Pass sanitaire : une mise en place sous la menace !…

Gérard Désiré (Cocosoda) fait parti des professionnels visités samedi soir
Alors que sa pertinence et son efficacité sont de plus en plus contestées, les forces de l’ordre ont effectué samedi soir (25/07/2021) une série de « visites » dans les bars et restaurants de Cayenne, une action sensée promouvoir le Pass.

« Une opération de prévention qui ressemblait plus à de l’intimidation… »

Samedi soir juste après le JT de Guyane La 1ère, j'avais décidé d'aller profiter dans un bar de plage de Cayenne, du relachement des mesures préfectorales dans lutte contre l'épidémie de la Covid-19. On pouvait à nouveau en toute légalité boire un verre en terrasse au-delà de 19 heures...mais c'était sans compter sur un zèle de forces de l'ordre venues jouer les trouble-fêtes. Du Patio du Moonlight au Cocosoda en passant par le Hitbox, plusieurs établissements de Cayenne ont reçu la visite, samedi soir, des policiers. Et le moins que l’on puisse dire c'est que pour le client et journaliste témoin d'une de ces « descentes » le malaise est grand au lendemain, malaise partagé tant par la clientèle présente que par la profession…

Zèle poussé à l’excès ou maladresse de communication, j'ai vu samedi soir une fonctionnaire de police accompagné de collègues et d’une bonne dizaine de gendarmes mobiles (sans doute les renforts arrivés récemment), se présenter dans plusieurs bars et restaurants. 

« On nous informe que nous devons depuis trois jours demander à l’entrée soit le Pass Sanitaire soit le test PCR, pour ce soir on ne nous verbalise pas car ils sont en prévention mais dès la semaine prochaine on nous informe que les clients seront directement contrôlés et que si un client n’est pas vacciner et n’a pas de test verbalisation et fermeture administrative….. »

(Patron de bar qui a voulu garder l'anonymat)

 

Un coup de pression…

Un coup de pression d’autant plus incompréhensible pour la profession, qu’elle a toujours joué le jeu des restrictions et des couvre-feux.  Mais c’est sans doute une forme de zèle régalien qui est en cause, avec des fonctionnaires qui visiblement ne maîtrisaient pas tous les tenants législatifs du Pass Sanitaire et de sa mise en œuvre. Carte de presse en main, j'ai voulu interroger les fonctionnaires de police sur le pourquoi et le comment de cette opération. Là, silence gèné mais à force d'insister on me renvoit vers l'autorité supérieure (pas joignable à cette heure-là bien sûr...) et ils finissent par tourner les talons... Les patrons de bars sont tous aussi perplexes :

« On m'a annoncé que je devais exiger une pièce d'identité avec le Pass alors que la loi n'est même pas passée. Comme souvent les fonctionnaires de police vont au-delà de la loi ! ».

Un autre responsable d’établissement déclare même avoir eu l’impression qu’il s’agissait là,

« juste de bétonner la première étape d’une procédure qui laisse à penser que des sanctions anticipées sont déjà prévues… »  

Ici les gestes barrières sont appliqués !

A koté barière base, bèf ka soté…(On va toujours au plus facile...)

L’autre sentiment qui domine après cette opération, c’est celui du deux poids, deux mesures avec des commerces de proximité où de l’alcool est régulièrement consommé aux abords et pour lesquels on se demande comment seront appliquées les mesures du Pass Sanitaire. Faudra-t-il montrer un QR code pour se rendre chez l'épicier du coin ? Mais là où la manœuvre d’intimidation est grossière c’est qu’on a entendu les fonctionnaires de police menacer certains établissements de contrôles quotidiens dans les prochains jours. Un autre propiétaire de bar déclare :

« C’est plus facile de contrôler les établissements en règle, ça fait des mois que toutes les soirées illégales sont signalées en préfecture et pas 1 contrôle…. On rouvre depuis une semaine et en plus de la BAC à 23 heures tous les soirs. Deux contrôles dans la même soirée car ils sont tous revenus à la fermeture pour voir si tout se passe bien, que penser ? ».

Une profession au bord de la rupture

Fermés plusieurs mois, restreints par les divers horaires de couvre-feu,… (dans la profession certain ont  perdu jusqu’à 70% de leur chiffre d’affaire, les aides ne compensant que partiellement les pertes) aujourd’hui le malaise confine à l’asphyxie.

Avec une jauge à partir de 50 personnes qui impose le Pass Sanitaire, des mineurs prisent en compte dans le calcul de ce seuil, alors que le Sénat a voté dimanche après-midi, qu’ils ne sont pas concernés par le Pass,… la gestion de crise dans l’hexagone comme sur notre territoire donne une forte impression d’improvisation et de tâtonnement qui cache mal la faiblesse des moyens de l’Etat.