Une vague massive de migrants haïtiens à Saint-Laurent du Maroni

Des conditions de vie difficile pour les migrants, photo prise à Saint-Laurent (archive)
A Saint-Laurent, les haïtiens se sont installés dans des quartiers d’habitat informel, au cœur de la ville ou à quelques kilomètres. Selon la mairie  entre 4000 et 5000 migrants haïtiens, fuyant la misère et l’insécurité, seraient arrivés sur la commune depuis janvier dernier.

Pour encadrer cette vague massive de migrants, la municipalité a pris une motion relative à cette question il y a deux semaines. La motion prévoit la réunion, d’ici quelques semaines, d’un Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance extraordinaire. Elle propose également qu’une réflexion soit menée en vue de l’ouverture éventuelle d’un centre d’accueil et d’orientation des migrants sur la Guyane.
En attendant, ces migrants s'installent dans des lieux informels. Par exemple certains sont implantés à quelques kilomètres du centre-ville de Saint-Laurent du Maroni. Un terrain, qui était, il y a peu encore, de la foret, est aujourd’hui un vaste quartier qui abrite des centaines de familles haïtiennes. Beaucoup d’entre elles sont arrivées très récemment en Guyane. Un jeune homme, surnommé Roméo, témoigne : après un passage par le Suriname, il est arrivé à Saint-Laurent. Il dort dans une petite chambre avec 6 autres ressortissants de son âge. Ces jeunes hommes ne trouvent pas de travail et vivent dans des conditions insalubres. Roméo a fui seul l’insécurité quotidienne de l’île de la Gonâve en Haïti où il vivait avec sa famille.

L'espoir d'une vie meilleure déçu

Des centaines de jeunes hommes auraient rejoint Saint-Laurent via le Suriname. Tous pensaient trouver une vie meilleure et du travail. Ils sont en fait terrorisés à l’idée d’être arrêtés et rapatriés en Haïti. Après quelques mois sur Saint-Laurent, faute de travail et de logement, ils sont nombreux à vouloir rentrer au pays. Mais comme un piège qui se renferme sur eux, sans argent  pour repartir, ils sont obligés de rester.  
Un petit comité s’est  créé pour venir en aide à ces jeunes et ces familles installées récemment. Régulièrement, ils amènent du riz, viennent échanger avec eux et les accompagnent dans les démarches administratives. Ce comité, qui réunit une dizaine de membres sur la commune, deviendra très prochainement une association : le CREDIFAH, le Conseil Représentatif de la Diaspora Franco-haïtienne en Guyane.


Le reportage d'Alice Lauréat et Yves Robin