Dorine n’a que 29 ans, mais déjà une longue carrière. Elle est sage-femme. Un métier qu’elle a choisi. Une vocation, dont elle tait l’origine. Dorine Martinais a participé à cette journée de mobilisation. L'enjeu est important. Dorine est sage-femme à Kourou depuis deux ans. Chaque jour elle commence sa garde dès 7h. En principe, la vacation dure 12h. Mais souvent elle se prolonge tard dans la nuit tant l’activité est dense. Elle effectue le suivi des femmes enceintes, met des enfants au monde, gère les urgences obstétricales, aide à déclencher des accouchements, soutient les familles. Ce n’est pas toujours évident…
Le nombre d’accouchements au Centre hospitalier, est aléatoire. Un à cinq par jour. Dorine doit aussi faire les examens obstétricaux, les entretiens de suite de soins, rédiger les ordonnances, les rapports d’hospitalisations, réaliser les bilans sanguins. Il faut aussi écouter, parler, prendre soin du bébé quand la mère est trop fatiguée. Si son métier reste sa passion, elle est aussi épuisée par un rythme effréné et réclame, comme toutes ses collègues, une amélioration de ses conditions de travail.
On se sent dévalorisées, tous les jours nous risquons la vie de femmes et d’enfants, nous sommes fatiguées de tout cela. La plupart du temps, on fait des heures supplémentaires, nous n’avons pas le temps de manger, nous pouvons faire jusqu’à 15h heures de garde par mois. Nous nous battons pour une revalorisation du métier, on n’est pas reconnues en termes de salaire. Autant d’années d’études et des compétences qui évoluent chaque année sans être reconnues au quotidien.
Un sacerdoce
A la base, Dorine a fait médecine. Après avoir raté l’examen de 1ère année, elle décide d’être sage-femme. Elle fait 4 ans d’études en Belgique. Depuis 2 ans, elle exerce à Kourou. Comme partout les conditions sont difficiles mais cela reste une vocation.
Malgré les conditions, c’est une vocation, c’est formidable d’accompagner les femmes, les couples, les familles. Je suis en Guyane depuis deux ans. C’est complétement diffèrent, il y a plus de diabète et d’hypertension chez les femmes. Nous avons beaucoup plus de responsabilités car les médecins manquent en Guyane. Il y a beaucoup de naissances c’est difficile de recruter du personnel, nous sommes en sous-effectif les conditions de travail n’attirent pas. Le métier n’est pas attractif.
Des femmes en colère
Une nouvelle journée de revendications pour crier sa colère. La mesure gouvernementale annoncée en septembre dernier par Olivier Véran, le ministre de la Santé, n’a fait qu’accentuer ce sentiment d’injustice. Une revalorisation salariale encore insuffisante. D'où ce mouvement de grève.
Sage femme : un métier, une passion
Avec 26,4 naissances pour mille femmes, selon une étude de l'INSEE, la Guyane se situe en haut du classement des régions françaises en termes de natalité. Dorine, elle, ne regrette pas d'avoir fait entendre sa voix avec les autres. Elle doit très vite, repartir à Kourou, encore de longs jours de garde.