Ouest Guyanais : un ensemble atypique selon une étude de l’IEDOM

On dénombre plus de 1000 passages de pirogues quotidiens entre Saint-Laurent et Albina
Exceptionnel, atypique, unique, à l’IEDOM, on ne manque pas de qualificatifs à propos de l’Ouest guyanais. Les experts de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer ont réalisé une étude de terrain en profondeur sur cette partie de la Guyane.
Un ensemble atypique. L’IEDOM décrit ainsi l’Ouest guyanais par rapport au reste de la France mais aussi de la Guyane, dont il se trouve plutôt isolé. A l’inverse de ce qui se passe vis-à-vis du Surinam. Un atypisme d’abord géographique, donc, comme le résume David Fardel, responsable du service études de l’IEDOM Guyane « Il contient la plus grande commune de France. Il y a une proximité très très forte avec le Surinam, qui implique et qui génère des flux quotidiens de biens, de marchandises et de personnes. »

On dénombre plus de 1000 passages de pirogues quotidiens entre Saint-Laurent et Albina, de l’autre côté du Maroni. Atypisme aussi culturel, avec une majorité bushinenge, et démographique : la population double tous les 10 ans. Elle a quadruplé depuis 1990. Elle atteignait 93 000 habitants en 2016.
 
 

Manque de formation et économie informelle

Sur le plan social, le niveau de formation est plus faible qu’ailleurs, et les 2/3 des habitants n’exercent officiellement, pas d’activité.
Le poids de l’économie informelle est fondamental. L’orpaillage illégal est 6 fois plus important que sa version légale. 30% de la production mondiale de cocaïne, transiterait clandestinement par le Surinam et la Guyane. L’économie parallèle concerne quasiment tous les secteurs, et comble parfois des manques. David Fardel cite quelques exemples  « Si on prend les taxis marrons, en l’absence de transports en commun, il faut bien que les personnes qui n’ont pas de véhicule se déplacent. Si on prend l’exemple aussi des cantinières, en l’absence de cantine scolaire, il faut bien que les enfants qui sont scolarisés puissent manger...»
 

Les risques de l’économie informelle

Mais le responsable du service des études met en garde sur les limites de ce système « Cette économie informelle, elle a aussi des conséquences sur l’économie formelle. Parce que pour toute une typologie de métiers, elle va rentrer en concurrence directe avec l’économie formelle. »
Informel aussi l’habitat, avec des squats nombreux et donc des logements médiocres. 35% n’ont même pas l’électricité. La solution passerait par une meilleure gestion du foncier, souvent propriété de l’Etat.
 
Les experts de l'IEDOM ont réalisé une étude de terrain en profondeur sur l'Ouest guyanais.
 

Besoin d’une administration plus proche et d’investissements importants


Plus généralement une proximité améliorée de l’administration  est recommandée. C’est bien prévu grâce à un redéploiement programmé (il concernerait 40% de l’administration guyanaise).
En outre, des investissements importants, notamment dans l’éducation devraient, au passage, favoriser l’économie formelle, via des appels d’offres. Mais ces projets semblent encore sous-calibrés pour répondre aux défis. Une implication des puissances publiques  plus importante, et mieux adaptée aux besoins locaux, permettrait donc une réelle croissance, et améliorerait la situation sociale et sécuritaire difficile, de l’Ouest guyanais.
Les experts de l'Institut d'émission des départements dOutre-mer ont réalisé une étude de terrain sur l'Ouest guyanais. Ils mettent en avant sa vitalité démographique et le coté atypique unique de cette partie de la Guyane.