Ce n’est que le 22 mai lors du "Before Lindor" que seront dévoilés les noms des premiers lauréats récompensés pour leurs productions durant les années 2022-2023 et le 25 mai le public connaîtra en live sur la scène du Zéphyr la chanson de l’année, la révélation de l’année et la meilleure collaboration de l’année.
Pour cette édition 2024, le jury choisi a travaillé sous la direction d’une artiste, la flûtiste Michaëlle Ngo Yamb Ngan. Une professionnelle de la musique également directrice du Conservatoire de Musique de Danse et Théâtre de Guyane qui a déclaré à propos de l’association : […] Les acteurs visibles et invisibles de cette organisation s’érigent en Veilleurs culturels. Ils provoquent de la plus belle des manières une rencontre entre les publics et la production. Ils reconnaissent et récompensent, ils sont les témoins d’un patrimoine culturel, collectif, contemporain. Ils collectent et archivent. Ils s’obstinent et détectent les pépites qui atteignent, touchent le cœur des guyanais.[…]
Jean-Pierre Karam, le président de Megamazonie, infatigable défendeur de la musique guyanaise se souvient : « Les Lindor ont deux vies. Cela démarre en 1992 avec une émission créée pour RFO. Nous avons réalisé trois éditions dont la dernière avec le fameux saxophoniste auteur-compositeur Gaston Lindor revenu en Guyane accompagné de son épouse. Nous reprenons le concept en 2007 avec l’association Megamazonie. En 2019, la crise sanitaire nous contraint à un arrêt de 3 ans. Nous sommes revenus en 2023 avec quelques difficultés. Heureusement nous sommes accompagnés par les collectivités notamment la CTG sans leur soutien, il serait impossible de continuer. »
La musique urbaine s’affirme comme le premier genre musical en Guyane
Selon Jean-Pierre Karam, la Guyane est un terreau exceptionnel qu’il faut valoriser à tout prix et dans ce domaine la tenue d’un gala comme celui des Lindor s’avère plus que jamais essentiel pour l’avenir :
« Cette cérémonie traduit une vraie réalité de l’évolution musicale en Guyane dans toute la diversité d’un pays en mouvement permanent qui ne cesse de grandir avec ses difficultés mais avec aussi ses forces et sa grande créativité. La musique accompagne tout un chacun dans la vie au quotidien et les artistes n’ont de cesse d’écrire un peu plus, chaque jour, la bande sonore de la musique guyanaise. Cela nous a beaucoup aidés pendant la période du covid. De véritables talents émergent et indéniablement il y a un vrai travail qui est effectué et au regard de ce qu’il se fait dans d’autres territoires de l’Outre-mer français, notre pays est vraiment différent. Nous sommes des continentaux et je crois que cet aspect des choses n’est pas suffisamment pris en compte. Nous avons deux grandes frontières et un mouvement permanent de populations tout cela crée un brassage considérable et inévitablement cela engendre de nouveaux genres musicaux. Les artistes sont en quête permanente de nouveaux sons et de nouvelles mélodies. Je suis personnellement très impressionné par cette authenticité musicale guyanaise. Malheureusement, cette réalité n’est pas suffisamment prise en compte même si je comprends le contexte difficile. Tout le monde le sait maintenant que le premier genre musical en Guyane est la musique urbaine qui se décompose en plusieurs rythmes. La jeunesse qui occupe le terrain, s’investit dans la musique urbaine est en train de bousculer tous les codes. Cela ne vient pas uniquement de Cayenne mais de l’ouest de la Guyane et c’est énorme.
On peut parler de vague musicale. A force de rechercher des sons, des artistes, d’essayer de comprendre ce qui se passe, je dirai
que plus qu’une vague c’est un véritable tsunami musical qui se profile avec des talents considérables. Les écoles de musique publiques ou privées travaillent très bien. Quand je vois ce qui se passent sur les scènes, il y a de quoi être ébloui par tant de talents quel que soit les types d’instruments. Mais il y a aussi les autodidactes qui touchent aux nouvelles technologies et occupent de plus en plus d’espace. Ils renversent la table. »