Visite ministérielle : quels sont les enjeux auxquels va faire face Marie Guévenoux ?

La ministre déléguée chargée des Outre-Mer Marie Guévenoux
Présente du 10 au 13 mars en Guyane, Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer, ira à la rencontre d’élus locaux et abordera les thématiques sécuritaires, économiques et sanitaires prioritaires en Guyane, notamment dans l’Ouest du territoire où elle passera sa première journée.

C’est une visite intense qui attend Marie Guévenoux pour son premier voyage en Guyane et son deuxième déplacement officiel après Mayotte. La ministre déléguée en charge des Outre-mer nommée le 8 février dernier arrive ce soir à Cayenne et arpentera le littoral Guyanais jusqu’au 13 mars. L’occasion d’aborder « plusieurs sujets prioritaires pour la Guyane », sur les volets « sécuritaires, sanitaire et économique », précise la note envoyée par les services de l’Etat aux rédactions. Une visite qui lui permettra aussi de prendre le pouls du territoire et de préparer le terrain à la venue d’Emmanuel Macron qui se rendra en Guyane du 24 au 26 mars.

Objectif sécurité

Après avoir assisté lundi matin à une cérémonie d’hommage national aux victimes du terrorisme, sur la place des palmistes à Cayenne et rencontré Sandra Trochimara, maire de Cayenne et Gabriel Serville, président de la collectivité territoriale, Marie Guévenoux filera directement vers l’ouest guyanais.

L’après-midi mettra en lumière les thèmes sécuritaires puisque la ministre assistera, en compagnie de Sophie Charles, la maire de Saint Laurent du Maroni, à l’inauguration du nouveau centre de supervision urbaine (CSU) de la ville. Ce bâtiment où sont concentrés des écrans reliés à des caméras disséminées dans la ville doit permettre l’identification rapide des auteurs de méfaits. Le système a été lancé de façon anticipée dès le 9 février dans un contexte de « recrudescence des violences en ville », rappelle la mairie. Depuis, il aurait déjà permis de constater plusieurs infractions. Cette inauguration s’inscrit dans le cadre du « schéma local de tranquillité publique » de la mairie, dans lequel elle a aussi recruté six policiers municipaux supplémentaires entre juillet et septembre.

Marie Guévenoux rencontrera ensuite les fonctionnaires de la nouvelle brigade fluviale de gendarmerie, qui fait partie des 238 nouvelles gendarmeries annoncées par le ministère de l’Intérieur et des outre-mer début octobre 2023. Avant de visiter le poste de contrôle routier de la crique Margot, installé en fin d'année. Ce nouveau point de contrôle, qui remplace celui du bourg d’Iracoubo, a été vivement critiqué ces derniers mois par des riverains qui contestent son efficacité. Un collectif local dénonce notamment la création de sentiers clandestins qui entraînent une augmentation de l’insécurité dans les environs.

Soutien au Larivot

L’ancienne questeure de l’Assemblée nationale, qui a fait toute sa carrière politique à droite, achèvera sa journée à Sinnamary, pour une rencontre avec l’association des maires de Guyane, présidée par le maire de Sinnamary Michel-Ange Jérémie. L’occasion pour les élus de rappeler le coût des politiques de « tranquillité urbaine » et de demander un soutien de l’Etat en ce sens.

La journée de mardi s’ouvrira sur un autre dossier sensible : l’ouverture de la centrale électrique EDF du Larivot qui avait déjà été visitée par son prédécesseur Philippe Vigier, lors de sa venue en septembre dernier. Une façon d’insister sur le soutien du gouvernement à ce projet controversé de centrale électrique d’une puissance de 120 MW qui doit remplacer la très polluante et vieillissante centrale au fioul lourd du Degrad-des-Cannes.

La centrale qui fonctionnera aux biocarburants liquides (importés), a fait l’objet d’un long combat judiciaire suite aux recours porté par les associations Guyane nature environnement et France nature environnement. La cour d’appel de Bordeaux a finalement validé le permis de construire en mars 2023 et les travaux ont repris cet été. La centrale, qui devrait entrer en service 2026 est un chantier essentiel pour atteindre l’objectif que s'est fixé la Guyane d'atteindre l’autonomie énergétique sur un mix 100 % renouvelable d’ici 2030.

Un point dengue au CHC

La suite de la journée sera dédiée à nouveau à la tranquillité urbaine avec le suivi de l’opération « place nette » à Rémire Montjoly. Ces opérations de police et de gendarmerie ont lieu dans tout le territoire courant mars et visent à « réprimer la délinquance », selon la préfecture. Enfin, les enjeux économiques seront abordés avec la visite d’un site légal d’extraction aurifère à Bélizon, sur la commune de Régina et, en fin de journée, lors d’une rencontre avec les principaux acteurs économiques du territoire à la préfecture.

La ministre déléguée achèvera son séjour au pas de course par un passage au Centre hospitalier de Cayenne, mercredi matin, afin de se voir présenter la prise en charge des patients infectés par la dengue. Une visite sanitaire incontournable alors que la Guyane, et plus particulièrement l’île de Cayenne, est frappée depuis plusieurs mois par une épidémie historique de dengue. Le dernier point de l’ARS, le 29 février, faisait état d'un peu moins de 700 cas confirmés sur la dernière semaine et 137 personnes hospitalisées au CHC depuis le début de l’année 2024. Après cette visite éclair, la ministre déléguée aux outre-mer s’envolera ensuite vers la Guadeloupe et la Martinique où elle rejoindra Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des Outre-mer, jusqu’au 15 mars.