Portraits de femmes : Modestine Francis première Guyanaise exploitante d’une concession aurifère

Modestine Francis de Saint-Georges de l'Oyapock
Femme oyapockoise au tempérament affirmé, Modestine Francis a multiplié les entreprises jusqu'à l'exploitation d'une concession aurifère. Première Guyanaise à tenter cette aventure à ce niveau. Cette femme "djok" a marqué et marque de son empreinte les rives de l'Oyapock.
Le 16 juillet 1936, Modestine Francis a eu pour berceau, un écrin de verdure :  Ouanary.
En 1942, son parrain et sa marraine qui vivent à Saint-Georges de l’Oyapock « l’adoptent ». C'est une pratique très courante à cette époque. Modestine est alors âgée de six ans.
La petite Ouanarienne est scolarisée pour la première fois à Saint-Georges. Scolarité qu’elle poursuit jusqu’à l’obtention de son Certificat d’études primaires. Modestine se rend à Cayenne au lycée Félix Eboué pour effectuer son cycle secondaire jusqu’en 3ème.  Elle revient ensuite vivre à Saint-Georges.


De multiples activités professionnelles


Le retour à Saint-Georges implique la recherche d’un emploi pour vivre. La pratique du job est courante. Modestine fait du repassage, de la couture, elle est recrutée comme employée à la mairie.
La jeune femme extrêmement dynamique réalisera un parcours de vie remarquable dans une discrétion absolue, car l’audace habite Modestine.


Les débuts d’une cheffe d’entreprise


En 1967,  Modestine décide de créer son propre restaurant du nom « Au restaurant des petits ouvriers ». Quelques années plus tard, elle changera l’enseigne qui portera désormais son prénom « Chez Modestine ».
La restauratrice propose une cuisine créole, brésilienne et française dont l’excellence attire tous ceux qui passent, ne serait-ce qu’une journée à Saint-Georges.
De nombreuses personnalités ont déjeuné « chez Modestine ». Vers 1974, le roi de Belgique Baudouin en vacances en Guyane. En 1997, le Président de la République Française Jacques Chirac et bien d’autres ministres.

Un esprit d’entreprise affirmé


Volontaire et audacieuse, Modestine Francis crée en 1978 une nouvelle activité. Elle organise des circuits touristiques  en direction de Saut Maripa, Camopi, Trois sauts, l’Anotaye…
Vers 1990,  une autre activité s’ajoute à la restauration : l’hôtellerie
Modestine Francis ne s’arrête pas là, elle multiplie les affaires. En 1990 la cheffe d’entreprise sollicite et obtient une concession aurifère à Sikini sur le fleuve Oyapock.
Elle gère l’auberge du saut Maripa et crée en 1998 sa propre structure d’hébergement touristique, un lodge sur le bord de L’Oyapock à proximité de pied saut, du nom de : l’îlet Sophia.
C’est à l‘exploitante d’une concession aurifère que nous nous intéresserons.

Modestine Francis, première Guyanaise concessionnaire d’un placer


C’est par l’Est du pays, région natale de Modestine que la fièvre de l’or gagne la Guyane en 1855 date de la découverte du précieux métal sur le fleuve Approuague par l’indien  Brésilien Poaline.
Comme tous les Guyanais, Modestine a été bercée dès sa plus tendre enfance par les contes, légendes et histoires mythifiant l’or. Elle vit la période du déclin et de sa renaissance en 1990.
La cheffe d’entreprise très réactive demande en 1990 un titre minier d’exploitation. Une concession aurifère lui est accordée pour 5 ans à Sikini sur l’Oyapock. Elle met tout en œuvre pour l’exploiter.
L’exploitation est artisanale, l’extraction de l’or est faite au "longtom" . Elle emploie six salariés. Tous les week-end, elle se rend sur le placer pour suivre le chantier.
L’affaire se révélant peu rentable, la concessionnaire ne renouvelle pas la demande d’exploitation au bout des 5 années réglementaires.

Modestine Francis gère aujourd’hui les différentes entreprises qu’elle a créées. La restauratrice continue à cultiver son abattis. Elle est aussi membre de l’association « Toulouri » chargée de la gestion d’un local où se déroulent  les festivités sur la commune.

Une pionnière Modestine Francis dans le secteur de l’or. Elle a été la première Guyanaise exploitant une concession aurifère.
Sa volonté, son audace, son sens de l’initiative en font un exemple non seulement dans la région oyapockoise mais bien au-delà. Car les valeurs n’ont pas de frontière.