Le mouvement est national et devrait être très suivi au niveau local. Les professionnels de la petite enfance seront en grève, mardi 19 novembre. Résultat : près de 1 900 places de crèche resteront fermées, soit 96% des EAJE, Établissements d'Accueil du Jeune Enfant.
Une dégradation du secteur de la petite enfance
Menée par le collectif "Pas de bébés à la consigne", cette mobilisation est "un cri d’alarme sur les dangers liés au manque de moyens donnés aux Établissements d'Accueil du Jeune Enfant (EAJE) et à la dégradation croissante du secteur de la petite enfance".
Une marche à Cayenne
Les Fédérations guyanaises UTEPE et FDSAPEG se joignent au mouvement national et appellent les professionnels de la petite enfance, les parents et les citoyens à manifester. Une marche sera organisée à Cayenne, au départ de la crèche Mo Pitit à Zéphyr, à 8h30.
Revaloriser le financement des crèches
"Nous souhaitons la revalorisation du financement de notre activité surtout face aux problèmes de vie chère que nous rencontrons sur notre Département", développe Solène Fleurival, présidente de l'UTEPE, l’Union Territoriale de la Petite Enfance de Guyane.
Nous fournissons du matériel pour les familles, de l’arrivée de l’enfant jusqu’à son départ. Il y a les couches, les repas, les collations, et le lait pour les crèches qui le peuvent. On sait que le prix des couches en Guyane n’est pas le même qu’en métropole.
Solène Fleurival, présidente de l'UTEPE
Environ 10 euros l'heure de crèche
L’UTEPE demande donc une revalorisation du prix de la journée de crèche. "Une heure de crèche coûte en moyenne 10 euros, la CAF prend en charge 8,5 euros environ et en fonction des moyens des parents, il leur reste entre 0,15 centime et 3 euros à leur charge, détaille Christine Brown, présidente de la Fédération Départementale des structures d’Accueil de la Petite Enfance. Le reste est pris en charge par les mairies". Et c’est là que les disparités commencent.
Des disparités selon les mairies
"Elles n’ont aucune obligation de le faire, c’est au bon vouloir politique des mairies de valoriser ou non et d’accompagner les structures, déplore Solène Fleurival, présidente de l'UTEPE, l’Union Territoriale de la Petite Enfance de Guyane. Certaines mairies jouent le jeu, d’autres se retirent".
Selon ces professionnels, des crèches sont actuellement en grandes difficultés financières et ont eu du mal à verser des salaires ce mois-ci. "On ne veut pas que les parents paient plus", spécifie Christine Brown, présidente de la FDSAPEG, Fédération Départementale des structures d’Accueil de la Petite Enfance.
On ne veut pas que les familles soient impactées, on veut juste que les collectivités nous accompagnent au mieux pour que l’on fonctionne de manière équilibrée.
Christine Brown, présidente de la FDSAPEG
Du changement au 1er janvier 2025
Au 1er janvier prochain, la situation va évoluer. Les communes vont devenir les autorités organisatrices de l’accueil du service public de la petite enfance, et aux yeux de ces professionnels, "il est temps que tous les acteurs, collectivités et CAF, se mettent autour d’une table pour organiser cette transition".
"Dans un département où le taux de natalité est exponentiel, il faut qu’il y ait une vraie politique de la petite enfance, car aujourd’hui on ne communique pas ou peu avec les mairies", souligne Christine Brown présidente de la Fédération Départementale des structures d’Accueil de la Petite Enfance.
600 places supplémentaires d'ici 2027
La CAF annonce 600 places de crèche de plus d’ici 2027, en Guyane. Les établissements seront opérationnels, assurent les professionnels de la petite enfance. "On pourrait ouvrir, mais avec quels personnels ?, interroge Christine Brown. On a déjà une liste énorme de postes vacants et des crèches restent fermées faute de directrice agrée".
De son côté, la CAF reconnaît ces difficultés des crèches et "un dispositif difficile à faire vivre". "Nous tentons de faciliter l’ouverture de crèches, relate Sabrina Francillonne, présidente de la CAF de Guyane. Car le taux de couverture actuel est de 11%, c’est-à-dire que 11 enfants ont la possibilité d’avoir une place en crèche en Guyane. Dans l’Hexagone ce taux de couverture est de 67%".
Nous n’avons pas assez de personnels formés en Guyane et pas assez d’élèves dans les formations sociales également. On ne peut pas ouvrir plus de places de crèche, car nous manquons de personnels.
Sabrina Francillonne, présidente de la CAF de Guyane
700 salariés de la petite enfance
Selon les Fédérations guyanaises UTEPE et FDSAPEG, "il faut des actes", il est temps de "remettre à l’endroit l’accueil de la petite enfance". Le collectif "Pas de bébés à la consigne", exprime sa "colère et son espoir de changement" et exige du gouvernement des mesures immédiates, notamment pour revaloriser les moyens du secteur.
En Guyane, la petite enfance représente 700 salariés, 57 entreprises et 3000 familles.