Nouvelle opposition entre droits coutumiers et application de la loi. Jeudi dernier à Kourou les agents des affaires maritimes ont saisi des filets de pêche posés par les habitants du village amérindien. Une affaire qui a secoué la communauté.
La colère gronde au village amérindien de Kourou. Jeudi dernier une patrouille de l’unité littorale des Affaires Maritimes a saisi des filets de pêche posés à quelques mètres du rivage. Du haut de ses 89 ans, Laudatte Ti Joseph ne comprend pas les raisons d’un tel acharnement :
Jamais les blancs n’ont agi ainsi avec nous et maintenant ils le font sans demander quoique ce soit comme si nous n’avions pas de chef coutumier.
Son fils Alain pratique régulièrement la pêche au filet. Il ne posséde pas de pirogue. Lors de l’intervention des forces de l’ordre, il pensait avoir affaire à des voleurs car il en est souvent la victime. Il a fallu l’intervention des gendarmes afin de ramener le calme. Alain Ti Joseph dit ne pêcher que des espèces autorisées pour nourrir sa mère et sa famille.
Des filets saisis dans la zone de balancement des marées
Selon les Affaires maritimes, les filets saisis étaient positionnés dans la zone de balancement des marées. Celles où les tortues sont en danger et où les jeunes poissons évoluent en nombre. Une zone dédiée également aux plaisanciers mais surtout à la protection de la ressource halieutique. Mais voilà, le chef coutumier estime que les pêcheurs du village ne sont pas les plus dangereux. Jean Aubéric Charles, chef coutumier du village amérindien de Kourou :
Le seul souci c'est les pêches illégales qui posent problème aux ressources halieutiques. Ce n'est pas compréhensible de notre part. On s'attaque au petit malheureux qui cherche un moyen de subsistance et par ailleurs les grands pêcheurs ont ne peut pas les attaquer.
Une fois de plus, droit coutumier et loi de la république sont opposés souligne Eric Louis, chef coutumier du village Kuwanon et membre du Comité Autochtone de Guyane :
Il parait que nous sommes en décadence avec la loi et cette loi n'est pas du tout en conformité avec l'existence du village qui se trouve ici. Il faut savoir que la ville de Kourou s'est construite autour de ce village ... Ni les services de l'état, ni la loi ne peuvent contourner l'existence des peuples autochtones de Guyane.
Une réunion est programmée mardi entre les chefs coutumiers et les autorités, afin de trouver un terrain d’entente et ramener le calme au sein de la communauté.