Ce lundi 14 juin, des militaires Brésiliens ont effectué un contrôle musclé d'une pirogue naviguant sur le fleuve Oyapock. A son bord, 7 personnes dont 2 élus en provenance de la commune de Ouanary. Les Guyanais ont été choqués par les conditions de cette interpellation.
Les dernières brumes matinales s’étirent ce lundi 14 juin sur les eaux de l’Oyapock. Sept habitants de Ouanary quittent leur village afin de se rendre à Cayenne via Saint-Georges: 3 femmes et 4 hommes d’une même famille. Parmi eux, 3 ont des consultations pour des soins à l’hôpital.
Après quelques minutes de navigation, leur pirogue est arraisonnée par une embarcation de la police militaire brésilienne, la BOPE qui surgit de derrière un îlot.
Une dizaine d’hommes lourdement armés, cagoulés et en treillis, se trouvent à bord. Débute alors un contrôle de police sans ménagement. Une première pour ces Guyanais de Ouanary.
Parmi eux, Marthe Rozé. Elle est encore sous le choc. Traumatisée.
Depuis lundi je ne dors pas, je suis sur les nerfs, je tremble. Je suis dans tous mes états à cause de cette histoire.
Les militaires brésiliens demandent alors les papiers des passagers qui présentent tout ce qu'ils ont: cartes d’identité, passeport et autres cartes d’élus de la République Française. Ils prennent des photos, filment, fouillent les bagages avec minutie, jusqu'à les endommager.
Au fond de la pirogue de la famille Rozé, un vieux fusil de chasse de quarante ans. Les militaires se font lors plus méfiants et exhortent les Guyanais à les suivre vers la rive brésilienne.
Marthe Rozé pense sa dernière heure arrivée.
Je vois le zodiac, ou je ne sais pas trop quoi avec une trentaine d’hommes, des militaires en plus de ceux qui étaient à côté de nous. J’ai eu peur. Très peur. J’ai cru que c’était fini. Terminé.
Malgré la présentation de la carte de chasse, le fusil et trois cartouches sont saisis. Les sept Guyanais sont libérés au terme d'un contrôle qui aura duré une heure.
Après une première main courante déposée à Saint-Georges, les époux Rozé décident de porter plainte à nouveau à la gendarmerie de Matoury pour vol de fusil. Ils prennent un avocat pour défendre leurs droits. L’association Trop Violans les accompagne également dans leurs démarches.
A la limite de l’incident diplomatique, Olivier Goudet, le président de la structure, réussi le tour de force d’obtenir un entretien en privé avec le consul du Brésil Luis Cintra.
Ce dernier ne cache pas son embarras.
Pour nous , c’est une question dont nous devons parler avec les autorités brésiliennes pour savoir ce qui s’est passé.[…] On doit investiguer pour savoir ce qui s’est passé.
La tension est retombée.
Après cet entretien jugé constructif par les deux partis, chacun attend le retour des autorités, en particulier de la Préfecture de Guyane, sur ce sujet qui vient entacher la coopération franco-brésilienne particulièrement vantée ces derniers mois.