Devenir une spécialiste des droits de l'immigré
Rose Emanuella a 19 ans. Elle vient d’obtenir son bac ES avec mention bien. Née en Haiti, elle est arrivée en Guyane sans ses parents il y a 5 ans. Eux sont restés au pays natal. Son projet professionnel est justement en rapport avec son parcours semé d’embuchesElle vit chez son oncle, dans la zone informelle des Malgaches appelée quartier haitien. Bien sûr la problématique de l’immigration la touche particulièrementJ'ai envie de travailler dans un organisme international comme l'ONU, dans des secteurs spécialisés dans les droits comme ceux des migrants ou des femmes...
Il y a toujours la stigmatisation des migrants et plus précisément des haïtiens. Moi je vis dans ce quartier et je tiens à dire aujourd'hui que j'ai réussi une première partie... et dans le quartier, on travaille. Les jeunes quand ils arrivent, ils ne viennent pas pour faire n'importe quoi mais parce que les circonstances obligent... Il y en a qui ont leur bac avec mention très bien et qui ne peuvent pas continuer leurs études car ils n'ont pas eu la chance d'avoir un titre de séjour... C'est dommage car on participe tous à la vie de la Guyane...
Sa meilleure amie Destinas Georges Reshelnmir n’est pas étonnée de sa réussite car Rose Emmanuella, ne sort jamais, est très studieuse, concentrée sur ses objectifs.
Florence, future urbaniste
Florence aussi vit dans un quartier informel appelé Chikeparty. A 17 ans, elle vient d'obtenir son bac littéraire avec la mention très bien. Son projet professionnel c’est l’urbanisme afin de trouver des solutions à l’insalubrité de ces quartiers informels. Et elle a déjà un point de vue bien affirmé sur la question et de son quartier, elle est fière :C'est un quartier informel et je préfère le terme spontané, cela donne une image plus positive. Dans notre quartier il n'y a pas que des points négatifs comme le manque d'eau, d'électricité, l'insalubrité, il y a aussi des points positifs comme l'entraide entre nous. Ici, tu ne peux pas mourir de faim. J'aimerai travailler dans l'urbanisme pour aider les personnes à bien se loger et je sais que je serai utile...
De parents surinamais, Florence est née à Saint Laurent. Elle appartient à la communauté saramaca et s'investit dans le quartier au sein de son association culturelle pour la préservation des traditions. Florence vit chez sa tante, une tante, Catherine Jackie aussi très fière du parcours de sa protégée :
C'est une jeune fille très studieuse, elle ne lâche rien du tout. Elle va jusqu'au bout. Florence participe à tout, elle est généreuse, joyeuse, ouverte d'esprit. Elle est super sociable...
Ces deux jeunes filles comptent bien revenir en Guyane et devenir actrices du développement de leur terre d’accueil. Leur départ pour Poitier est prévu le 29 août prochain.
Si pour Florence tout est déjà bouclé d’un point de vue administratif. Pour Rose Emmanuella, le combat pour obtenir une bourse et des aides n’est pas encore gagné avec un titre de séjour, tout est plus compliqué.