Une infirmière libérale violée, une autre braquée par arme à feu. « On va travailler la boule au ventre »

Les deux victimes ont porté plainte
Entre hier et aujourd’hui, deux agressions ont eu lieu sur des infirmières libérales. La première a été violée, la seconde a été braquée. Les deux femmes ont porté plainte. Awatef Argoubi, présidente du syndicat des infirmiers libéraux de Guyane, réagit.

Dans la communauté médicale, c’est l’effarement. Le mot est d’Awatef Argoubi, présidente de la FNI Guyane, syndicat d’infirmiers libéraux. La professionnelle de santé, également référente sécurité auprès de l’URPS infirmiers libéraux, réagit suite à l’agression de deux de ses collègues. « J’ai été prévenue par la collègue de la victime qui a été violée, indique Awatef Agroubi. L’agression s’est produite dans le cadre de sa mission de soin, lors de son déplacement de travail. On ne s’attend pas à ça, même si on sait que ça peut arriver… »

Braquée par arme à feu

Ce jeudi matin, c’est une autre infirmière libérale qui a été agressée. Son témoignage a fait le tour des réseaux sociaux, photo à l’appui. L’infirmière indique qu’un véhicule a embouti le sien. Lorsqu’elle est sortie, un homme l’a menacée avec une arme à feu. « Je n’avais rien, indique la victime, donc il est parti je crois avec quatre euros que j'avais dans un pot dans ma voiture. La gendarmerie m'a dit que c'est la nouvelle méthode (...) Ils volent des voitures pour provoquer des accidents et pour ensuite braquer les gens. Se faire braquer avec une arme à feu dès 5h30 du matin… Je suis dégoûtée », termine la jeune femme. Les deux infirmières ont toutes deux porté plainte.

« Cela réveille des peurs, des angoisses, indique Awatef Argoubi. Il y a quelque temps, une collègue a été prise dans une course-poursuite à Matoury. Des tirs de feu ont eu lieu. Il y a quelques années, il y a eu une tentative de viol, au domicile d’un patient…»

Awatef Argoubi

Toutes ces choses font que certaines collègues veulent arrêter le libéral

Awatef Argoubi, présidente du syndicat des Infirmiers libéraux de Guyane

Récemment, 25 boutons connectés ont été distribués aux professionnels du libéral. « La phase de tests est terminée, indique Awatef Argoubi. Cela fonctionne mais le dispositif n’est déployé que sur cayenne. Il nous faut réfléchir à ce qui peut être fait sur tout le territoire, et pas uniquement pour les infirmières, mais aussi pour les sages-femmes. Encore une fois, ce sont des femmes qui sont agressées ? Nous sommes plus nombreuses dans la profession et les femmes font des victimes faciles. »

À ce jour, la Guyane compte 320 infirmières libérales. Pour Awatef Argoubi, des agressions comme celles-ci risquent de rajouter au manque d’attractivité de la Guyane. 

Pharmacie fermée à Maripasoula

Ce soir, les membres du FNI Guyane tiennent leur assemblée générale. La question de la sécurité sera forcément au cœur des discussions. À Maripasoula, la pharmacie garde portes closes depuis ce jeudi après-midi « jusqu’à ce qu’on retrouve les violeurs » selon l’affiche indiquée sur la porte. « On va tout faire pour que la communauté se bouge », indique le pharmacien, Christian Martinez.

Une demande de réunion à la préfecture

Dans un communiqué, le collectif des référents de sécurité des professionnels de santé en Guyane  exprime son soutien aux victimes et demande « une réunion urgente à la préfecture de Guyane du comité de suivi du protocole de sécurité des professionnels de santé», ainsi que la « généralisation des boutons anti panique à la zone de gendarmerie.