A Saint-Laurent du Maroni, le FN est arrivé en deuxième position avec 21,72% des voix au premier tour de la présidentielle, dimanche 23 avril. Ce vote frontiste effraie certains jeunes qui ne sont pas encore en âge de voter.
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Leurs meilleures amies sont originaires du Suriname, leurs camarades de classe d’Haïti, leurs copains sont bushinengués, leurs voisins créoles ou encore “métro”. Eux, ce sont les jeunes de Saint-Laurent du Maroni. Ils sont au lycée, au collège, ils n’ont pas encore l’âge de voter, mais ils suivent l’actualité et se disent “effrayés” par la montée du front national. “Comment peut-on vivre Outre-mer et voter FN ? Et surtout, comment peut-on vivre à Saint-Laurent et voter FN ?, s’étonne Romane à seulement 13 ans. Je n’ai pas la même couleur de peau que ce parti et je sais qu’il ne m’appréciera jamais”.
Sur les bords du Maroni, face au Suriname, dimanche 23 avril, Marine Le Pen a recueilli 21,72% des voix. La candidate FN est arrivée derrière Jean-Luc Mélenchon dans cette ville de Léon Bertrand, maire et ancien ministre de Jacques Chirac. Selon de nombreux Saint-Laurentais, ce sont les thèmes de l’immigration et de l’insécurité développés par Marine Le Pen qui ont séduit. Cette deuxième ville de Guyane, limitrophe du Suriname et du Brésil, est en proie à une immigration non contrôlée depuis des années.
Aujourd’hui, les résultats du premier tour effraient une partie de la jeunesse de Saint-Laurent. “Depuis des siècles et des siècles, nous accueillons toutes les populations, c’est un lieu d’échange et de mixité”, remarque Marie-Ange Ortiz, 17 ans, présidente du collectif des “Lumineux” né à Saint-Laurent du Maroni lors du conflit social et destiné à porter la voix de la jeunesse de l’Ouest. “Certains disent que le vote des extrêmes relève d’un ras-le-bol, constate la lycéenne. Un-ras-le-bol de quoi ? Des immigrés ? Comment en avoir marre de personnes qui viennent ici dans des situations de nécessité absolue et d’extrême urgence. Je ne pense pas que ce soit un plaisir de quitter son pays, sa famille et ses origines”.
Comme Marie-Ange, Romane déplore ce vote frontiste. “Peut-être que les gens qui votent FN ont mal compris le programme de ce parti, tente d’expliquer la jeune collégienne. Ils sont séduits par l’apparence du FN, mais je suis sûre qu’ils n’ont même pas lu le programme de Marine Le Pen”. Comme de nombreux jeunes de Saint-Laurent du Maroni, Romane a dans sa classe des élèves des pays voisins.
“Ce vote FN est tellement hypocrite, constate affligée Alicia* (le prénom a été modifié) 17 ans, française originaire du Suriname. Pendant un mois, nous avons défilé ensemble dans les rues de Guyane pour revendiquer tout ce qui manque en Guyane et aujourd’hui, ces mêmes personnes votent FN”. “La Guyane est composée d’immigrés, comment peut-elle voter front national ?”, s’interroge Alicia* en écarquillant les yeux.
“Si Marine Le Pen est élue, jamais mes petits frères ne pourront devenir français, poursuit sa soeur étudiante en terminal. S’ils ne deviennent pas français, que vont-ils faire par la suite ? Pour le moment, ils n’ont pas de papier, ne vont jamais à Cayenne, ils ne peuvent pas vivre normalement. Si mes petits frères ne deviennent jamais Français, je ne sais pas ce que deviendra notre famille. J’ai très peur”, conclut la lycéenne dont la vie est désormais du côté français du fleuve.
Sur les bords du Maroni, face au Suriname, dimanche 23 avril, Marine Le Pen a recueilli 21,72% des voix. La candidate FN est arrivée derrière Jean-Luc Mélenchon dans cette ville de Léon Bertrand, maire et ancien ministre de Jacques Chirac. Selon de nombreux Saint-Laurentais, ce sont les thèmes de l’immigration et de l’insécurité développés par Marine Le Pen qui ont séduit. Cette deuxième ville de Guyane, limitrophe du Suriname et du Brésil, est en proie à une immigration non contrôlée depuis des années.
Ville d’échange et de mixité
Aujourd’hui, les résultats du premier tour effraient une partie de la jeunesse de Saint-Laurent. “Depuis des siècles et des siècles, nous accueillons toutes les populations, c’est un lieu d’échange et de mixité”, remarque Marie-Ange Ortiz, 17 ans, présidente du collectif des “Lumineux” né à Saint-Laurent du Maroni lors du conflit social et destiné à porter la voix de la jeunesse de l’Ouest. “Certains disent que le vote des extrêmes relève d’un ras-le-bol, constate la lycéenne. Un-ras-le-bol de quoi ? Des immigrés ? Comment en avoir marre de personnes qui viennent ici dans des situations de nécessité absolue et d’extrême urgence. Je ne pense pas que ce soit un plaisir de quitter son pays, sa famille et ses origines”.
Un vote “hypocrite”
Comme Marie-Ange, Romane déplore ce vote frontiste. “Peut-être que les gens qui votent FN ont mal compris le programme de ce parti, tente d’expliquer la jeune collégienne. Ils sont séduits par l’apparence du FN, mais je suis sûre qu’ils n’ont même pas lu le programme de Marine Le Pen”. Comme de nombreux jeunes de Saint-Laurent du Maroni, Romane a dans sa classe des élèves des pays voisins.“Ce vote FN est tellement hypocrite, constate affligée Alicia* (le prénom a été modifié) 17 ans, française originaire du Suriname. Pendant un mois, nous avons défilé ensemble dans les rues de Guyane pour revendiquer tout ce qui manque en Guyane et aujourd’hui, ces mêmes personnes votent FN”. “La Guyane est composée d’immigrés, comment peut-elle voter front national ?”, s’interroge Alicia* en écarquillant les yeux.
“Que vont devenir mes petits frères ?”
En première L (littéraire), la jeune lycéenne dont la maman est née au Suriname a acquis la nationalité française par le droit du sol. “Si Marine Le Pen est élue, elle va détruire la Guyane et les Guyanais en retirant le droit du sol et en portant préjudice à tous les migrants”, affirme la jeune fille, les larmes aux yeux.“Si Marine Le Pen est élue, jamais mes petits frères ne pourront devenir français, poursuit sa soeur étudiante en terminal. S’ils ne deviennent pas français, que vont-ils faire par la suite ? Pour le moment, ils n’ont pas de papier, ne vont jamais à Cayenne, ils ne peuvent pas vivre normalement. Si mes petits frères ne deviennent jamais Français, je ne sais pas ce que deviendra notre famille. J’ai très peur”, conclut la lycéenne dont la vie est désormais du côté français du fleuve.