Il y a plus de 4800 étudiants en Guyane, parmi eux un nombre important ont peu de ressources, et souvent pas de bourse. Depuis le début de la pandémie, des aides alimentaires ont été distribuées à l’initiative du Crous, d’entreprises locales et autres associations. Ce matin, les services sociaux de Rémire-Montjoly et de Cayenne étaient à l’œuvre pour cette distribution de 400 paniers.
Des étudiants dans la débrouille permanente
Les étudiants munis de leur carte et qui s’étaient préalablement inscrit attendaient patiemment leur tour pour récupérer un panier. Carole, 24 ans, étudiante en Sciences de l’environnement de 2e année, veut aller jusqu’au master pour devenir chargée de mission en entreprise ou dans une association :
« Vu le contexte sanitaire, cette aide est intéressante. Nous sommes plusieurs à être dans le besoin, tout le temps en situation précaire. Je n’ai pas de bourse, je travaille durant les vacances. Le budget est serré. »
Luis approuve cette initiative, boursier, il dispose de 570€ par mois. Une fois prélevé le loyer de 300€, il utilise le reste de la somme pour les courses et se transporter. Cela n’est pas assez pour tenir un mois entier car la vie est très chère. Etudiant en 3e année d’AES, il s’intéresse à l’entreprenariat et au secteur des loisirs pour les enfants :
Edith, étudiante en licence de langues littérature civilisation étrangères et régionales, trilingue (français, anglais, portugais) souhaiterait être traductrice ou prof de portugais. Investie dans l’association étudiante, elle faisait partie de l’organisation solidaire et témoigne de situations difficiles vécues par certains de ses camarades :
Une opération solidaire qui pourrait être renouvelée tous les deux mois
Cette distribution qui n’est pas la première du genre, sera renouvelée tous les deux mois. C'est que souhaite le directeur du CCAS de Rémire-Montjoly, Albert Rogier :
« Nous constatons journellement la grande précarité alimentaire et de l’hygiène de beaucoup d’étudiants. Nous avons mutualisé nos moyens avec ceux de Cayenne pour cette opération. Nous avons donc 400 paniers alimentaires... et nous voudrions que toutes les communes du territoire de la CACL participent également car les étudiants viennent de partout »
Ces denrées alimentaires ont été récupérées auprès de sociétés et d’entreprises qui ont l’habitude de participer à des collectes solidaires. Cette précarité touche aussi l’hygiène menstruelle. L’association MOÖ UMA spécialisée dans le bien être féminin offrait aussi ce matin des packs intimes lavables. Steffy Séné, gérante d’entreprise explique la démarche :
« MOÖ UMA développe des produits hygiéniques fabriqués localement. L’objectif aujourd’hui est de pouvoir s’équiper en protections hygiéniques lavables locales. Elles durent 5 ans. Cela évite aux jeunes femmes de se procurer mensuellement des protections jetables. Participer à cette opération c’est montrer qu’en Guyane nous nous investissons pour pouvoir aider les personnes en situation difficile…»
Actuellement hébergée chez l’habitante, Marie-Line, étudiante en licence AES, bénéficie pour la première fois de l’aide alimentaire. Elle apprécie ce « souffle ». Elle fait des jobs de ménage qui lui assurent 400€ mensuels. Décrocher un diplôme universitaire est une étape importante pour espérer intégrer un circuit de vie professionnelle normale…