A 19 ans, Oscar prend des risques considérables pour faire transiter de la cocaïne entre la Guyane et Paris. Le jeune homme s’est confié dans une interview pour le moins saisissante.
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Swann Vincent Romney – Bonjour Oscar (le nom a volontairement été changé), pour commencer, est-ce que vous pouvez nous raconter comment tout ceci a commencé pour vous ?
Oscar – J’avais 17 ans à l’époque, je vivais à Saint-Laurent du Maroni avec ma mère et mes six frères et soeurs. C’était la galère, tu sais … On vivait dans des cases en bois et on ne pouvait pas faire autrement parce que ma mère n’a pas les papiers français. J’allais au lycée normalement et j’étais plutôt bon en maths vous voyez ce que je veux dire ? J’avais jamais été dans aucun trafic ou autre. Et puis au moment de partir en France pour poursuivre mes études, des types sont venus me voir et m’ont parlé de chiffres du genre … Enfin … Beaucoup d’argent quoi… Et voilà, j’ai accepté et c’était parti.
SVR – Ce fut aussi simple que ça ? Racontez-nous votre première fois.
Oscar – Oui, c’est allé très vite. On en a parlé avec les types et deux jours après, ils m’ont fait prendre la marchandise (on parle bien de cocaïne). Ils m’ont donné des conseils sur comment je devais l’avaler, ou comment je pouvais la cacher sur moi ou dans ma valise. Ils ne te forcent à rien sur la méthode, il faut juste que leur marchandise arrive à destination. Le reste ils s’en foutent. Et pour ma première fois, j’ai avalé une bonne soixantaine d’ovules (environ un demi kilo), que j’avais emballées dans du film plastique. J’avais trop peur d’en laisser dans ma valise alors je me suis dit qu’il valait mieux tout avaler. C’était très désagréable, je me sentais vraiment pas bien, mais c’est allé vite. J’ai fait un tour chez le coiffeur pour être le plus clean possible au niveau du faciès, j’ai mis des linges sobres et finalement ça s’est bien passé.
SVR – Jamais vous n’avez douté ? Même à l’aéroport ?
Oscar – En fait, le truc c’est de rester le plus calme possible. Les douaniers sont malins, mais nous aussi. C’est comme le jeu du chat et de la souris. Si vous faites le moindre faux pas, ils vous attrapent. Donc il faut rester calme, bien faire son truc et prier que rien ne foire. Et je n’ai aucunement l’intention d’aller me perdre en prison, j’ai trop de choses à accomplir.
SVR – Combien de passages avez-vous effectués jusqu’à maintenant ? Et combien est-ce que ça vous a rapporté ?
Oscar – J’en ai fait plusieurs. Et je ne préfère pas parler de chiffres. (rires)
SVR – Permettez-moi d’insister, pour prendre autant de risques, il faut que les bénéfices soient à la hauteur de l'enjeu, non ?
Oscar – Oui. Ils sont très important à la fin. Je n’en dirais pas plus.
SVR – Comment vous sentez-vous après tout ça ?
Oscar – Bien. Il y a l’offre et la demande. Personne ne m’aide. Et personnellement je ne pense à rien d’autre qu’à l’argent. Je peux aider ma famille et être à l’aise. Je vais à l’école comme tout le monde. Je mange et je bois comme tout le monde. Je fais juste de l’argent différemment. Le reste, pour être honnête, je m’en fous. Personne n’était là quand ma mère ne savait plus comment nous donner à manger donc voilà. Je n’ai forcé personne à consommer de la cocaïne, c’est leur problème. Moi, je veux juste mon argent.
SVR – Pensez-vous retenter votre chance ?
Oscar – Non, enfin pas pour le moment. J’ai de quoi voir venir. Je n’ai pas envie de vivre de ça. Après, l’appât du gain c’est quelque chose vous savez …
SVR – Quel est votre avis sur ce phénomène de mules qui prend une ampleur sans précédent en Guyane ?
Oscar – Là où il y a de l’argent, il y aura du business. C’est comme ça. Personnellement, ça ne me dérange absolument pas de faire passer « la blanche ». Ce n’est pas moi qui la vend, ce n’est pas moi qui l’échange, qui la coupe etc. Moi, je suis comme un facteur, mais pour les vendeurs de cocaïne. Les gens souffrent chez moi, et l’argent est le remède à tous leurs maux.
SVR – Vous êtes-vous déjà senti en danger lors de vos transactions ?
Oscar – Non. Enfin, je sais qu’il ne faut pas déconner avec ces types là. On n’est pas dans les films. C’est la réalité. Ils marchent armés pour de vrai. Ils tirent pour de vrai. Chez nous ça va très vite. Donc vaut mieux faire ce que tu as à faire et ne pas chercher d’embrouilles pour que tout se passe bien. Et j’estime savoir ce que je fais, donc vu que je n’ai jamais essayé ou même pensé à « la faire à l’envers » à qui que ce soit, je n’ai jamais eu de raison de me sentir en danger.
Pour les “gros trafiquants”, le code pénal prévoit des sanctions variables selon le contexte :
- le transport, la détention, l’offre, la vente ou l’achat de stupéfiants exposent à 10 ans d’emprisonnement et 7 500 000 € d’amende (art. 222-37 du Code pénal)
- la production ou la fabrication illicites de stupéfiants est un crime passible de 20 ans de réclusion criminelle et d’une amende de 7 500 000 €, cette peine pouvant être portée à 30 ans si les faits sont commis en bande organisée (art. 222-35 du Code pénal)
- l’exportation et/ou l’importation illicites de stupéfiants sont punis de 10 ans d’emprisonnement et d’une amende de 7 500 000 €, cette peine pouvant être portée à 30 ans si les faits sont commis en bande organisée (art. 222-36 du Code pénal)
Des peines équivalentes sont prévues en cas d’importation ou d’exportation illicites de stupéfiants, ou de délivrance de stupéfiants au moyen d’ordonnances fictives ou de complaisance, ou de facilitation, par quelque moyen que ce soit, d’usage illicite de stupéfiants.
Source : cidj.com
Oscar – J’avais 17 ans à l’époque, je vivais à Saint-Laurent du Maroni avec ma mère et mes six frères et soeurs. C’était la galère, tu sais … On vivait dans des cases en bois et on ne pouvait pas faire autrement parce que ma mère n’a pas les papiers français. J’allais au lycée normalement et j’étais plutôt bon en maths vous voyez ce que je veux dire ? J’avais jamais été dans aucun trafic ou autre. Et puis au moment de partir en France pour poursuivre mes études, des types sont venus me voir et m’ont parlé de chiffres du genre … Enfin … Beaucoup d’argent quoi… Et voilà, j’ai accepté et c’était parti.
SVR – Ce fut aussi simple que ça ? Racontez-nous votre première fois.
Oscar – Oui, c’est allé très vite. On en a parlé avec les types et deux jours après, ils m’ont fait prendre la marchandise (on parle bien de cocaïne). Ils m’ont donné des conseils sur comment je devais l’avaler, ou comment je pouvais la cacher sur moi ou dans ma valise. Ils ne te forcent à rien sur la méthode, il faut juste que leur marchandise arrive à destination. Le reste ils s’en foutent. Et pour ma première fois, j’ai avalé une bonne soixantaine d’ovules (environ un demi kilo), que j’avais emballées dans du film plastique. J’avais trop peur d’en laisser dans ma valise alors je me suis dit qu’il valait mieux tout avaler. C’était très désagréable, je me sentais vraiment pas bien, mais c’est allé vite. J’ai fait un tour chez le coiffeur pour être le plus clean possible au niveau du faciès, j’ai mis des linges sobres et finalement ça s’est bien passé.
SVR – Jamais vous n’avez douté ? Même à l’aéroport ?
Oscar – En fait, le truc c’est de rester le plus calme possible. Les douaniers sont malins, mais nous aussi. C’est comme le jeu du chat et de la souris. Si vous faites le moindre faux pas, ils vous attrapent. Donc il faut rester calme, bien faire son truc et prier que rien ne foire. Et je n’ai aucunement l’intention d’aller me perdre en prison, j’ai trop de choses à accomplir.
SVR – Combien de passages avez-vous effectués jusqu’à maintenant ? Et combien est-ce que ça vous a rapporté ?
Oscar – J’en ai fait plusieurs. Et je ne préfère pas parler de chiffres. (rires)
SVR – Permettez-moi d’insister, pour prendre autant de risques, il faut que les bénéfices soient à la hauteur de l'enjeu, non ?
Oscar – Oui. Ils sont très important à la fin. Je n’en dirais pas plus.
SVR – Comment vous sentez-vous après tout ça ?
Oscar – Bien. Il y a l’offre et la demande. Personne ne m’aide. Et personnellement je ne pense à rien d’autre qu’à l’argent. Je peux aider ma famille et être à l’aise. Je vais à l’école comme tout le monde. Je mange et je bois comme tout le monde. Je fais juste de l’argent différemment. Le reste, pour être honnête, je m’en fous. Personne n’était là quand ma mère ne savait plus comment nous donner à manger donc voilà. Je n’ai forcé personne à consommer de la cocaïne, c’est leur problème. Moi, je veux juste mon argent.
SVR – Pensez-vous retenter votre chance ?
Oscar – Non, enfin pas pour le moment. J’ai de quoi voir venir. Je n’ai pas envie de vivre de ça. Après, l’appât du gain c’est quelque chose vous savez …
SVR – Quel est votre avis sur ce phénomène de mules qui prend une ampleur sans précédent en Guyane ?
Oscar – Là où il y a de l’argent, il y aura du business. C’est comme ça. Personnellement, ça ne me dérange absolument pas de faire passer « la blanche ». Ce n’est pas moi qui la vend, ce n’est pas moi qui l’échange, qui la coupe etc. Moi, je suis comme un facteur, mais pour les vendeurs de cocaïne. Les gens souffrent chez moi, et l’argent est le remède à tous leurs maux.
SVR – Vous êtes-vous déjà senti en danger lors de vos transactions ?
Oscar – Non. Enfin, je sais qu’il ne faut pas déconner avec ces types là. On n’est pas dans les films. C’est la réalité. Ils marchent armés pour de vrai. Ils tirent pour de vrai. Chez nous ça va très vite. Donc vaut mieux faire ce que tu as à faire et ne pas chercher d’embrouilles pour que tout se passe bien. Et j’estime savoir ce que je fais, donc vu que je n’ai jamais essayé ou même pensé à « la faire à l’envers » à qui que ce soit, je n’ai jamais eu de raison de me sentir en danger.
Trafic de drogue : les peines encourues
Les personnes accusées de trafic de stupéfiants s’exposent à de lourdes peines de prison et d’amende. Les “petits dealers” c'est-à-dire les personnes coupables de cession ou d'offre illicite de stupéfiants à un tiers en vue de sa consommation personnelle peuvent être punis de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. La peine d’emprisonnement peut être portée à 10 ans si les stupéfiants sont offerts ou vendus à des jeunes de moins de 18 ans ou dans des établissements scolaires (collèges, lycées…) ou lors des entrées ou sorties des élèves (art. 222-39 du Code pénal). Vendre ou offrir des stupéfiants, même à des amis, et même en petite quantité, est assimilé à du trafic.Pour les “gros trafiquants”, le code pénal prévoit des sanctions variables selon le contexte :
- le transport, la détention, l’offre, la vente ou l’achat de stupéfiants exposent à 10 ans d’emprisonnement et 7 500 000 € d’amende (art. 222-37 du Code pénal)
- la production ou la fabrication illicites de stupéfiants est un crime passible de 20 ans de réclusion criminelle et d’une amende de 7 500 000 €, cette peine pouvant être portée à 30 ans si les faits sont commis en bande organisée (art. 222-35 du Code pénal)
- l’exportation et/ou l’importation illicites de stupéfiants sont punis de 10 ans d’emprisonnement et d’une amende de 7 500 000 €, cette peine pouvant être portée à 30 ans si les faits sont commis en bande organisée (art. 222-36 du Code pénal)
Des peines équivalentes sont prévues en cas d’importation ou d’exportation illicites de stupéfiants, ou de délivrance de stupéfiants au moyen d’ordonnances fictives ou de complaisance, ou de facilitation, par quelque moyen que ce soit, d’usage illicite de stupéfiants.
Source : cidj.com