L'inquiétude règne dans le milieu de l'enseignement. Mercredi 5 octobre 2022, l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), syndicat majoritaire au niveau local, a dressé le bilan de la rentrée scolaire. De nombreuses failles ont été pointées du doigt par l'organisation syndicale.
Un manque de visibilité pour "l'école inclusive"
L'UNSA dénonce d'abord le manque de concertation et de visibilité sur les dispositifs pour les élèves en situation de handicap, tel que "l'école inclusive", qui vise à intégrer les élèves en situation de handicap dans les établissements scolaires. Des failles qui perdurent, selon eux, dans l'Académie de Guyane.
On constate qu'il n'y a pas eu de bilan sur l'école inclusive au sein de notre académie. Donc, l'année dernière s'est terminée sans avoir la possibilité d'une bonne visibilité sur ce qu'on pourra faire ou non sur l'école inclusive.
Kelly COMPER, secrétaire académique du SE UNSA Guyane
Au sujet de l’école "inclusive", le rectorat précise qu’"une nouvelle organisation territoriale sera mise en place" au cours de l’année scolaire 2022-2023. Avec, notamment, la création des "Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisé (PIAL)", où s’organiseront des formations et le recrutement d’Accompagnants des Elèves en Situation de Handicap (AESH) référents.
Des salaires en retard pour les AESH
Justement, l’UNSA pointe également des retards dans le paiement des salaires d’une cinquantaine d’AESH. "La majeure partie [d'entre eux] a été concernée par cette difficulté. A savoir que, au mois de septembre, ils n'ont pas perçu de salaire. Certains ont été avertis d'un dysfonctionnement informatique, d'autres non, d'autres ont perçu des acomptes", explique Kelly Comper.
Un manque de personnel criant
L’UNSA évoque aussi une vingtaine de classes sans enseignant dans le primaire, sur le littoral. Autres problématiques dénoncées : le sous-effectif des infirmières scolaires (il y aurait 12 postes non pourvus à la rentrée), le sous-effectif chronique du personnel administratif du rectorat et les difficultés rencontrées par les enseignants dans les communes de l’intérieur (logements, transports, agro-activité).
Pour nous, il est vraiment important que le recteur prenne les choses à bras le corps, mais pas seul. Les municipalités aussi ont une responsabilité sur l'éducation dans les sites isolés. Il faudrait vraiment que des concertations se fassent avec les municipalités, le Rectorat et nous, organisations syndicales, où peut avoir la parole libérée pour qu'on puisse apporter des solutions et fluidifier les choses.
Pascal BRIQUET, secrétaire régional de l’UNSA Education Guyane
Une victoire pour la Prime REP+
Il y a tout de même une avancée : en 2023, la prime REP+ (pour Réseaux d'Education Prioritaire Renforcé) sera aussi versée aux non-enseignants. "On a obtenu 74 millions sur le projet Loi de Finance pour faire en sorte que, sur la prime REP+, tous les professionnels puissent bénéficier de cette indemnité [...] " explique Pierre Château.
Le secrétaire national de l’UNSA Education, en charge de la trésorerie et de la communication poursuit : "C'était seulement, parfois, les enseignants qui la percevaient, tous les autres métiers pourront l'avoir (infirmière, assistante scolaire, médecin scolaire, etc.)".
Des éléments de réponse apportés par le Rectorat
Selon le rectorat, sur la question du handicap, une cellule académique a été créée en juin, avec la MDPH, la CTG et l’ARS. Le service en charge de ce thème a été réorganisé pour mieux répondre aux familles. Les retards de salaires des AESH seraient liés aux nombreux dossiers à traiter à la rentrée, des avances ont été accordées et une réorganisation a été menée pour le personnel administratif.
Par ailleurs, au sujet du recrutement des infirmières scolaires, il s'expliquerait par la pénurie locale et nationale des soignants, précise le rectorat. Enfin, quant à la vingtaine de classes sans enseignant sur le littoral évoqué par l’UNSA, le rectorat indique que "les ajustements" - pour combler les postes vacants - "se poursuivent et sont quasiment achevés".