Il y a dix jours, un grave accident se produisait au Surinam, entre Moengo et Albina. Les blessés, d'origine haïtienne, se rendaient à Saint-Laurent afin d’obtenir l’asile. Depuis trois semaines, la sous-prefecture enregistre un afflux inhabituel de réfugiés.
Il y a dix jours, un grave accident se produisait sur la route, entre Moengo et Albina faisant 7 victimes. Des blessés aussitôt pris en charge, par les secours français et acheminés au CHOG, le centre hospitalier de l'ouest guyanais. Ces personnes, toutes d’origine haïtienne, se rendaient à Saint-Laurent afin d’obtenir l’asile. Deux d'entre elles, ont pris la fuite, à l'arrivée des pompiers. Depuis trois semaines, le nombre de demandeurs d’asile à la frontière, a considérablement augmenté. Une des conséquences d’une affaire qui fait grand bruit au Surinam.
6 vols charters en 15 jours
Cest l’affaire qui actuellement fait les grands titres des journaux surinamais. En quinze jours, ce mois d'avril, six vols charters ont eu lieu entre Haïti et le Surinam. Au total, ce seraient près de 600 personnes qui munies d’un visa touristique, foulent actuellement le sol surinamais. Parmi elles, de nombreux enfants non accompagnés. Dans le même temps, la sous-préfecture a enregistré un nombre record de demandes d’asiles de la part de ressortissants haïtiens. Un chiffre inhabituel, incitant les autorités préfectorales de Guyane, à saisir l’Ambassadeur français au Surinam, Antoine Joly.
Mon attention a été attirée par la préfecture de Guyane sur une augmentation de ressortissants haïtiens aux portes de la Guyane. Aussitôt j’ai saisi officiellement les autorités surinamaises pour comprendre. Il s’avère que 6 vols charters en provenance d’Haïti ont atterri au Surinam transportant près de 600 personnes. Un chiffre qui a également surpris les autorités du Surinam, d’autant plus que l’espace aérien est fermé en raison de la crise sanitaire. Les vols ont été suspendus le 16 avril. Ce qui m’a surpris en regardant les listes de passagers des deux derniers vols, c’est le nombre de jeunes enfants non accompagnés : 65. J’ai effectué deux saisines auprès du gouvernement, d’abord des éclaircissements sur les vols charters et ensuite sur les autorisations de circulation délivrées aux enfants non accompagnés.
Des charters "humanitaires"
Le Président du Surinam, Chan Santokhi, a décidé de lancer une enquête. En attendant ses résultats, les vols en provenance d'Haîti, sont suspendus. Il s’avère qu’une véritable organisation structurée a été découverte. Un homme est montré du doigt, l'organisateur de "ces charters". Il s’agit de Jean Mixon, concessionnaire automobile, politicien, également à la tête d’une fondation "Team Haïti". C’est lui, qui organise les vols charters, sous couvert de solidarité. Les coûts de l’installation de quarantaine, des tests PCR en Haïti, les visas touristiques ( accessibles en ligne), les vols/transports et hébergements à l’hôtel sont pris en charge, financés par les "dons" des voyageurs. Accusé de trafic d’êtres humains, il réfute - avec un cynisme effarant - ces accusations et organise selon lui, ces transports par pure bonté d’âme.
Les gens me demandent de l’aide pour amener un membre de la famille. Ce qu’ils font ensuite, ce n’est pas mon problème. Si vous partez en vacances, votre agent de voyage n’est pas tenu responsable si vous allez dans un autre pays.
De nombreux enfants
En attendant, près de 600 personnes sont dans la nature. Parmi elles, de nombreux enfants. Le consul d’Haïti du Surinam n’a pas été consulté pour leur entrée dans le pays. De nombreuses questions sont en suspens : comment ses mineurs non accompagnés ont pu voyager ? Quelle est leur destination ? Doivent-ils rejoindre des parents basés au Surinam, au Brésil ou en Guyane ? Ces interrogations demeurent.
Nous sommes très inquiets sur le nombre d’enfants non accompagnés arrivés sur le territoire. Nous souhaitons collaborer avec les autorités surinamaises et l’office international des migrations. Nous participons actuellement aux différentes réunions de sécurité. Pour l’heure, les vols sont suspendus jusqu’aux résultats de l’enquête diligentée par les autorités surinamaises. Ils devraient reprendre le 20 mai. Nous restons vigilants.
L'enquête devrait déterminer la légalité de ces charters "humanitaires" venus d'Haïti, en pleine crise sanitaire, près de 600 ressortissants haîtiens fuyant un pays en crise. Une chose est sure, pour beaucoup, cette nouvelle route de l'immigration, financée par la misère humaine, a une destination finale : la Guyane.