Suspendue dans les hauts reliefs du plateau des Guyanes, marquée au fer rouge par l’administration coloniale, Saül commune de l’intérieur, commune de la profonde étendue régionale, semble abandonnée depuis longtemps.
Les deux clochers de l’église résonnent chaque matin au chant des singes hurleurs, des oiseaux et volailles, qui s’égosillent dès le lever du soleil. La vie de la cinquantaine d'administrés tourne autour de la gendarmerie, des deux épiceries, de la mairie anciennement office du tourisme, devenue depuis école pour tous niveaux et du centre de santé.
Au début du XXème siècle, la Guyane était vue comme un Eldorado. Un dénommé Sahul, originaire de Sainte-Lucie et aventurier, pose son sac dans la région en 1910. Il s'installe avec son équipe sur cette terre boueuse, rouge argile où abondent les métaux précieux. C'est ainsi que naît le village qui porte son nom.
C'est ce que nous explique Armand Hidair, passionné d'histoire :
Installation au XIXème siècle des Saint-Luciens à Saül
Les Placers, c'est-à-dire les lieux d'exploitations, poussent comme des champignons, le territoire français devient un espace stratégique.
La ruée vers l'or au XIXe siècle
Les requêtes administratives se multiplient au même rythme que l'apparition des filons. Il faut désormais obtenir une autorisation officielle pour pouvoir gratter le sol. La main d'oeuvre ne manque pas. Se garnir les poches, cela se mérite comme le raconte Armand Hidair.
La naissance des placers à Saül
La démarche se fait à Cayenne, à plusieurs jours de route et de pirogue. Voilà de quoi décourager tout esprit qui manquerait de volonté.
Une administration coloniale qui ne lâche rien
Pour les plus déterminés, habitués à la politique de la débrouille, ils deviennent salariés de ceux qui ont réussi à décrocher le précieux sésame : le droit d’exploitation de la terre aurifère. Des propriétaires qui bien entendu, choisissent de rester sur le littoral pendant que leurs employés récoltent l’or.
Très vite, ces contrats oraux ou écrits, au fil du temps, disparaissent pour plusieurs raisons : le manque de ravitaillement en nourriture, en outils pour travailler. Les ouvriers sont de surcroît mal payés. Ils décident donc d’aller trouver une meilleure vie ailleurs.
Un siècle et demi plus tard, comme suspendue dans le temps, Saül n'a pas beaucoup changé. Lors des fortes pluies, quand le vent semble vouloir tout emporter sur son passage, quand la brume cache les cases et paysages qu’elle perçoit, quelques optimistes sondent le sol à mains nues, pour tenter de repérer dans cette poudre argileuse, quelques pépites égarées.
C’est ainsi que l'on vit à Saül, en 2021. Une vie simple, comme au siècle dernier, comme celui d’avant.
Aujourd'hui encore, ils sont nombreux, ceux, tombés amoureux de la commune dès la première visite. Des touristes conquis par l'âme de cette terre d'Amazonie et qui n’ont pas hésité à tout abandonner pour s’y installer.
C’est le cas de Christian Boutrin, retraité d'EDF. Il tient l’une des deux épiceries officielles de Saül :
Christian Boutrin a été piqué par Saül en 2010
S'il règne une atmosphère paisible à Saül et que l'accueil y est chaleureux, vivre sur place n'est pas de tout repos.
Affaire à suivre...