Fini les dérogations : l’administration demande aux marins de Guyane d’avoir des diplômes. En janvier, la moitié des capitaines n’a pas eu le brevet pour sortir. Une partie de la flotte est bloquée à quai. Un thème abordé mercredi dans les « dossiers de l’info ».
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Fini les dérogations : l’administration demande aux marins de Guyane d’avoir les diplômes exigés par la loi. Au terme d’une session de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) en janvier, la moitié des capitaines n’a pas eu le brevet pour sortir en mer sur leurs bateaux. Une partie de la flotte est bloquée à quai. Un thème abordé mercredi dans les « dossiers de l’info ».
Julio est capitaine depuis 2008 en Guyane. Il a commencé à travailler à l’âge de 11 ans sur des bateaux de pêche, au Brésil. Il a appris le métier sur le pont, à l’ancienne.
« Sur mon bateau, nous avons la radio et le GPS que le patron vient d’acheter, mais je ne suis pas habitué au GPS », témoigne t-il lors d’une formation sur la sécurité à l’école maritime de Kourou. « Quand j’ai commencé au Brésil, pour aller d’Oiapoque à Belem », se souvient t-il, «je faisais mon cap avec le fil à plomb et les astres, dans le ciel, qui me guidaient ».
En Guyane, la plupart des capitaines de la pêche locale navigue sans autre diplôme que leur expérience de la mer. Beaucoup sont illettrés, ou presque.
Depuis quelques mois, l’administration leur demande le diplôme conforme à la loi pour naviguer : pour les bateaux de plus de 9 mètres et les campagnes en mer de 4 jours maximum, il s’agit du brevet de « Capitaine 200 ». En janvier, 129 capitaines ont suivi une session de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) organisée par la direction de la mer à Cayenne : 63 ont décroché le « Capitaine 200 ».
A l’image de Julio, les recalés ont dû se contenter du CACPP (certificat d’Aptitude au Commandement à la Petite Pêche), qui permet de diriger des bateaux de moins de neuf mètres, pour 24 heures en mer, à moins de 9kms des côtes. Ils ne peuvent donc plus commander les embarcations plus grandes, canots créoles améliorés ou tapouilles, les plus courants dans la pêche guyanaise (85 embarcations sur 125 licences de pêche).
Résultat : faute de capitaine diplômés sur ces bateaux, une partie de la flotte est bloquée à quai. Cela impacte 40 % des bateaux selon plusieurs armateurs de l’île de Cayenne. « Quinze navires sont à quai en raison de ce problème, sur toute la Guyane », a nuancé Georges Michel Karam, président du comité Régional des Pêches et Elevages Marins de Guyane (CRPEM) mercredi dans les dossiers de l’info. « Il y a eu une petite baisse de poissons blancs sur les étals des marayeurs », a-t-il ajouté.
Lionel Houllier, le directeur de la Mer n’enregistre pas de « baisse drastique » des quantités de poissons débarquées : 2500 tonnes en 2017, 2400 tonnes depuis le 1er janvier. Un chiffre qui ne représente pas l’ensemble de la production, car «une trentaine de bateaux ne font pas leur déclaration de pêche », selon Georges Michel Karam.
« On a prévu une seconde VAE dans la deuxième moitié de l’année prochaine, probablement fin 2019», a indiqué Lionel Houllier, le directeur de la Mer. « On prévoit aussi des petits modules de formation pour compléter les connaissances des capitaines, pour leur permettre d’avoir le brevet de Capitaine 200 », a-t-il précisé. « Le deuxième objectif, c’est de rendre attractif le secteur »– pour la main d’œuvre, avec un « plan pêche où on doit aborder les questions économiques, de commercialisation, de débouchés, de formation, y compris initiale, avec un lycée qui pourrait former au CAP de matelot » ; a ajouté le directeur de la Mer. « Pour l’instant, on est parti sur une réflexion sur le lycée de Matiti ».
En attendant, les équipages qui ne peuvent sortir en mer font face à de nombreuses difficultés : pas de salaires pour les marins, titres de séjour non renouvelés faute de rôle de pêche, dettes à régler pour les armateurs…
Invité mercredi matin par la rédaction dans l’émission –après le directeur de la Mer et le président du CRPEM, qui ont donné leur accord lundi, l’armateur José Achille n’aura pas eu l’occasion d’exprimer son point de vue face au représentant de l’Etat : dans un mail envoyé à notre rédaction, le cabinet du préfet indique « qu’il n’est pas envisageable que le directeur de la Mer, représentant le préfet, soit l’interlocuteur de M. Achille », car ce dernier « fait l’objet de procédures judiciaires (…) instruites par la direction de la Mer et son directeur » (au sujet de son activité de pêche).
Son métier à l'ancienne
Julio est capitaine depuis 2008 en Guyane. Il a commencé à travailler à l’âge de 11 ans sur des bateaux de pêche, au Brésil. Il a appris le métier sur le pont, à l’ancienne.« Sur mon bateau, nous avons la radio et le GPS que le patron vient d’acheter, mais je ne suis pas habitué au GPS », témoigne t-il lors d’une formation sur la sécurité à l’école maritime de Kourou. « Quand j’ai commencé au Brésil, pour aller d’Oiapoque à Belem », se souvient t-il, «je faisais mon cap avec le fil à plomb et les astres, dans le ciel, qui me guidaient ».
En Guyane, la plupart des capitaines de la pêche locale navigue sans autre diplôme que leur expérience de la mer. Beaucoup sont illettrés, ou presque.
Combien de navires bloqués à quai ?
Depuis quelques mois, l’administration leur demande le diplôme conforme à la loi pour naviguer : pour les bateaux de plus de 9 mètres et les campagnes en mer de 4 jours maximum, il s’agit du brevet de « Capitaine 200 ». En janvier, 129 capitaines ont suivi une session de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) organisée par la direction de la mer à Cayenne : 63 ont décroché le « Capitaine 200 ».
A l’image de Julio, les recalés ont dû se contenter du CACPP (certificat d’Aptitude au Commandement à la Petite Pêche), qui permet de diriger des bateaux de moins de neuf mètres, pour 24 heures en mer, à moins de 9kms des côtes. Ils ne peuvent donc plus commander les embarcations plus grandes, canots créoles améliorés ou tapouilles, les plus courants dans la pêche guyanaise (85 embarcations sur 125 licences de pêche).
Résultat : faute de capitaine diplômés sur ces bateaux, une partie de la flotte est bloquée à quai. Cela impacte 40 % des bateaux selon plusieurs armateurs de l’île de Cayenne. « Quinze navires sont à quai en raison de ce problème, sur toute la Guyane », a nuancé Georges Michel Karam, président du comité Régional des Pêches et Elevages Marins de Guyane (CRPEM) mercredi dans les dossiers de l’info. « Il y a eu une petite baisse de poissons blancs sur les étals des marayeurs », a-t-il ajouté.
Lionel Houllier, le directeur de la Mer n’enregistre pas de « baisse drastique » des quantités de poissons débarquées : 2500 tonnes en 2017, 2400 tonnes depuis le 1er janvier. Un chiffre qui ne représente pas l’ensemble de la production, car «une trentaine de bateaux ne font pas leur déclaration de pêche », selon Georges Michel Karam.
Une nouvelle VAE fin 2019
« On a prévu une seconde VAE dans la deuxième moitié de l’année prochaine, probablement fin 2019», a indiqué Lionel Houllier, le directeur de la Mer. « On prévoit aussi des petits modules de formation pour compléter les connaissances des capitaines, pour leur permettre d’avoir le brevet de Capitaine 200 », a-t-il précisé. « Le deuxième objectif, c’est de rendre attractif le secteur »– pour la main d’œuvre, avec un « plan pêche où on doit aborder les questions économiques, de commercialisation, de débouchés, de formation, y compris initiale, avec un lycée qui pourrait former au CAP de matelot » ; a ajouté le directeur de la Mer. « Pour l’instant, on est parti sur une réflexion sur le lycée de Matiti ».
En attendant, les équipages qui ne peuvent sortir en mer font face à de nombreuses difficultés : pas de salaires pour les marins, titres de séjour non renouvelés faute de rôle de pêche, dettes à régler pour les armateurs…
Invité mercredi matin par la rédaction dans l’émission –après le directeur de la Mer et le président du CRPEM, qui ont donné leur accord lundi, l’armateur José Achille n’aura pas eu l’occasion d’exprimer son point de vue face au représentant de l’Etat : dans un mail envoyé à notre rédaction, le cabinet du préfet indique « qu’il n’est pas envisageable que le directeur de la Mer, représentant le préfet, soit l’interlocuteur de M. Achille », car ce dernier « fait l’objet de procédures judiciaires (…) instruites par la direction de la Mer et son directeur » (au sujet de son activité de pêche).