C’est l’histoire classique d’un jeune homme de 27 ans, sans argent, sans emploi. Un jour, une connaissance de son quartier lui propose de gagner de l’argent facile.
"C'est trois années de prison et 3 700 € d'amende"
Le voyage, il te fait 4 000 €. Une fois que tu es arrivé sur place, tu fais l'échange, tu reçois tes 4 000 € et après tu reviens, tu fais ta vie. C'est du stress, de la peur en permanence. Dès que tu avales le premier ovule, jusqu'à ton arrivée à l'aéroport.
Une ancienne mule
Malgré les risques, il effectue trois voyages sans encombre. Le quatrième lui sera fatal. Il est arrêté par la police et part en prison. "C'est trois années de prison et 3 700 € d'amende je crois", raconte-t-il.
"Et une fois que tu ressors, il y a la police qui te surveille en permanence. Ils ne te lâchent pas, où que tu ailles. Dès qu'ils te voient, ils te contrôlent. Là, tu es fiché", poursuit-il.
Une main tendue par SOS Jeunesse
L’argent facile, vite dépensé, ne vaut rien face aux risques encourus. Depuis, celui que l’on appellera Robert a suivi une formation et ambitionne de monter son entreprise pour devenir artisan.
Une réinsertion encadrée par Solidarité Orientation Suivi (SOS) Jeunesse. "Nous étions à une manifestation à la cité Mont-Lucas et il est venu vers nous, il nous a parlé de ses difficultés et surtout, de sa volonté de changer de vie", se souvient Wilna Saint-Cyr, présidente de l'association.
SOS Jeunesse se décrit comme une passerelle pour remotiver les jeunes vers "d'autres perspectives de réussite". Cela passe notamment par la mise en contact avec des boîtes d'intérim. Wilna Saint-Cyr affirme qu'il y a bien du travail en Guyane. Cependant, elle déplore un manque de formation. Elle estime aussi que les associations ne sont pas suffisamment soutenues.
Trop Violans au plus près des jeunes et des familles
Trop Violans œuvre de son côté sur le volet Prévention et s’adresse d’abord aux plus jeunes. Mais c’est toute la population qui peut être visée.
Nous, on essaye de toucher le plus grand nombre et d'aller au cœur des familles. C'est pour ça qu'on est aux abords des établissements scolaires, pour toucher le plus de jeunes et ensuite dans les familles, donc dans les quartiers, en mode porte-à-porte. Ça peut aller, aussi bien dans les logements sociaux que dans les villas. Et pour être sur le terrain depuis 2016, même dans les villas, dès le début, y a toujours eu des jeunes touchés par le phénomène des mules.
Yvane GOUA, porte-parole de l'association Trop Violans
Un travail de fourmi pour ces deux associations, qui se retrouvent bien seules pour lutter contre ce fléau qui gangrène la Guyane.