Retour aux sources originelles pour les Teko de Guyane : la danse traditionnelle Tadzau, marathon rythmique pour renouer avec les ancêtres

La danse traditionnelle des Teko
Les premiers échanges interculturels entre les Teko de l’est et de l’ouest se dérouleront les 5 et 6 août prochains à Cayodé sur le Haut-Maroni. Une représentation de la danse teko traditionnelle Tadzau aura lieu. Une représentation exceptionnelle pour une communauté amérindienne unique au monde. Elle tente ainsi de rassembler ses membres éparpillés.

« Les grands Padzé, ancêtres Teko, ont fait appel au dzaliwé (caïman géant) pour traverser. Le caïman portait sur lui une île constituée de montagnes, de criques, de cascades, d’arbres et autres paysages. Les peuples autochtones sont montés à bord du caïman pour entreprendre ce grand voyage vers l’Amérique.(…) Pour rendre leur voyage plus agréable, ils utilisèrent quelques bambous tsakaï du bateau pour la fabrication de leur tule (clarinette). Ils chantèrent alors dans le tule l’histoire de leur départ, leur parcours en mer, les rencontres avec les tadzau (cochonbois). Les anciens disaient que ces hommes ont chanté avec les balaka pour annoncer leur arrivée en douceur.  

Joaquim Panapuy conteur teko

C’est au son de la tule et en chantant, que les Teko ont abordé le rivage. Cette danse aujourd’hui a un nom, elle s’appelle Tadzau, (cochon bois). La danse teko traditionnelle, Tadzau tire son origine dans les mythes fondateurs de la communauté Teko appelée aussi Emérillon. Cette danse est pratiquée depuis la nuit des temps, de génération en génération. Sur des rythmes de tule et au son des chants obsédants, durant des heures, elle raconte cette histoire.  

Cette manifestation organisée par l’association Akanta et le groupe de danse Teko Makan avec le Parc Amazonien, a pour objectif de faire revivre cette pratique séculaire. Le groupe de danseurs Teko Makan de Camopi, a organisé en amont des ateliers pour transmettre les savoirs véhiculés par cette danse ancestrale. La pratique a changé au fil des siècles mais elle reflète toujours l’histoire des ancêtres.

Jean-Maurice Montoute responsable communication Parc Amazonien

C’est une danse de nuit qui rappelle l’histoire sacrée, c’est une danse pour communiquer avec les esprits. Elle aura lieu tout le week-end durant la nuit et dans l’après-midi.  C’est la danse du cochon bois, l’un des mythes Teko fondateur autour d’histoires sacrées.  

Jean-Maurice Montoute responsable de la communication du Parc Amazonien

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Un peuple unique au monde

Durant ces deux jours sur le Haut Maroni,  l’association Akanta et le groupe de danse Teko Makan de Camopi entendent tisser des liens intergénérationnels entre les communautés Teko éparpillée. Cette transmission intercommunautaire et ce rapprochement culturel ont pour but de réunir un même groupe séparé géographiquement entre deux bassins de vie.

C’est un évènement hautement symbolique. Il faut savoir que les Teko que l’on appelait autrefois Emerillons ont été installés sur les bords de l’Oyapock et sur le Maroni principalement sur le Tampok. Il y a un chemin qui traverse la Guyane d’est en ouest que leurs ancêtres ont emprunté : le chemin des Emerillons. Actuellement, il y a une revalorisation de la culture teko à Camopi qui met en avant les mythes fondateurs de la culture. La danse fait partie de ces éléments primordiaux dans la réappropriation de l’histoire. Il y a une dynamique qui s’est développée autour de la transmission. Ils veulent réaffirmer la culture teko, ce peuple n’existe qu’en Guyane, il n’y a pas d’autres peuples teko sur la planète.

Jean-Maurice Montoute responsable de la communication du Parc Amazonien

Amérindiens de Guyane lors d’une marche commémorant la Journée internationale des peuples autochtones, en août 2013.

 

A la suite de l'impossibilité d'une cohabitation pacifique avec les envahisseurs européens, et après plusieurs affrontements, les ancêtres des Teko migrèrent vers le sud durant 200 ans. Les Teko est l'un des six peuples autochtones amérindiens de Guyane. Ils seraient actuellement entre 450 et 600. 

Ce groupe unique en Amérique du sud a failli disparaître durant la première moitié du XXème siècle. Depuis les Teko luttent pour la survie de leur culture. La danse Tadzau en est l'exemple marquant. D’autres représentations de cette danse traditionnelle sont prévues notamment lors de la "Journée des peuples autochtones" le 9 août à Cayenne.