« La route de l’art, artistes de l’ouest Guyanais » c’est un livre d’art initié par l’association Chercheurs d’art et l’ONF. Ils proposent un voyage au coeur de l'ouest Guyanais à la découverte d'artistes inconnus détenant un savoir ancestral.
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« La route de l’art, artistes de l’ouest guyanais » c’est un livre d’art initié par l’association "Chercheurs d’art" et l’ONF. Ils proposent un voyage artistique dans l’ouest Guyanais en direction de Mana, Awala et Saint-Laurent du Maroni. Un voyage ponctué par des étapes chez des artistes inconnus qui offrent aux visiteurs toute l’étendue de leur art.
C’est un ouvrage qui n’est pas nouveau, mais il mérite une nouvelle exposition. "La route de l’art", c’est un véritable road movie photographique de Mana à Awala avec Saint-Laurent comme destination finale. "Les chercheurs d’art" nous invitent dans leur périple à la recherche de l’art perdu. Ils restituent à l’artisanat traditionnel, sa place dans les modes d’expression artistiques. L’ouest n’a pas été choisi au hasard. C’est dans cette région que sont concentrés les peuples autochtones. Leurs techniques appartiennent à leur histoire et sont transmises de génération en génération.
Cet ouvrage émaillé de nombreuses photographies invite le lecteur, en effet, à découvrir un art local qui n’existe nulle part ailleurs. Les chercheurs d’art changent notre regard sur des objets, des reproductions à priori ordinaires. Ils savent saisir, magnifier ces œuvres d’art, et surtout donner une respectabilité à leurs auteurs. Chercheurs d’art incitent à de belles rencontres afin de découvrir le bois, la céramique, la vannerie, les textiles... Ils nous amènent à la découverte des Amérindiens, des Hmongs, des Bushiningués à travers leurs techniques d’art ancestrales. Des pratiques séculières mises en lumière par des somptueuses photographies.
L’ouvrage est partagé en trois parties : "l’ouest et ses cultures artistiques, les pratiques et le guide". Les photographies de David Damoison illustrent les textes de Patrick Lacaisse. Des chercheurs d’art engagés en Guyane depuis 25 ans. Cet ouvrage réalisé avec le soutien de l’ONF, (l’office national des Forêts) est ponctué de références, de citations de poètes ou écrivains sur la Guyane.
"La route de l’art" c’est un essai sur l’art, une tentative de structuration pour faire émerger la production artistique, la construction d’un courant d’art local spécifique. Une vraie démarche intellectuelle au-delà de l’aspect esthétique.
Retrouvez la version vidéo :
PL : Il s’agit bien avec cet ouvrage d’un guide-livre d’art qui dresse un inventaire des pratiques artistiques de l’Ouest guyanais, des objets d’art et d’artisanat, et en premier lieu des artistes, des personnes. La haute qualité de la photographie de David Damoison, un photographe qui aura passé de nombreuses semaines dans les ateliers, et l’important travail graphique de Franck Kauffmann, en font un livre d’un bel intérêt artistique.
Je pense avoir rédigé des textes assez complets sur les questions d’art et d’esthétique, bien documentés, à partir d’une expérience d’artiste-plasticien de plus de 30 ans dans le pays.
Depuis 1987, je travaille avec ces artistes que l’on dit de « bords de route » dès leur arrivée à Saint-Laurent et à Mana, en ce qui concerne les sculpteurs et brodeuses Ndjuka de la Cottica (Suriname.)
Il n’y a pas eu de sélection ou de discrimination : tous les producteurs qui présentent au public leurs ouvrages figurent dans ce livre de la Route de l’art.
-Comment est venue cette idée de mettre en scène une forme de road movie des arts traditionnels de l’ouest ?
PL : De façon la plus naturelle qui soit, pour suivre ces créateurs chez eux, dans leurs ateliers, s’est imposé ce choix de « road movie » le long des routes nationales et départementales, et encore dans les quartiers des bourgs et des villages, en suivant des itinéraires, des plans de la région. Il s’agit bien d’un embarquement, d’un déplacement à travers le pays.
- Quelles ont été vos difficultés ?
PL : Il n’y a pas eu de difficultés particulières ; nous entretenons, l’association Chercheurs d’art et moi-même, des relations privilégiées de confiance avec ces artistes. Ils ont accepté le principe de l’échange verbal, de l’entretien et des prises de vues avec le photographe, un professionnel du portrait documentaire.
- Quelle est la démarche des Chercheurs d’art pour valoriser les arts premiers Guyanais ? Quel sens leur donner ?
PL : Vous avez raison de poser le sens de la notion d’ « arts premiers ». A Chercheurs d’art, avec les équipes artistiques, scientifiques et pédagogiques, nous nous démarquons de cette vision très européo-centrée d’arts premiers, pleine de ressentiments douteux, émanant d’une institution encore largement emprunte d’une pensée coloniale, pour citer le musée du Quai Branly.
Sans prolonger ici des considérations que nous abordons largement par ailleurs, nous préférons parler de créateurs, d’artistes et/ou d’artisans, de talents et d’inspirations diverses en évacuant les classements réducteurs : arts premiers, primordiaux (en oubliant les arts primitifs et les arts nègres d’il n’y a pas si longtemps encore), arts contemporains et arts traditionnels, art académique, brut et arts populaires. On pourrait plus légitimement évoquer les expressions des cultures de l’oral et des cultures de l’écrit, en questionnant la pertinence des notions d’arts occidentaux et extra-occidentaux, des arts autres, en plein liannaj du global et du local.
- Vous cherchez à faire reconnaitre les arts traditionnels Guyanais ?
PL : Là encore on se demandera si le traditionnel porte encore du sens alors que nous aimons faire apparaître toute la tradition gréco-romaine des plasticiens occidentaux qui viennent travailler aux côtés des artistes guyanais, éminemment contemporains, ancrés dans des cultures guyanaises dynamiques.
-Ce livre d’art n’est pas nouveau, quelles en ont été les retombées pour l’art Guyanais ? Comment a-t-il été accueilli ?
PL : En matière de retombées directes, ce livre, édité à 4000 exemplaires par l’ONF, guide surement les amateurs d’art et d’artisanat auprès des producteurs en promotionnant des objets d’art de haute valeur plastique, au delà du « souvenir de Guyane » ou d’un « art d’aéroport » que le livre invite à dépasser.
Mais au-delà de retombées économiques, il s’agit surtout d’une valorisation et d’une reconnaissance de ces hauts savoir-faire artistiques, et des personnes qui les produisent. Ce livre leur est d’abord destiné et leur permet de s’identifier et de se situer dans un territoire, parmi leurs pairs.
Une application la Route de l’art lancée par l’ONF toujours, est téléchargeable gratuitement depuis décembre 2018 et permet une autre lecture, plus immédiate, de ce circuit artistique.
-Votre actualité ?
PL : Chercheurs d’art a décroché l’exposition la Route de l’art en septembre 2018 après quatre années de présentation au CARMA ; 50 artistes et près de 500 œuvres y étaient exposés. Il s’agit maintenant d’inaugurer la saison 2 du CARMA, avec l’ouverture le vendredi 28 juin 2019 de l’exposition Entre 2 mondes qui montrera le travail de nombreux artistes et artisans de Guyane et du reste du monde. L’exposition Between 2 shops actuellement présentée à la galerie d’art Readytex de Paramaribo préfigure cette saison 2 avec un propos audacieux : mêler les objets de la boutique de souvenirs et d’artisanat Readytex avec les artistes de la galerie d’art ; en y mêlant aussi les expressions populaires du centre ville animé de Paramaribo.
Plusieurs résidences artistiques sont prévues cette année : en pays Saamaka et au CARMA avec des artistes surinamais, guyanais et parisiens. Plusieurs ouvrages sont également programmés : catalogues d’exposition et une nouvelle édition 2020 de l’agenda d’art Chercheurs d’art.
Enfin, commence la Semaine de l’art au lycée Léopold Elfort de Mana avec une dizaine d’ateliers activés par Chercheurs d’art avec les artistes de la Route.
La route de l'art, la découverte d'expressions artistiques
C’est un ouvrage qui n’est pas nouveau, mais il mérite une nouvelle exposition. "La route de l’art", c’est un véritable road movie photographique de Mana à Awala avec Saint-Laurent comme destination finale. "Les chercheurs d’art" nous invitent dans leur périple à la recherche de l’art perdu. Ils restituent à l’artisanat traditionnel, sa place dans les modes d’expression artistiques. L’ouest n’a pas été choisi au hasard. C’est dans cette région que sont concentrés les peuples autochtones. Leurs techniques appartiennent à leur histoire et sont transmises de génération en génération.
De somptueuses photographies
Cet ouvrage émaillé de nombreuses photographies invite le lecteur, en effet, à découvrir un art local qui n’existe nulle part ailleurs. Les chercheurs d’art changent notre regard sur des objets, des reproductions à priori ordinaires. Ils savent saisir, magnifier ces œuvres d’art, et surtout donner une respectabilité à leurs auteurs. Chercheurs d’art incitent à de belles rencontres afin de découvrir le bois, la céramique, la vannerie, les textiles... Ils nous amènent à la découverte des Amérindiens, des Hmongs, des Bushiningués à travers leurs techniques d’art ancestrales. Des pratiques séculières mises en lumière par des somptueuses photographies.
Vers un courant d'art spécifique
L’ouvrage est partagé en trois parties : "l’ouest et ses cultures artistiques, les pratiques et le guide". Les photographies de David Damoison illustrent les textes de Patrick Lacaisse. Des chercheurs d’art engagés en Guyane depuis 25 ans. Cet ouvrage réalisé avec le soutien de l’ONF, (l’office national des Forêts) est ponctué de références, de citations de poètes ou écrivains sur la Guyane.
"La route de l’art" c’est un essai sur l’art, une tentative de structuration pour faire émerger la production artistique, la construction d’un courant d’art local spécifique. Une vraie démarche intellectuelle au-delà de l’aspect esthétique.
Retrouvez la version vidéo :
Patrick Lacaisse : un chercheur d'art
-Comment qualifier votre ouvrage ? Comment avez-vous choisi les artistes ?PL : Il s’agit bien avec cet ouvrage d’un guide-livre d’art qui dresse un inventaire des pratiques artistiques de l’Ouest guyanais, des objets d’art et d’artisanat, et en premier lieu des artistes, des personnes. La haute qualité de la photographie de David Damoison, un photographe qui aura passé de nombreuses semaines dans les ateliers, et l’important travail graphique de Franck Kauffmann, en font un livre d’un bel intérêt artistique.
Je pense avoir rédigé des textes assez complets sur les questions d’art et d’esthétique, bien documentés, à partir d’une expérience d’artiste-plasticien de plus de 30 ans dans le pays.
Depuis 1987, je travaille avec ces artistes que l’on dit de « bords de route » dès leur arrivée à Saint-Laurent et à Mana, en ce qui concerne les sculpteurs et brodeuses Ndjuka de la Cottica (Suriname.)
Il n’y a pas eu de sélection ou de discrimination : tous les producteurs qui présentent au public leurs ouvrages figurent dans ce livre de la Route de l’art.
-Comment est venue cette idée de mettre en scène une forme de road movie des arts traditionnels de l’ouest ?
PL : De façon la plus naturelle qui soit, pour suivre ces créateurs chez eux, dans leurs ateliers, s’est imposé ce choix de « road movie » le long des routes nationales et départementales, et encore dans les quartiers des bourgs et des villages, en suivant des itinéraires, des plans de la région. Il s’agit bien d’un embarquement, d’un déplacement à travers le pays.
- Quelles ont été vos difficultés ?
PL : Il n’y a pas eu de difficultés particulières ; nous entretenons, l’association Chercheurs d’art et moi-même, des relations privilégiées de confiance avec ces artistes. Ils ont accepté le principe de l’échange verbal, de l’entretien et des prises de vues avec le photographe, un professionnel du portrait documentaire.
- Quelle est la démarche des Chercheurs d’art pour valoriser les arts premiers Guyanais ? Quel sens leur donner ?
PL : Vous avez raison de poser le sens de la notion d’ « arts premiers ». A Chercheurs d’art, avec les équipes artistiques, scientifiques et pédagogiques, nous nous démarquons de cette vision très européo-centrée d’arts premiers, pleine de ressentiments douteux, émanant d’une institution encore largement emprunte d’une pensée coloniale, pour citer le musée du Quai Branly.
Sans prolonger ici des considérations que nous abordons largement par ailleurs, nous préférons parler de créateurs, d’artistes et/ou d’artisans, de talents et d’inspirations diverses en évacuant les classements réducteurs : arts premiers, primordiaux (en oubliant les arts primitifs et les arts nègres d’il n’y a pas si longtemps encore), arts contemporains et arts traditionnels, art académique, brut et arts populaires. On pourrait plus légitimement évoquer les expressions des cultures de l’oral et des cultures de l’écrit, en questionnant la pertinence des notions d’arts occidentaux et extra-occidentaux, des arts autres, en plein liannaj du global et du local.
- Vous cherchez à faire reconnaitre les arts traditionnels Guyanais ?
PL : Là encore on se demandera si le traditionnel porte encore du sens alors que nous aimons faire apparaître toute la tradition gréco-romaine des plasticiens occidentaux qui viennent travailler aux côtés des artistes guyanais, éminemment contemporains, ancrés dans des cultures guyanaises dynamiques.
-Ce livre d’art n’est pas nouveau, quelles en ont été les retombées pour l’art Guyanais ? Comment a-t-il été accueilli ?
PL : En matière de retombées directes, ce livre, édité à 4000 exemplaires par l’ONF, guide surement les amateurs d’art et d’artisanat auprès des producteurs en promotionnant des objets d’art de haute valeur plastique, au delà du « souvenir de Guyane » ou d’un « art d’aéroport » que le livre invite à dépasser.
Mais au-delà de retombées économiques, il s’agit surtout d’une valorisation et d’une reconnaissance de ces hauts savoir-faire artistiques, et des personnes qui les produisent. Ce livre leur est d’abord destiné et leur permet de s’identifier et de se situer dans un territoire, parmi leurs pairs.
Une application la Route de l’art lancée par l’ONF toujours, est téléchargeable gratuitement depuis décembre 2018 et permet une autre lecture, plus immédiate, de ce circuit artistique.
-Votre actualité ?
PL : Chercheurs d’art a décroché l’exposition la Route de l’art en septembre 2018 après quatre années de présentation au CARMA ; 50 artistes et près de 500 œuvres y étaient exposés. Il s’agit maintenant d’inaugurer la saison 2 du CARMA, avec l’ouverture le vendredi 28 juin 2019 de l’exposition Entre 2 mondes qui montrera le travail de nombreux artistes et artisans de Guyane et du reste du monde. L’exposition Between 2 shops actuellement présentée à la galerie d’art Readytex de Paramaribo préfigure cette saison 2 avec un propos audacieux : mêler les objets de la boutique de souvenirs et d’artisanat Readytex avec les artistes de la galerie d’art ; en y mêlant aussi les expressions populaires du centre ville animé de Paramaribo.
Plusieurs résidences artistiques sont prévues cette année : en pays Saamaka et au CARMA avec des artistes surinamais, guyanais et parisiens. Plusieurs ouvrages sont également programmés : catalogues d’exposition et une nouvelle édition 2020 de l’agenda d’art Chercheurs d’art.
Enfin, commence la Semaine de l’art au lycée Léopold Elfort de Mana avec une dizaine d’ateliers activés par Chercheurs d’art avec les artistes de la Route.