Une conférence pour expliquer l’évolution des pratiques culinaires en Guyane

Maison des cultures et des mémoires de Guyane, à Rémire-Montjoly
Les Journées Goût et Saveurs de Guyane s’achèvent ce 23 avril par une grande manifestation à Awala-Yalimapo. Mais ce vendredi, se tient à la Maison des Cultures et Mémoires de la Guyane (MCMG),à Rémire-Montjoly, une conférence sur les arts culinaires. Sous l’angle historique, de l’analyse sociétale et de la transmission traditionnelle, Boris Lama, historien, Isabelle Hidair, anthropologue et ethnologue, Mireille Ho-Sack-Wa Badamie, docteure en lettres et sciences humaines et Rosange Lhuerre de l’association Gastronomie Guyanaise, détailleront l’évolution des pratiques culinaires guyanaises.

Avec cette 8ème édition des journées Goût et Saveurs de Guyane de nombreuses actions rassemblant jeunes et adultes ont été menées sur une grande partie du territoire. Ce vendredi, le public est convié à un forum des arts culinaires intitulé « Manger en Guyane, d’hier à aujourd’hui, des pratiques alimentaires ».

Boris Lama, chargé de recherche inventaire du patrimoine à la CTG s’exprimera sur « Le fait alimentaire en Guyane de la période précolombienne à la fin de la société esclavagiste ». Il mettra en avant les différentes caractéristiques du fait alimentaire (terme scientifique pour parler de l’alimentation) chez les amérindiens durant la période pré colombienne, la traite négrière et enfin pendant l’esclavage.

« L’alimentation joue un rôle déterminant dans les sociétés, il s’agit de se nourrir certes, mais il y a toute une dimension culturelle, anthropologique, sociologique, voire religieuse. L’alimentation n’est pas neutre. Durant l’esclavage, par exemple, cela était un moyen pour le maître de contrôler ses esclaves, de les maintenir sur la plantation. Il leur donnait un lopin de terre avec des vivres et des animaux de basse-cour pour les dissuader de marronner. Ici l’alimentation est utilisée à des fins politiques… »

L’anthropologue, Isabelle Hidair au travers du thème « l’alimentation : entre culture et nature » s’attachera à démontrer que l’alimentation a une forte connotation culturelle et sociale.

« Nous avons à notre disposition les mêmes ressources naturelles sans avoir forcément la même alimentation et la même manière de cuisiner ces aliments. Deuxième constat, certains aliments vont nous séduire et d’autres carrément nous effrayer. Par exemple pourquoi les Européens ne mangent pas d’insectes et pourquoi les Asiatiques ne mangent pas de fromage? Il y a ainsi différents exemples à travers le monde y compris en Guyane. On considère que l’on consomme des aliments parce qu’ils sont disponibles autour de nous mais pas seulement. Et là intervient tout un aspect culturel de l’alimentation. Il y a une socialisation, un apprentissage pour éduquer les papilles gustatives et rendre les goûts familiers… »

Un large volet sur l’art culinaire kali’na sera développé par la docteure Mireille Ho-Sa-Kwa-Badamie tandis que Rosange Lhuerre de la Gastronomie Guyanaise s’attachera à expliquer la démarche de transmission, entreprise par son association, en faveur du patrimoine culinaire créole auprès des plus jeunes.