Sécheresse sur le Maroni :les prix des produits de première nécessité flambent à Maripasoula

Sécheresse sur le Maroni : des prix sous contrôle mais sans contrôle des abus ©Guyane la 1ère
Le haut Maroni vit un épisode de sécheresse exceptionnelle, le fleuve est à sec. Cela ne s’était pas vu depuis 60 ans selon Météo France Guyane. Le prix des denrées acheminées par hélicoptère a flambé y compris celui de l’essence normalement réglementé. Pour éviter l’inflation la DGCOPOP (Direction générale cohésion et population) réalise des contrôles réguliers mais les prix demeurent très élevés.

Virginie Lebacq et Marylène Rupert se rendent chaque semaine à Maripasoula afin de vérifier si les tarifs pratiqués par les commerçants restent stables. Avec le Maroni à sec, la pénurie de certaines denrées a provoqué une flambée des prix.

Contrôle des prix dans une supérette à Maripasoula

« Nous avons sur la liste, les codes de correction qui ont été indiqués. Le commerçant s’est engagé à pratiquer un prix de 10 euros et nous avons constaté ce prix sur l’affichette. Nous vérifions que c’est bien en rayon et qu’il n’y a pas de rupture. » Indique Virginie Lebacq.

Affichage des prix sur le mur d'un commerce de Maripasoula

La collectivité territoriale a proposé aux commerçants de signer une convention pour un fret aérien à moitié prix.

À Maripasoula, aucun gérant de libre-service n’a signé cette convention, préférant ne pas passer par ce service. Leur argument : aucune garantie de la date de livraison.

« Cela prend énormément de temps à arriver. Si tu prends cette option tu ne sais pas quand arrivent tes produits alors que si je paye mon propre frêt, cela arrive plus vite et c’est mieux pour moi. »

Des prix encore très élevés malgré les contrôles mis en place.

« Effectivement on est encore sur des tarifs un peu élevés mais on peut comprendre par rapport au transport. Mais les prix sont quand même plutôt bien respectés. » reconnaît Virginie Lebacq

Chez cet autre commerçant, le prix de nombreuses denrées n’est pas mentionné.

Ce contrôle a ses limites. Le commerçant ne peut pas être sanctionné car les prix dans les magasins restent libres.

« Sur l’eau il y a une grosse différence, le pack d’eau est quasiment à 20 euros alors qu’à Cayenne, il est plutôt autour de 5 à 6 euros, le riz à 5 euros le kg contre 3 à 4 euros normalement. »

Malgré les ravitaillements mis en place dans le cadre du plan ORSEC, vivre à Maripasoula coûte encore très cher comme le confirme ce client qui a payé ses aliments, un paquet de gâteaux, deux tablettes de chocolat et ses yaourts 18 euros, fataliste : c’est hyper cher mais on n’a pas le choix.
Cet autre client venu à mobylette acheter son lait en payant son essence 6 euros le litre.

Le carburant hors de prix

Le préfet de Guyane fixe tous les mois les prix des bouteilles de gaz et du carburant. Mais Maripasoula fait exception à la règle.

La commune ne dispose d’aucune station-service. Automobilistes, cyclomotoristes et piroguiers n’ont pas d’autres solutions que de se ravitailler au Surinam, juste en face de Maripasoula sur la rive Mapa. Le litre coûte 8 euros confirme un piroguier, la bouteille de gaz 120 euros : « Tout est cher pour nous ce n’est pas cool »

Du carburant hors de prix sur le Maroni et des conditions d’approvisionnement bien loin du cadre réglementaire comme cette pirogue qui fait office de station-service.

Le litre de gasoil coûtait auparavant sur la rive surinamaise 2,55 euros. Avec le Maroni encore à sec, le carburant se négocie à 5 euros le litre. Un piroguier surinamais précise : « A Albina on paye en SRD 1 euro le litre mais Albina c’est loin d’ici en pirogue, donc tout est cher ! »

Au Surinam comme en Guyane, les populations des deux rives du Maroni subissent de plein fouet, l’inflation des prix des denrées de première nécessité.