurs sont désormais braqués sur le Surinam.