"Nou gon ké sa" c’est le titre d’un livre d’un collectif d’auteurs paru aux éditions Rymanay. Ce recueil de nouvelles est sorti il y a un an. Des histoires qui mettent en scène des situations, des personnages, avec en toile de fond les mouvements sociaux de mars-avril 2017.
Mars-avril 2017 est dans toutes les mémoires. Ce mouvement historique a bouleversé la Guyane. Les éditions Ryminay ont décidé d’immortaliser ces moments, de les figer en quelque sorte, grâce à un collectif d’auteurs. Certains ont analysé, d’autres ont raconté une histoire, une fiction, en s’inspirant de leur propre vécu.
Aujourd'hui, avec le recul, il est possible d’analyser ce grand réveil collectif. Au-delà de l’aspect politique et social, la Guyane et ses populations ont vécu deux mois intenses où les émotions et les ressentis étaient poussés à l’extrême. Des individus de tous horizons sont sortis de force, de leur léthargie, de leur zone de confort, obligés de réinventer leurs vies durant deux mois.
Tout le monde a une histoire à raconter, un sens à donner à ce mouvement. Le temps d’un instant, un lien s’est créé, justifiant l’appartenance au pays Guyane.
Ils sont neuf auteurs, neuf auteurs à y avoir collaboré. Des historiens tels Serge Mam Lam Fouck et Jean Moomou qui ont tenté de comprendre et d’analyser les racines de la mobilisation. C'est le préambule : comprendre les racines du mal.
Des auteurs connus Joël Roy, Claudine Jeantet, France Nay, et bien d’autres, eux, ont laissé leur imagination vagabonder… Les nouvelles sont inégales dans leur trame, mais elles mettent en scène des situations insolites...
Les barrages, qui ont bloqué les portes des métropoles, sont omniprésents dans ces récits, symbolisant les événements.
Et il y avait une vie, sur ces barrages ! Des histoires se sont nouées, une organisation s'est créée. Durant deux mois, un petit microcosme s'est établi avec un Président et des ministres.
Les nouvelles se succèdent. L'imaginaire se livre...
L'imaginaire ? : la descente aux enfers de deux jeunes qui s’ennuient, ils ne peuvent pas étudier, ils commettent l’irréparable qui changera à jamais leur destin ...
Les grandes discussions souvent visionnaires à 1h du matin, la nuit sur les barrages : on refait le monde et un homme arrive, un soir, un prophète... Il parlera.
Le désespoir d’un homme pour qui ce mouvement n’est qu’un obstacle, face à la déchéance de sa compagne, les barrages n' arrêtent pas la jeune femme, l'appel du crack est plus fort, il ne la reverra jamais...
Ou encore les tribulations de Mano le fugueur, qui tombe nez à nez avec son père sur un barrage. Oooooh ....Il ne faut pas le dire à maman...
Autant d’histoires qui interpellent le lecteur. A son tour, il s’interroge sur son expérience des mouvements sociaux de mars-avril 2017, qui décidément, ont laissé bien des traces.
« Nou gon ké ça » aux éditions Rymanay
Retrouvez la version vidéo :
- «Nou gon ké ça » est un livre détonnant dans la littérature Guyanaise, comment est née cette idée ?
-FL : Mars-Avril 2017 ont révélé des élans de solidarités d’une rare ampleur. Chacun réfléchissait de son côté à la façon de participer concrètement à la marche de l’histoire, beaucoup communiquaient via les réseaux sociaux. Dans un premier temps l'idée m’est parvenue de cette façon par un auteur. La proposition nous a paru pertinente puisqu'elle collait à l’actualité. Dès lors nous avons transmis l’information aux auteurs guyanais susceptibles d’être intéressés.
- Comment avez-vous choisi les auteurs ?
FL : Nous avons envoyé un courriel commun aux auteurs dont nous avions fait la connaissance lors des diverses rencontres littéraires proposées sur le territoire. Certains d’entre eux ont répondu favorablement au projet. Il nous restait à recevoir les nouvelles, les témoignages, les textes…Après lecture de leur proposition, travail de réécriture pour certains afin d’avoir la qualité attendue, nous avons confirmé par contrat cette collaboration, seuls deux textes ne répondaient pas aux critères exigés et ont été refusés. Parmi les critères : le consensus total entre les contributeurs fut aussi pris en compte..
- Ont-ils des points communs, à l’exception bien sûr des mouvements sociaux de mars-avril 17 et de vivre en Guyane ?
FL : Chaque auteur a sa personnalité, son style, certains se connaissent, d'autres se sont découverts. Leur trait d’union pourrait être le désir de participer au développement d’une jeune maison d’édition, ou encore celui d’être engagé dans une démarche d’écriture collective autour d’un thème d’intérêt général, voir de relever un challenge…
- Le livre est sorti très rapidement après les événements, comment a-til été perçu ?
FL : Le livre était en effet attendu ne serait-ce que par les auteurs eux-mêmes qui voulaient un aboutissement concret de l’effort collectif d’écriture. Largement plébiscité lors du Salon International du Livre de Paris, nous en envisageons la réédition en 2019. Une partie du public lecteur a eu une petite retenue face à l’arrivée rapide de l’ouvrage "Nou Gon Ké Sa !" tant l’actualité restait vivace dans leur esprit. Aujourd’hui, la distanciation temporelle et les problématiques imposées et révélées par les mouvements sociaux de mars-avril 2017 permettent de dire que l’ouvrage sera une référence populaire intemporelle.
- Au-delà de l’aspect éditorial , pourquoi avoir sorti un tel livre, presque d’actualité finalement ?
FL : La littérature, l’écriture, doit de plus en plus correspondre à l’histoire présente, ce qui est presque antinomique mais qui pointe les paradoxes de nos sociétés. Tout va très vite, les conséquences des actions ou des inerties sont parfois déterminantes et échappent à la réflexion populaire. L’actualité ne doit pas être l’apanage de techniciens de quelque domaine que ce soit mais un espace de partage de la mémoire et des sentiments afin de permettre à la création littéraire de révéler des talents et au citoyen lambda de comprendre… Les livres d’histoires sont écrits par des historiens, des académiciens, des universitaires et sont lus par un faible pourcentage (qui ne cesse de diminuer) de la population. Un tel livre offre par le biais de nouvelles, d’une satire et la proposition essayiste "osons la Guyane" un espace d’expression lisible par le plus grand nombre.
- Vous êtes une toute jeune maison d’édition , quels sont vos objectifs ?
FL : Il s’agit avant tout de sortir des sentiers battus avec une ligne éditoriale autour de collections telles que "Grands Destins" - Patrimoines des Territoires" - PIKINBUBU- etc.. Nous souhaitons aussi donner ou de redonner au plus grand nombre l’envie de lire en proposant des thématiques grand public, proches des vécus ainsi qu’une typographie facilitant la lecture. Nous souhaitons à terme, mettre à l’honneur les différentes langues parlées en Guyane et développer une gamme de produits papeterie sous le label "Mon Petit Touloulou !" (INPI). Nous en avons d’ailleurs offert à quelques établissement de Cayenne par le biais de la PEEP. Nous espérons que ceux-ci joueront le jeu et l’inscriront à l’unisson comme cahier du jour sur les listes scolaires de la rentrée 2019. Nous souhaitons donner à la population l’envie de lever la tête et de dire nous aussi "…WE CAN !", de développer une certaine solidarité économique afin d’avancer par nous-mêmes.
Comment arrivez-vous à survivre à l’ère du numérique ?
FL : Nous y survivons tout comme l’ère numérique survit d’ailleurs au papier. Fort heureusement, ordinateurs, tablettes, liseuses et autres supports de stockage de données ne peuvent réellement concurrencer le plaisir des sens qu’offre le livre que l’on peut caresser du regard, feuilleter, partager, offrir, emprunter ou oublier intentionnellement …
Le grand réveil
Aujourd'hui, avec le recul, il est possible d’analyser ce grand réveil collectif. Au-delà de l’aspect politique et social, la Guyane et ses populations ont vécu deux mois intenses où les émotions et les ressentis étaient poussés à l’extrême. Des individus de tous horizons sont sortis de force, de leur léthargie, de leur zone de confort, obligés de réinventer leurs vies durant deux mois.
Tout le monde a une histoire à raconter, un sens à donner à ce mouvement. Le temps d’un instant, un lien s’est créé, justifiant l’appartenance au pays Guyane.
Neuf auteurs
Ils sont neuf auteurs, neuf auteurs à y avoir collaboré. Des historiens tels Serge Mam Lam Fouck et Jean Moomou qui ont tenté de comprendre et d’analyser les racines de la mobilisation. C'est le préambule : comprendre les racines du mal.
Des auteurs connus Joël Roy, Claudine Jeantet, France Nay, et bien d’autres, eux, ont laissé leur imagination vagabonder… Les nouvelles sont inégales dans leur trame, mais elles mettent en scène des situations insolites...
Les barrages, qui ont bloqué les portes des métropoles, sont omniprésents dans ces récits, symbolisant les événements.
Et il y avait une vie, sur ces barrages ! Des histoires se sont nouées, une organisation s'est créée. Durant deux mois, un petit microcosme s'est établi avec un Président et des ministres.
Imagination ou vécu ?
Les nouvelles se succèdent. L'imaginaire se livre...L'imaginaire ? : la descente aux enfers de deux jeunes qui s’ennuient, ils ne peuvent pas étudier, ils commettent l’irréparable qui changera à jamais leur destin ...
Les grandes discussions souvent visionnaires à 1h du matin, la nuit sur les barrages : on refait le monde et un homme arrive, un soir, un prophète... Il parlera.
Le désespoir d’un homme pour qui ce mouvement n’est qu’un obstacle, face à la déchéance de sa compagne, les barrages n' arrêtent pas la jeune femme, l'appel du crack est plus fort, il ne la reverra jamais...
Ou encore les tribulations de Mano le fugueur, qui tombe nez à nez avec son père sur un barrage. Oooooh ....Il ne faut pas le dire à maman...
Autant d’histoires qui interpellent le lecteur. A son tour, il s’interroge sur son expérience des mouvements sociaux de mars-avril 2017, qui décidément, ont laissé bien des traces.
« Nou gon ké ça » aux éditions Rymanay
Retrouvez la version vidéo :
Francette Lucenay une éditrice engagée
Francette Lucenay est à l'origine de cet ouvrage. Elle est responsable d'une toute jeune maison d'édition Guyanaise "Rymanay". Elle a répondu à nos questions.- «Nou gon ké ça » est un livre détonnant dans la littérature Guyanaise, comment est née cette idée ?
-FL : Mars-Avril 2017 ont révélé des élans de solidarités d’une rare ampleur. Chacun réfléchissait de son côté à la façon de participer concrètement à la marche de l’histoire, beaucoup communiquaient via les réseaux sociaux. Dans un premier temps l'idée m’est parvenue de cette façon par un auteur. La proposition nous a paru pertinente puisqu'elle collait à l’actualité. Dès lors nous avons transmis l’information aux auteurs guyanais susceptibles d’être intéressés.
- Comment avez-vous choisi les auteurs ?
FL : Nous avons envoyé un courriel commun aux auteurs dont nous avions fait la connaissance lors des diverses rencontres littéraires proposées sur le territoire. Certains d’entre eux ont répondu favorablement au projet. Il nous restait à recevoir les nouvelles, les témoignages, les textes…Après lecture de leur proposition, travail de réécriture pour certains afin d’avoir la qualité attendue, nous avons confirmé par contrat cette collaboration, seuls deux textes ne répondaient pas aux critères exigés et ont été refusés. Parmi les critères : le consensus total entre les contributeurs fut aussi pris en compte..
- Ont-ils des points communs, à l’exception bien sûr des mouvements sociaux de mars-avril 17 et de vivre en Guyane ?
FL : Chaque auteur a sa personnalité, son style, certains se connaissent, d'autres se sont découverts. Leur trait d’union pourrait être le désir de participer au développement d’une jeune maison d’édition, ou encore celui d’être engagé dans une démarche d’écriture collective autour d’un thème d’intérêt général, voir de relever un challenge…
- Le livre est sorti très rapidement après les événements, comment a-til été perçu ?
FL : Le livre était en effet attendu ne serait-ce que par les auteurs eux-mêmes qui voulaient un aboutissement concret de l’effort collectif d’écriture. Largement plébiscité lors du Salon International du Livre de Paris, nous en envisageons la réédition en 2019. Une partie du public lecteur a eu une petite retenue face à l’arrivée rapide de l’ouvrage "Nou Gon Ké Sa !" tant l’actualité restait vivace dans leur esprit. Aujourd’hui, la distanciation temporelle et les problématiques imposées et révélées par les mouvements sociaux de mars-avril 2017 permettent de dire que l’ouvrage sera une référence populaire intemporelle.
- Au-delà de l’aspect éditorial , pourquoi avoir sorti un tel livre, presque d’actualité finalement ?
FL : La littérature, l’écriture, doit de plus en plus correspondre à l’histoire présente, ce qui est presque antinomique mais qui pointe les paradoxes de nos sociétés. Tout va très vite, les conséquences des actions ou des inerties sont parfois déterminantes et échappent à la réflexion populaire. L’actualité ne doit pas être l’apanage de techniciens de quelque domaine que ce soit mais un espace de partage de la mémoire et des sentiments afin de permettre à la création littéraire de révéler des talents et au citoyen lambda de comprendre… Les livres d’histoires sont écrits par des historiens, des académiciens, des universitaires et sont lus par un faible pourcentage (qui ne cesse de diminuer) de la population. Un tel livre offre par le biais de nouvelles, d’une satire et la proposition essayiste "osons la Guyane" un espace d’expression lisible par le plus grand nombre.
- Vous êtes une toute jeune maison d’édition , quels sont vos objectifs ?
FL : Il s’agit avant tout de sortir des sentiers battus avec une ligne éditoriale autour de collections telles que "Grands Destins" - Patrimoines des Territoires" - PIKINBUBU- etc.. Nous souhaitons aussi donner ou de redonner au plus grand nombre l’envie de lire en proposant des thématiques grand public, proches des vécus ainsi qu’une typographie facilitant la lecture. Nous souhaitons à terme, mettre à l’honneur les différentes langues parlées en Guyane et développer une gamme de produits papeterie sous le label "Mon Petit Touloulou !" (INPI). Nous en avons d’ailleurs offert à quelques établissement de Cayenne par le biais de la PEEP. Nous espérons que ceux-ci joueront le jeu et l’inscriront à l’unisson comme cahier du jour sur les listes scolaires de la rentrée 2019. Nous souhaitons donner à la population l’envie de lever la tête et de dire nous aussi "…WE CAN !", de développer une certaine solidarité économique afin d’avancer par nous-mêmes.
Comment arrivez-vous à survivre à l’ère du numérique ?
FL : Nous y survivons tout comme l’ère numérique survit d’ailleurs au papier. Fort heureusement, ordinateurs, tablettes, liseuses et autres supports de stockage de données ne peuvent réellement concurrencer le plaisir des sens qu’offre le livre que l’on peut caresser du regard, feuilleter, partager, offrir, emprunter ou oublier intentionnellement …