Pénurie de médicaments : la Guyane continue de résister

Travail d'un préparateur en pharmacie hospitalière
Les stocks tampons permettent pour le moment à la Guyane d'être préservée d'une situation tendue. Mais certaines officines commencent à ressentir la pénurie de médicaments.

"Pour le moment, la situation n'est pas encore sous tension, mais on perçoit ce qui pourrait arriver", affirme Liliane Pognon, coprésidente du syndicat des pharmaciens. La Guyane continue de résister à la pénurie de médicaments qui touche l'Europe depuis plusieurs mois. Mais dans certaines pharmacies, les manques de certaines molécules commencent à se faire ressentir : "Un médecin m'a demandé une prescription de fer sous forme liquide, que je n'avais pas.", raconte Liliane Pognon.

Pour elle, le principal risque réside dans la pénurie de certains produits ciblés :

"Certaines molécules manquent à l'appel, notamment en pédiatrie. Sur certaines molécules très chères, des patients touchés par des pathologies orphelines et en cancérologie ont été mis en difficulté. Mais pour l'instant, la situation reste contrôlable : c'est quand nos stocks seront à zéro que nous devrons paniquer, et ce n'est pas le cas aujourd'hui", Liliane Pognon, coprésidente du syndicat des pharmaciens.

Les stocks évitent (pour l'instant) une situation tendue

Alors pourquoi la Guyane s'en tire-t-elle mieux que le vieux continent ? La réponse se trouve dans le stockage des médicaments. Notre département dispose de deux grossistes répartiteurs, la Société Pharmaceutique Guyanaise (SPG, située à Matoury) et Ubipharm (situé à Cayenne). C'est là-bas qu'est stocké l'ensemble des produits pharmaceutiques du territoire guyanais. Pour approvisionner les officines, les répartiteurs doivent réaliser leurs commandes en avance, à cause des deux mois de délai pour l'arrivage des produits depuis l'hexagone par voie maritime. Ainsi, la SPG et Unipharm possèdent un "stock tampon" de quatre mois qui permet aux officines d'être moins impactées par les ruptures.

Les officines, mis à part quelques contacts directs avec des laboratoires comme Sanofi ou Upsa, dépendent directement de l'approvisionnement de ces répartiteurs. Pour l'instant, elles parviennent à s'adapter aux manques de certaines molécules : "Pour les antibiotiques, on peut passer d'une formule pharmacologique à une autre, il n'y a pas de soucis à se faire", selon Liliane Pognon. Pour la coprésidente du syndicat des pharmaciens, il faudra s'inquiéter si les stocks de médicaments viennent à s'épuiser.

Contactée pour connaître l'état actuel des stocks, la SPG n'a pas souhaité répondre à nos questions. Nous sommes toujours en attente d'une réponse de la part d'Ubipharm que nous avons également sollicité.