L’idée d’écrire cette biographie « Armand le bagnard l’éternel évadé » aux éditions Le Cherche midi débute comme un roman d’aventures. L’auteur, André Bendjebbar travaille en 1990 sur les peintres du bagne aux archives du musée Alexandre-Franconie à Cayenne. Il découvre un cahier d'écolier confié aux pères spiritains par un certain Armand Spilers, condamné au bagne en 1925. Il s’agit des mémoires épiques d’Armand Spilers, multi-évadé des prisons françaises.
André Bendjebbar est historien, auteur de nombreux ouvrages. L’histoire de Armand Spilers l’interpelle, le séduit. Il se lance sur les traces de cet homme à la vie rocambolesque. Un voyage qui le mène en Guyane, mais aussi à Lille, Pau, Aix-en-Provence, Caen, Colombie et l'Espagne. Il entreprend des recherches aux archives des prisons et aux archives nationales.
Un génie de l'évasion
Armand Spilers, est né en 1902 à Lille. Apprenti métallurgiste, charretier, serrurier, il devient receleur après l'armistice. Il est arrêté pour dix vols avec recel. Il se fabrique un passe-partout et s'enfuit. C’est le début d’une longue série d’incarcérations et d’évasions. À sa mort en 1980, il aura passé 28 ans en prison.
Incarcéré au bagne de Guyane, sur l'île Royale dès son arrivée, Armand tue un prisonnier qui veut le violer et plaide la légitime défense. Pendant deux ans, il s'achète une conduite. Désinterné dans un camp plus tranquille à Kourou, il organise son évasion, mais échoue. Pendant un an, il sera reclus sur l'île du Diable, une terrible descente en enfer. Passant ensuite de camp en camp, il devient chaland de transport pour l'administration pénitentiaire et organise une nouvelle fois évasion…
Une vie d'aventurier
Avec 5 autres bagnards, il construit un radeau de fortune. Finalement ils ne seront que trois à survivre accostant en Colombie. Il devient Armando Trilero, mais est arrêté et transféré dans une prison colombienne, dont il s'échappe encore…
Franchissant à pied la cordillère des Andes, il traverse le Venezuela, puis navigue vers Cuba, la Jamaïque et Panama, et devient chercheur d'or. Il revient en France en 1935 sous une fausse identité mais rattrapé par la justice, il est placé à la prison de la Santé et... s’évade.
Armand Spilers devient le « roi de l'évasion », Sa réputation fait le tour du monde. Il est attrapé à Pau et devient le prisonnier le plus surveillé de France. Il est condamné à mort le 5 février 1937, mais sera gracié par le président Albert Lebrun. Il meurt le 13 septembre 1980.