Un collège « connecté » pour les villages amérindiens isolés du Haut Maroni

Classes connectées : l'enseignement à distance pour les 6ème de Maripasoula ©Guyane la 1ère
Quatre salles de classe ont ouvert lundi dans trois villages de Maripasoula et au collège Gran Man Difou, où se trouvent les enseignants. Ils font leurs cours à une trentaine d’élèves de 6ème connectés par liaison satellite, plus une dizaine en présentiel. Enseignants et élèves sont volontaires pour l’expérience. Le ministre des outre-mer, le recteur et le président de la CTG étaient sur place ce mercredi matin.

Au collège Gran Man Difou, cap sur l’innovation pour la délégation ministérielle. Cela se passe dans une classe connectée de 6ème  sur quatre sites : un groupe en présentiel, et trois autres dans des villages amérindiens sur le fleuve. Les enseignants travaillent sur un tableau numérique partagé et échangent en visio par liaison satellite :

"La connexion est assez bonne, cela demande un peu de temps, le temps que cela aille là-bas... Il faut juste s'habituer et se calibrer", indique le professeur de mathématiques, Josué Popou.

A Talhuen, à une heure de pirogue du bourg de Maripasoula, 17 élèves suivent un cours de SVT en visio. Avec cette classe connectée, les enfants pourront rester dans leurs familles durant leur 6ème et 5ème   comme en témoignent deux élèves qui appréhendaient de se rendre à Maripasoula. Au total, 40 élèves sont concernés, au collège, à Talhuen Kayodé et Antécume Pata .

Initiateur de l’opération, le rectorat a investi plus de 800 000 euros, et la CTG 1,5 million euros en salles, équipements et connexion. Gabriel Serville, président de la CTG est satisfait :

"On connaissait les difficultés que rencontraient les enfants de Taluen et du Haut-Maroni lorsqu'ils étaient arrachés de leurs familles pour aller suivre les cours à Maripasoula dès la classe de sixième. Lorsque ce projet a été proposé de cours en présentiel et distanciel, nous avons trouvé que c'était une bonne opportunité d'accompagnement de la CTG." 

Des accompagnateurs pédagogiques et des techniciens de maintenance ont été recrutés sur chaque site. Le recteur, Philippe Dulbecco veut aussi qu’il y ait une vie de classe :

"Nous ne sommes pas en train de faire de la gettoïsation ici, nous mettons à profit deux années supplémentaires pour accompagner ces élèves qui, demain, irons à Maripasoula. La semaine dernière, ils étaient réunis à Maripasoula, la semaine prochaine, ils le seront à Antécume Pata... Il y a des regroupements fréquents".

Le ministre des Outremer, Philippe Vigier évoque la réussite de ce multipartenariat, auquel le CNES a aussi été associé :

"On ne veut pas que les enfants ne puissent pas bénéficier de l'apprentissage, des langues, des mathématiques et de tous les savoirs fondamentaux. Donc, ce qui était impossible devient possible grâce aux technologies du futur."

Les habitants de Talhuen revendiquaient un collège depuis plus de dix ans. L’expérience montrera si ces sites connectés pourront les satisfaire.