Tout a démarré ce 2 mai vers 6h du matin quand des habitants de ce village se sont soulevés contre la société Grassalco. Une entreprise minière qui exploite du bois dans le secteur de Pikin Saron.
Un bilan mortel et d’importants dégâts
Au cours de cette échauffourée 10 camions de grumes et un poste de police ont été incendiés, 2 chauffeurs pris en otage et dépouillés. Il aura fallu l’intervention de la police pour les libérer.
S’en sont suivis des échanges de tirs entre les parties entrainant 2 morts, plusieurs blessés parmi les civils et 2 policiers admis aux urgences pour blessures par balles.
Une unité mixte composée de policiers et de militaires a été envoyée sur place pour rétablir l'ordre.
Quelles sont les raisons de ce déchainement de violences ?
Si on ne connait pas les raisons exactes de cette révolte, il faut souligner que les habitants de Pikin Saron et de Powakka, un autre village, avaient déjà manifesté pacifiquement la semaine passée. Il est à noter, qu’en peu de temps, au moins 5 terrains de plus de 3 hectares ont été attribués à des tiers. Les documents montrent des dates de délivrance entre août et novembre 2022. Les autorités coutumières ont été entendues à l’assemblée à ce sujet au début du mois d’avril.
Une parlementaire avait d’ailleurs publié une tribune dans le quotidien Starniews. Jennifer Peaceful y dénonçait de la spéculation foncière et en précisant qu’une plainte a été déposée auprès du procureur général.
Elle rappelait également que le Suriname a été reconnu coupable de violation des droits des peuples autochtones par la Cour interaméricaine des droits de l'homme dans l'affaire du verdict Kalinia – Lokono en 2016.
Le site placé sous le contrôle de la Police et de l’Armée
Ce matin, le ministre de la Justice et de la Police est intervenu. La situation est désormais sous contrôle. Il a fait un point sur ce qui s’est déroulé à Pikin Saron en regrettant la survenue de cette violence qui a entrainé 2 morts et des blessures à 2 policiers. Néanmoins il a fermement rappelé que telles situations ne sont pas tolérables. Le site est pour le moment inaccessible aux civils.
Un renfort de police, assistée de l’armée, y est déployé afin de protéger la population du secteur et retrouver les auteurs des crimes. Certains seraient déjà connus des services de sécurité.
Le gouvernement engagera un dialogue avec la communauté indigène et tiendra des pourparlers avec l'Organisation des villages indigènes collaborateurs de Para, Wanica et Commewijne (OSIP) et l'Association des Chefs de villages autochtones au Suriname.
Un appel au calme qui sonne comme une alerte
L’Association des Chefs de villages autochtones au Suriname a publié ce matin une déclaration dans laquelle elle apporte des explications sur ce qui se passe dans cette zone du Suriname. Elle appelle à un retour au calme et surtout à un dialogue entre habitants et autorités. Mais alerte sur la nécessité d’une politique plus juste et appropriée dans ce secteur du pays : « Bien que nous ne tolérions ni ne soutenions absolument pas la violence et la destruction, nous considérons cette explosion comme un signal clair que nos communautés et nos territoires ne veulent plus attendre leur tour. »