Le Centre Hospitalier de Cayenne s’est offert un stand à la 35e Edition du salon infirmier et y a missionné 6 de ses cadres. Depuis des années le CHC souffre d’un turn-over important de professionnels de santé qui se traduit par un manque criant de personnel dans les tous les services de l’établissement.
La crise covid a accentué le phénomène.
Trois jours pour convaincre
Ce salon infirmier parisien est une occasion pour les représentants de l’établissement hospitalier de rencontrer et parvenir à convaincre des Guyanais de venir ou revenir travailler à Cayenne comme de recruter tout autre professionnel désireux de changer de région.
Muriel Mazia est cadre de santé, puéricultrice en médecine pédiatrique au Pôle femmes enfants et nous explique :
« Nous sommes ici après deux mois de préparation afin de faire connaître notre établissement et établir des contacts avec de futurs professionnels, des personnes qui souhaiteraient exercer en Guyane. Cela, peut-être, des élèves infirmiers en fin de cursus et libérables en juillet ou des professionnels aguerris intéressés par la Guyane… certains d'entre eux sont désireux d'obtenir des mutations »
A ces visiteurs, sont présentés l’établissement et ses différents pôles dont les plus prioritaires : le pôle de soins continus de médecine et réanimation, le pôle Femmes enfants et les centres de santé délocalisés de prévention et de soins. Mais le recrutement concerne bien tous les pôles et toutes les spécialités du CHC.
A tous ceux qui s’arrêtent au stand, un document complet sur les modalités de recrutement leur est remis. Et qu’il s’agisse du transport, d’hébergement, des propositions salariales, tout leur est expliqué par les exposants, notamment les différentes aides qui sont proposées pour faciliter leur arrivée. Les périodes courtes d’emploi 3 mois, 6 mois intéressent surtout ceux qui veulent découvrir la Guyane et évoluer dans la connaissance de leur métier par rapport aux types de pathologies traitées régionalement.
Margot, 32 ans, célibataire est infirmière en Bretagne et un séjour en Guyane pourrait la séduire :
« Je suis venue récolter des informations sur les différents centres hospitaliers et principalement celui de Guyane. Je suis infirmière titulaire en Bretagne. J’exerce depuis 10 ans, j’ai déjà travaillé dans d’autres Dom-Tom et j’aimerai venir en Guyane travailler quelques mois pour découvrir. Je suis actuellement dans un services des urgences ! »
Pour Brandon, 26 ans, infirmier libéral, le retour au pays se profile et il en est ravi : « Je vais commencer par un CDD, puis être stagiarisé et ensuite intégré. Ce n’était pas forcément mon projet de départ mais au fil des années j’ai éprouvé le besoin de rentrer. J’ai fait mes études d’infirmier dans l’Essonne et obtenu mon diplôme en mars 2017. J’ai travaillé 1 an en intérim puis dans une maison d’accueil spécialisée dans les traitements de la sclérose en plaque. Je me suis mis ensuite en libéral remplaçant. Je suis quelqu’un qui s’adapte. »
Ce jeune guyanais s'est enrichi de son expérience hexagonale et il est maintenant en mesure de faire d'autres choix :
« Faut pas se mentir dans tous les hôpitaux de France que cela soit l’hexagone ou les départements d’outre-mer, partout il y a un manque de personnel, de matériel, des fermetures de lits qui sont constantes… Je rentre au pays. »
Il faut se rappeler, indique Muriel Mazia, qu’il n’y pas assez de professionnels de santé, pas assez de professionnels spécialisés non plus à Cayene. Il manque de tout. La promotion IFSI de cette année, environ 60 personnes, ne suffira pas à combler les besoins évalués à 80 postes.
Actuellement, 106 professionnels de santé font défaut au CH de Cayenne tous secteurs de soins confondus sur un effectif total d’environ 3000. A la fermeture du salon ce 19 mai, cette délégation espère bien repartir avec des candidatures fermes.