« Je viens de payer 7 euros la bouteille de deux litres de jus, s’exclame Noni, 19 ans. Tout est cher ! »
Noni sort de l’une des trois supérettes de Maripasoula. La semaine dernière, elle a traversé le fleuve pour aller faire ses courses au Surinam. « C’est cher aussi et il leur manque des produits », remarque la mère de famille de trois enfants.
Le transport fluvial quasiment à l’arrêt
Depuis 18 mois, La Guyane fait face à un déficit pluviométrique qui aggrave la sécheresse actuelle. Ces dernières semaines, il ne pleut pas sur le Maroni. Le niveau du fleuve ne cesse de baisser,
« Moins 5 cm d’eau par jour », souffle un chef coutumier du Haut-Maroni.
Le saut de Mankaasiaba - l’homme couché en travers - porte bien son nom car il est devenu infranchissable. Ici, le transport en pirogue est quasiment à l’arrêt. L’accès à la plus vaste commune de France par le fleuve est maintenant quasiment impossible.
L’approvisionnement est limité au fret aérien et dans le village les produits frais et de premières nécessités commencent à se faire rares.
Des denrées alimentaires qui se font attendre
Le 31 octobre, la préfecture a déclenché un plan ORSEC eau pour coordonner la livraison de denrées alimentaires dans les communes isolées, mais sur place les effets se font attendre.
« Il manque plein de produits dans les rayons, remarque Filomin Manotini, professeur au collège de Maripasoula. Je prends ce que je trouve, du pain, des pâtes. Je viens de faire 39 euros de courses mais je n’ai pas grand-chose dans les sacs ».
Des pénuries et des prix exorbitants
Pas de bouteille d’huile, pas de pack d’eau, des produits manquent dans les rayons des supérettes et ceux qui restent sont à des prix exorbitants. Le sac de riz de 5 kilos est à 30 euros, la boîte de lait en poudre pour enfant à 26 euros, le pack d’eau à 18 euros quand il y en a et les rares bouteilles de gaz encore à vendre à Maripasoula sont à 100 euros.
« Il n’y a des choses que je n’achète plus, le riz est devenu trop cher, je privilégie les produits pour mes enfants », explique Rosiane Agelisas, membre du collectif Apachi qui milite pour le désenclavement de la Guyane.
Un manque d’anticipation dénoncé par des habitants
Selon le collectif Apachi, la sécheresse et ses difficultés d’approvisionnement auraient dû être anticipées par l’Etat. Rosiane Agelisas dénonce aussi l’absence de contrôle des prix.
D’un budget « courses » habituel de 80 euros par semaine, cette mère de famille dépense aujourd’hui près de 150 euros pour remplir son frigo.