2006, une deuxième victoire acquise avec le peloton guyanais
Vêtu d'un débardeur noir, Patrice De Nays Candau laisse voir sur ses épaules les cicatrices des nombreuses chutes sur le bitume de sa vie de cycliste. Sourire aux lèvres, il évoque les deux tours de Guyane qu'il a remporté :
"En 2006, j'étais vraiment en forme, je m'étais préparé pour cela, j'avais gagné une étape au tour de Martinique. Je suis arrivée avec une grande fraîcheur sur le tour de Guyane. Je prends le maillot jaune dès la deuxième étape à Sinnamary et avec mon équipe du Vélo Club nous essayons de le conforter jusqu'au dernier jour. Il y avait de fortes équipes invitées dont les sélections de la Guadeloupe et de la Martinique avec déjà Johan Ruffine, Hervé Arcade, Laurent Mickaël."
Sa réussite sur ce tour ne tient pas qu'à son club. Elle sera aussi le fruit d'une entente guyanaise :
"D'autres guyanais pouvaient aussi remporter le tour. Nous avons mis une tactique en place pour protéger le maillot jaune en faisant en sorte que tous les guyanais bien classés comprennent que me piéger allait aussi contre leurs intérêts. C'était un tour très difficile mais il n'y a pas de tour facile. Le maillot jaune apporte la pression, il faut le gérer, prévoir les faits de course pour contrecarrer tous les stratégies et cela jusqu'au dernier jour."
Et justement Patrice s'est fait une grande frayeur sur le dernier jour :
"J'ai crevé à un ou deux tours de l'arrivée sur le circuit de la place des palmistes. J'ai du remettre en marche pour revenir sur le peloton sinon Marco Ponte de l'Espoir cycliste guyanais remportait le tour. C'était un très beau tour qui allait très vite!"
En 1998, premier succès sur le tour de Guyane et une émotion intense
Pour le champion, 1998 reste une année inoubliable. Il remporte pour la première fois le tour de Guyane devant une adversité particulièrement redoutable :
"La sélection de la Guadeloupe était très très forte, il y avait José Durimel, Daniel Bernal notamment. Quand j'ai pris le maillot jaune sur l'étape d'Iracoubo, j'étais en sélection de Guyane, il restait 4 jours de course, il a fallu cogiter pour mettre en place les tactiques pour que je remporte ce tour. Jean Ringuet qui était aussi dans la sélection m'a géré pour que je ne me fatigue pas trop. La course était très rapide, plus qu'en 2006."
Ce tour qu'il remporte 18 ans après le succès de Sylvère Ringuet a une saveur particulière pour les Guyanais. Ils attendaient la victoire d'un des leurs depuis si longtemps.
"Quand je franchis la ligne, la Guyane était vraiment en ébullition sur la place des palmistes à l'arrivée. Cela a été une émotion énorme, intense pour moi qui m'a marqué, la plus forte de ma carrière.
Patrice admet que sur ces deux compétitions, il y a eu une solidarité guyanaise sans laquelle il n'aurait peut-être pas gagné. Mais pour y parvenir, il est tout de même indispensable d'avoir certaines qualités :
"Il faut deux qualités principales : être bon au contre la montre individuel, savoir passer les bosses sans être forcément un excellent grimpeur. J'avais ces deux qualités et mon point fort c'est que je suis attaquant.Je n'aime pas rester au peloton. Il faut être dans les bons coups. Être stratège pour partir avec les meilleurs, gérer son classement. Je dirai qu'étant aussi rouleur, je suis un coureur presque complet car je ne suis pas sprinteur."
Patrice De Nays Candau ne rêve pas de remporter un troisième tour. Il n'a pas cette prétention. Il a encore les jambes, il a gagné deux courses cette année malgré son âge. Il va poursuivre sa passion l'année prochaine en compagnie de ses deux fils.
Il pourrait bien nous surprendre.