SAFTHON 2018 : Les syndromes de l'alcoolisation foetale (2/3)

Jusqu'au 7 septembre, une vaste campagne de sensibilisation à l'alcoolisme foetal est lancée. Il s'agit de la deuxième édition du SAFTHON. Ce syndrome touche de plus en plus de foetus. 
Depuis le 2 septembre, des stands d'information et de prévention sur les dangers de l'alcoolisation foetale se tiennent au centre hospitalier Andrée Rosemon. Pour les organisateurs, il s'agit de participer au SAFTHON, dont c'est la deuxième édition. Le SAFTHON, c'est l'opération nationale de sensibilisation au syndrome d'alcoolisme foetal. Aujourd'hui, une nécessité tant la consommation d'alcool est répandue dans la société. 
 

Neuf mois de grossesse 

Le SAFTHON en Guyane s'achèvera le 7 septembre. Difficile d'avoir des chiffres mais aujourd'hui la consommation même d'alcool léger est entrée dans les moeurs, et les habitudes. C'est dans ce contexte, qu'il est vital de comprendre l'urgence de ne pas boire de boissons alcoolisées durant la grossesse.
Le SAFTHON a pour objectif de faire la lumière sur ces comportements qui peuvent porter atteinte à la santé des nourrissons. 
Des stands se tiendront au réseau Périnat au centre hospitalier Andrée Rosemon jusqu'au 7 septembre de 9h à 12h.
Présentation de cette 2ème édition en Guyane :

 

Entretien avec Patrick Ahounkeng Nand :

Clotilde Séraphins-George a rencontré le docteur Patrick Ahounkeng Nand. Il est gynécologue obstétricien au centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne. Il explique l'importance que peut avoir la consommation d'alcool même infime dans le développement normal d'un foetus, puis d'un nourrisson. 

CSG : L’alcoolisation fœtale peut-elle être passée sous silence ?
Il est important de savoir si la patiente enceinte est consommatrice d’alcool ou pas, même en toute petite quantité. Dans le cas de mensonges de la part des parents et de la mère en particulier, des mensonges généralement dus à la honte et à la peur, l’échographie montrera  des éléments qui permettent de dire que cet enfant a déjà des signes d’atteinte fœtale liés à la consommation d’alcool.

CSG : Quels sont les symptômes en cas d'alcoolisation foetale ? 
Le 1er élément c’est la croissance fœtale : à l’échographie, on va rechercher un retard de croissance intra-utérin témoignant du fait que le bébé ne grandit pas bien, c’est l’une des conséquences de la consommation d’alcool. Le 2e élément concerne les dysmorphies faciales. Elles sont un peu plus difficiles à diagnostiquer sur le plan échographique, elles se verront plus tard à la naissance et seront diagnostiquées par un pédiatre. Enfin, le 3e élément, peut-être le plus important, c’est la microcéphalie, c'est-à-dire un bébé qui a une tête un peu plus petite.

CSG : Pourquoi la microcéphalie est si importante ? 
Il en a beaucoup été question lors de l’épidémie de zika alors que l’une des causes principales sinon la cause principale d’une microcéphalie c’est l’alcoolisation fœtale.
Combinée au retard de croissance intra utérin, ces 2 syndromes vont expliquer le fait que par la suite, il y ait des conséquences sur ce que l’on appelle les fonctions supérieures du bébé (troubles du comportement, de l’attention, du langage …).
Ce retard dépisté durant la grossesse persiste après l’accouchement et il arrive que ces enfants ne récupèrent jamais de ce poids qu’ils ont perdu durant la vie intra utérine d’où l’accent mis sur la sensibilisation et sur la prévention.

CSG : Quelles sont les étapes suivantes ? 
Ces observations s’accompagnent d’un bilan étiologique. Là, on recherche les causes. Par exemple, pour le retard de croissance intra utérin, l’une des causes principales, c’est certaines infections virales, des pathologies hypertensives comme la prééclampsie.
Si on ne retrouve aucune de ces causes les soupçons se porteront sur l’alcoolisation fœtale et l’entretien avec le médecin conduira certaines femmes enceintes à reconnaître qu’elles consomment de l’alcool même en toutes petites quantités.


CSG : les nouveaux nés victimes d'alcoolisme foetale, peuvent ils être soignés ? 
La plupart des symptômes sont irréversibles. C’est le cas de la dysmorphie faciale. Pour le retard de croissance intra-utérin, si la patiente le reconnaît et arrête la consommation d’alcool, il y a dans 50% des cas, une récupération du poids soit dans la vie intra utérine donc chez le fœtus, soit après la naissance si l’accompagnement qu’il faut est mis en œuvre mais ce ne sont que quelques cas.

CSG : Quelles sont ls conséquences de cette maladie ? 
L’alcool a des conséquences sur la formation même du fœtus. Toutes les substances toxiques ont des conséquences sur la formation du fœtus donc pendant les premiers  mois de la grossesse : 1ers, 2e et 3e mois et l’absorption d’alcool dans ces premiers mois induira une incidence importante et éventuellement une microcéphalie.
Là, on parle des conséquences d’une grossesse qui a évolué jusqu’à un certain terme mais il y aussi ce que l’on appelle les fausses couches. La consommation d’alcool en tout début de grossesse peut conduire à des fausses couches, ce n’est pas la cause principale mais cela fait partie des causes. En conclusion, tout désir de grossesse doit s’accompagner d’une abstinence d’alcool et de produits toxiques.