Une assemblée plénière sous haute tension. Ce vendredi 16 décembre, de 9h00 à 15h30, une partie des élus de la Collectivité Territoriale de Guyane a participé à une séance plénière, puis à une commission permanente durant laquelle plusieurs thématiques ont été évoquées. Parmi elles, deux dossiers ont fait grand bruit dans les médias et sur les réseaux sociaux ces dernières semaines.
Le projet du restaurant à l'Anse Chaton rejeté
La première affaire concerne Alain Eoche et son projet d'ouvrir un restaurant "Le Chéri". La délibération concernant la mise à disposition de la maison créole située à l'angle de l’Avenue Louis Pasteur et de la rue Armand Rosemon, lieu-dit Chaton - pour y exercer une activité de restauration - a été rejetée en commission permanente par la majorité des votants (16 voix contre 12).
Le restaurateur était en concurrence avec deux autres projets pour la location de ce bien immobilier. Il l'aurait obtenu à l'issue de deux entretiens auxquels ont été soumis les candidats. Plus tard, la collectivité aurait alors décidé de lui remettre les clés du bien afin qu'il effectue des démarches administratives (abonnement pour l'eau et l'électricité), rien de plus.
Il y a dans ce dossier un certain nombre de maladresses, je le reconnais. C'est le fait que le gagnant de cet A.M.I ait voulu aller vite, peut-être trop vite. Parce qu'il nous a dit très clairement qu'il est chef d'entreprise, qu'il a sept salariés et qu'il devait s'organiser pour que ces salariés ne restent pas trop longtemps en chômage technique.
Gabriel SERVILLE, président de la Collectivité Territoriale de Guyane
Pour rappel, en mai 2022, Alain Eoche avait sollicité la CTG en proposant de réhabiliter l'établissement. C'est suite à cette manifestation d’Intérêt spontanée que la CTG avait publié un avis de publicité pour "permettre à tout tiers, susceptible d’être intéressé par l’occupation de cet immeuble, de se manifester en vue de la réalisation d’un projet similaire". Seulement, en novembre, des élus se sont opposés à ce projet, pointant notamment des méthodes discutables liées à l'attribution du projet.
C'est à vous d'assumer la manière dont ça a été conduit, dans une opacité complète. Jusqu'à présent, Muriel Briquet et moi-même avons fait une liste de pièces qu'on demande à voir... On ne veut pas nous les transmettre, c'est opaque [...] Clairement, moi je voterai contre, et ce n'est pas contre le restaurateur. C'est la manière dont cela s'est déroulé et la manière dont, aujourd'hui, vous voulez qu'on rattrape votre méthode qui est plus que contestable.
Isabelle PATIENT, élue de l'opposition à la Collectivité Territoriale de Guyane
Et pour cause, Alain Eoche aurait débuté les travaux de cette maison créole abandonnée - propriété de la CTG - avant d'obtenir le permis pour réaliser ces travaux. La convention n'avait pas encore été signée. Un chantier avancé au point que ce dernier ait envoyé des invitations pour une inauguration, inauguration annulée "pour des raisons techniques" après l'exposition de l'affaire. Finalement, le projet n'aboutira pas et M. Eoche devra quitter les lieux.
Le budget alloué aux déplacements des élus délégués
Autre sujet brûlant abordé au cours de cette commission permanente : les mandats spéciaux attribués aux conseillers territoriaux délégués depuis le début de la mandature de Gabriel Serville. Ils permettent notamment de payer les déplacements des conseillers territoriaux .
J'ai compté dans les rapports 25 voyageurs, et donc 49 voyages, 50 si je compte celui de madame Aïssatou Chambaud qui revient de la Réunion. Et donc je me suis interrogée sur le nombre de ces voyageurs en un an et demi, et sur le nombre de voyage qu'ils avaient effectué.
Audrey Marie, élue de l'opposition à la Collectivité Territoriale de Guyane
Certains conseillers auraient voyagé six fois, par exemple. Cela fait suite à la circulation d'un document sur les réseaux sociaux. Un document erroné, a affirmé Thibault Lechat-Véga (3e vice-président), directement concerné par cette pièce. Audrey Marie a aussi questionné le président sur les motifs de voyage des conseillers et la durée de leurs différents déplacements. Elle a également évoqué des incohérences dans les dates de certains voyages.
Thibault Lechat-Véga s'est donc justifié sur ses dépenses, expliquant notamment qu'il est logé à ses propres frais lorsqu'il est à Paris. "Personne ne peut croire que je profite de l'argent de la CTG pour partir en vacances", a-t-il indiqué. Le 3ème vice président a également affirmé que sa présence était nécessaire, pour défendre les intérêts de la Guyane, lors de plusieurs rendez-vous. Le président Gabriel Serville a, de son côté, informé les membres de la commission permanente qu'il avait décidé de ne plus utiliser le chauffeur personnel qui lui était dédié lors de ses déplacements dans l'Hexagone.
En réponse aux interrogations de l'opposition - composée d'élus de la précédente mandature - le président de la CTG a comparé les budgets annuels dépensés pour les déplacements des élus depuis 2019. "On a dépensé 100 503, 50 euros depuis le début de la mandature (soit en 2022)", a-t-il indiqué. Tandis qu'en 2019, sous Rodolphe Alexandre, 191 028,74 euros auraient été dépensés. Les années 2020 et 2021 n'ont pas été prises en compte, jugées non représentatives en raison de la crise sanitaire.
Pour revoir la séance plénière :