Yvette Roblin, fondatrice du Café de la Gare, s'en est allée à 87 ans

Le Café de la Gare dans ses débuts
Le 21 juin 2023, Yvette Roblin s'est éteinte. C'est elle qui a créé, en 1974, le Café de la Gare, un bar emblématique de la Guyane. L'établissement a annoncé la disparition de sa fondatrice sur les réseaux sociaux, où les témoignages se multiplient.

Yvette Roblin, la femme qui a créé l'emblématique Café de la Gare, s'en est allée. La fondatrice de cet ancien PMU, puis bistrot, et désormais bar dansant, a rendu son dernier souffle le 21 juin 2023, à l'âge de 87 ans. Ses funérailles se sont tenues ce 26 juin dans l'Hexagone.

Yvette Roblin en teeshirt rouge et bermuda rayé, au centre de la photo. Elle organisait un rallye pour récolter des fonds afin de réaliser un film basé sur l'un de ses livres.

Près de 50 ans de vie en Guyane

Selon l'une de ses filles, Catherine Obozil, que nous avons jointe, Yvette Roblin était "très très fatiguée et s'était énormément affaiblie". Elle avait quitté la Guyane depuis 2020, en plein confinement. Ses filles, qui vivent toutes en France à l'exception d'une, souhaitaient être à ses côtés.

Anthony Sylvain est propriétaire des lieux depuis 2019 et gérant du Café de la Gare depuis 2014. Très proche de celle qu'il appelait "Mamie Yvette", il se souvient du jour où elle a dû quitter le département. C'était un moment difficile, car la fondatrice aurait voulu rester en Guyane.

Une vie bien remplie

Yvette Roblin est arrivée en Guyane en 1972 avec son mari et ses six filles. L'année d'après, son mari est reparti en France pour des vacances et n'est jamais revenu. En 1974, elle ouvre le Café de la Gare en plein cœur de Cayenne. Écrivaine, elle raconte en 2004 sa vie en Guyane dans l'ouvrage Guyane, je t'aime (malgré tout). Elle a écrit trois autres livres et a tenté de réaliser un film basé sur le premier.

On est parti en Guyane tous ensemble, en famille. Mes parents ont tenu un restaurant à Cayenne pendant deux mois, puis il y a eu une fermeture administrative pour raisons de sécurité. Ils avaient mis toutes leurs économies dedans. Maman était très débrouillarde ! Elle a eu un jour l'idée de faire des beignets, que l'on appelle les fantaisies (ou beignets de carnaval). Il leur restait 36 francs, elle a acheté les ingrédients avec. Et elle les vendait à la sortie de l'école et au carnaval. Grâce à ça, elle a pu ouvrir le bar.

Catherine, l'une des filles d'Yvette ROBLIN

"Beaucoup de métropolitains passaient par là, elle n'hésitait pas à ouvrir ses portes à tout le monde", ajoute Catherine. Elle poursuit : "Il y avait beaucoup de gens qui étaient loin de chez eux et passaient Noël chez nous. Ils étaient en famille !" Anthony Sylvain, actuel gérant du Café de la Gare retient "sa force et son parcours". "Elle s'est battue pour s'en sortir. C'est vrai qu'elle a eu des embûches", déclare-t-il.

Sous la publication de l'établissement, une pluie de témoignages. "Nous avons été hébergés chez Yvette pendant 2 mois à Cayenne ! Sa générosité, sa bonne humeur, son dynamisme resteront le meilleur souvenir de la Guyane", se souvient une internaute. "Grâce à Yvette Roblin, j'ai découvert les beignets de carnaval. C'était une brave femme, qu'elle repose en paix", évoque une autre. Les habitués semblent unanimes et décrivent une "dame au grand cœur".