Aujourd'hui, les 46 salariés de l'OPRF n'ont pas reçu leur salaire du mois de mai et sont toujours dans le flou quant à leur avenir. Une situation intenable. Pourtant, l'OPRF lors de sa création affichait beaucoup d'ambitions.
C’est en 2014 que nait l’Opérateur public régional de formation (OPRF), fusion entre l’Association pour la formation professionnelle (AFPA), le Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) et Irig Défis. L’OPRF avait pour ambition d’améliorer qualitativement l’offre de formation sur l’ensemble du territoire guyanais en relation étroite avec des organismes existants, comme Pôle emploi.. Reposant sur un effectif de soixante salariés, l’OPRF proposait des formations sécurisées, individualisées et modulaires certifiées par le ministère du Travail. En outre, l’OPRF était sensé offrir un accompagnement à la validation des acquis de l’expérience, ainsi qu’un suivi psychopédagogique.
Cinq ans après, la CRC demande la dissolution
Cinq ans après, en 2019, la Chambre régionale des comptes demande la dissolution de l'Opérateur public régional de formation dans un avis de contrôle budgétaire publié le 20 septembre. Les déficits cumulés dès 2015 entrainent un déséquilibre budgétaire structurel, ne permettant pas à l’établissement d’être concurrentiel par rapport aux opérateurs privés.
Ainsi, jusqu’en 2020, la Chambre Régionale des Comptes (CRC) souligne "l’inadéquation entre les services délivrés et les réels besoins en formation du territoire ainsi que des problématiques budgétaires et déficits importants jusqu’à demander – en septembre 2019 – la dissolution de l’EPIC".
Des déficits cumulés
Pourtant, depuis sa création, la Région puis la CTG mobilisent de nombreux crédits pour un montant total de 38 340 849 € (notamment au titre des compensations de service public). L'équilibre financier de l'organisme de formation, repose principalement sur les dotations versées par la Collectivité territoriale de Guyane. En conséquence, la dissolution de l’établissement, est décidée lors de la séance plénière du 25 février 2022.
Depuis notre investiture, nous avons porté la structure à bout de bras mais les rapports de la CRC qui remettent en cause la performance économique et sociale de cette structure sont sans équivoque
Gabriel Serville président de la CTG
Des salaires non versés
Le 31 mai, une vingtaine de salariés de l'Opérateur Public Régional de Formation (OPRF), s’invitent à l’assemblée plénière de la CTG. Ils ne sont plus payés. La liquidation de l'OPRF est annulée par les conseillers territoriaux. La CTG s'engage dans les prochains jours à verser l'intégralité des salaires des mois d'avril et de mai.
Depuis, les salariés sont toujours en grève, car les salaires du mois de mai n’ont pas été versés, bloqués selon la CTG, pour défaut de signature du directeur de l'OPRF. Une directrice par intérim a donc été nommée pour régulariser la situation. "L’une de ses premières missions sera de faire émettre le titre manuel nécessaire afin de régulariser les salaires non-versés", précise un nouveau communiqué de la CTG. La date de versement des salaires n'est toujours pas définie.
Depuis plusieurs mois, le versement de vos salaires est l’une des préoccupations principales de l’équipe mobilisée […] J’ai donné instruction qu’une somme de 600 000 € soit versée sur le compte de l’OPRF et ce, depuis le mois de mars […] depuis le 1er juin, nos contacts avec la Trésorerie Principale nous indiquent qu’il n’y a qu’un seul obstacle au paiement des salaires de mai, c’est le mandatement manuel qui doit être signé par le directeur pour authentifier la créance de l’OPRG.
Extrait du communiqué du 14 juin 2022 de la CTG.
Un équilibre financier retrouvé selon les grévistes
L'incertitude demeure. La mise en place d'un contrat de sécurisation professionnelle avec la DIECTTE a aussi été annoncée, notamment pour permettre des reconversions. La CTG prévoit le développement d'une nouvelle structure de formation adaptée au territoire.
Les salariés en grève eux, arguent de la bonne santé financière de la structure retrouvée en 2020, confirmée par la CRC. Ils souhaitent que l'OPRF soit maintenu. Mais l'urgence reste les salaires. La grève se poursuit.