Le nouveau roman de Catherine Le Pelletier : Pastel Bélem ou Brésil Vanille, une histoire d'amour brésilienne sur fond d'emprise et de trahisons

« Pastel de Belém ou Brésil Vanille », ce sont les titres du dernier roman de Catherine Le Pelletier. L’un est édité en portugais, l’autre en français. Deux langues, une même histoire. Amour, désir et trahisons, la complexité et les dérives du sentiment amoureux sous le soleil brésilien.
Cela aurait pu être un thème d’épreuve de philosophie au baccalauréat. Doit-on tout accepter par amour ? Comment ne pas confondre amour et possession ?  Qu’est-ce que l’amour ?
Pastel de Bélem ou Brésil Vanille le dernier livre de Catherine Le Pelletier disserte sur ces thèmes complexes. L’amour est-il synonyme de passion ?  La passion se vit-elle dans l’amour ? Où est la frontière entre l'emprise et la passion ?

Une femme raconte son amour

Le dernier roman de Catherine Le Pelletier écrit à la première personne, est résolument contemporain. Luciana raconte un amour, son amour : la rencontre, la naissance du désir et de la passion, le juste équilibre amoureux, la lente et inexorable fuite des sentiments jusqu’au désamour empoisonné.
C’est aussi une histoire de petite mort, la mort non pas de l’amour mais de l’illusion renvoyée par l’amour, lorsque le masque tombe et que l’emprise et la dépendance d’un des deux conjoints apparaissent. La séduction, laisse la place à l’inconstance des émotions. 
L’originalité de cette fiction est qu’elle a pour théâtre le Brésil. D’ailleurs, ce livre a été édité en portugais au Brésil par les éditions Pontés. La version française est venue après. Une commande faite à l’auteur 
Catherine Le Pelletier commente :

« C’est un ouvrage qui se situe au Brésil, j’ai eu cette proposition d’un éditeur basé à Sao Paulo. Il est d’abord sorti au Brésil puis la version française est venue après. L’ouvrage a d’abord été publié en portugais. J’ai voulu faire un accompagnement sur internet, avec un tirage très faible en version papier en  français. »


Gastronomie et poésie

Luciana est critique gastronomique, Joao est chef cuisinier. Ces deux là étaient faits pour se rencontrer. Leur amour tumultueux durera quinze ans. La jeune femme énamourée, les yeux pleins de petits coeurs rouges à l'aube de la relation, deviendra au fil des trahisons, une femme aguerrie, une guerrière.
Le grand chef lui, impétueux, fantasque, au verbe haut et fort, son héros, se muera au fil des ans en un homme acariâtre, centré sur lui et ses petites misères. Luciana raconte l’histoire avec recul et émotion. Ce roman est écrit comme un témoignage. 

Harmonie des sens

Le livre est chantant, les mots s’harmonisent comme une partition exaltée. Chaque phrase est une note et enchante les amoureux des belles lettres. Les deux protagonistes célèbrent la cuisine. Les sens et les papilles gustatives du lecteur sont interpellés. Il en vient à humer les arômes et les épices, à sentir les odeurs, à imaginer les plats à l’appellation sensuelle et chantante. Les chapitres s’égrènent.
Luciana démontre les mécanismes, les rouages de sa lente descente aux enfers, ses souffrances, la découverte progressive de l’univers de "son pervers narcissique". Elle dissèque, tel un chirurgien, la relation. Elle est d’abord le miroir dans lequel l’homme aime à se contempler. C’est sa définition de l’amour. Elle ne doit voir que lui. Lui et son univers doivent être les seuls à compter. Joao se nourrit de la tristesse et de la désespérance qu’il suscite. Il est le dominant, celui qui le pouvoir de vie et de mort, le monarque absolu.
  Catherine Le Pelletier ajoute  :  

 « Le harcèlement et l’emprise sont  des  thèmes que l’on le retrouve  partout  aujourd’hui dans les relations de couple, au  travail , avec ses  proches. Cela peut concerner tout le monde et en amour c’est encore  plus présent. J’ai voulu décrire une situation qui peut être considérée  comme générique. Lorsqu’une femme est sous emprise, il lui faut  beaucoup de temps et d’énergie pour en sortir et se retrouver. Cela peut prendre des années malgré toute sa bonne volonté. »


C'est forcément de ma faute

Luciana s’adapte, se fragilise, se flagelle, s’éteint. C’est forcément de "sa faute". Et puis, au fur et à mesure que le schéma relationnel se reproduit, elle entrevoit la réalité de la relation, repère les mécanismes, et choisit la lumière.
Lui Joao, s’exprime également. Il témoigne de la vie intenable qu’elle lui mène. C’est une psychopathe, une jalouse, une mégère qui l’empêche de vivre. Elle ne le comprend pas, ne comprend pas son génie, il n'est pas un simple humain. Il est un homme à part.
Deux témoignages diamétralement opposés et pourtant à travers les lignes, le lecteur comprend que finalement il ne suffit pas d’aimer, il faut aussi apprendre à aimer.

«  C’est le lot de beaucoup de femmes d’être sous emprise. J’ai rencontré beaucoup personnes qui m’ont racontée leur histoire. Les hommes également peuvent subir ces situations, les enfants aussi peuvent être harcelés par leurs proches. J’ai simplement voulu témoigner de ce que peut être une situation de harcèlement dans un couple. Et puis reconquérir sa liberté, se retrouver soi même, est une belle aventure ».Catherine Le Pelletier


La souffrance, purification de l'âme

L’écriture est fine, fleurie, sensuelle. Le récit est aussi profond, ponctué par des réflexions sur l'existence, la nature humaine, le sens du sacrifice parfois. Des réflexions qui font le lecteur se questionner sur sa propre conception du couple et de l’amour. La souffrance, souvent engendre de grandes œuvres, car l’âme se met à nu.
Catherine Le Pelletier souriante :

« Ce livre est aussi une main tendue à tous ceux qui sont en situation d’emprise et de dépendance. Il faut juste décoder les mécanismes. L’amour, le véritable, c’est d’abord le respect de l’autre ».


La version brésilienne forcément chantante, poétique, est émaillée  d’extraits de chansons d’artistes brésiliens Chico BuarqueCaetono Véloso, Tom Jobim... Une version qui sonne comme une bossa nova langoureuse sur la plage de Rio, rythmée par une ode lyrique à la vie et à l’amour. 

"Pastel de Bélem" paru aux éditions Pontés et "Brésil Vanille" de Catherine Le Pelletier
Elle se livre lors d'un entretien accordé à Marie ClaudeThébia :