Haïti : Ariel Henry écarté, les élections semblent toujours difficiles à organiser dans le pays

A Port-au-Prince, les civiles fuient la violence.
Ariel Henry, Premier ministre par intérim, bloqué à Porto-Rico, serait déjà écarté du pouvoir. Depuis 2 jours, la communauté caribéenne, la CARICOM et les instances internationales lui demandent, sans succès, de donner sa démission et de participer à la mise en place d’un gouvernement de transition.

Ariel Henry est actuellement hébergé à Isla Verdi Beach Resort près de la vieille ville de San Juan, la capitale de Porto-Rico. Cet hôtel luxueux appartient au groupe Marriott.

Les chambres coûtent entre US$500 et US$700 la nuit. On ne sait pas qui paie la note d’Ariel Henry et de son entourage.

Pour l’instant, le Premier ministre par intérim ne peut pas rentrer en Haïti. L’aéroport international à Port-au-Prince est fermé.

Par ailleurs, la population ne veut pas qu’il revienne. L’idée d’un atterrissage à l’aéroport de Cap-Haïtien dans le nord du pays a vite avorté. Les habitants sont contre.

À Port-au-Prince, les participants aux manifestations du jeudi 7 mars 2024 ont demandé le départ d’Ariel Henry.

Il ne donne pas sa démission, mais en tant qu’acteur politique, il n’y a plus de rôle à jouer pour lui.

Haïti, Ariel Henry, Premier ministre par intérim.

Un transfert de pouvoir compliqué

Dans l’édition du 8 mars 2024 du quotidien Le Nouvelliste, le journaliste Jean Pharès Jérôme s’est penché sur l’installation au Palais national d’un Conseil présidentiel.

L’initiative est portée par l’ancien sénateur Moïse Jean-Charles qui est dirigeant du parti Pitit Dessalines.

Moïse Jean-Charles affirme que cette initiative a déjà collecté un grand nombre de signatures.

Dès le premier jour, nous avons recensé 50 partis politiques et près de 3000 organisations qui étaient venues signer le document.

Moïse Jean-Charles en entretien avec Le Nouvelliste

Tous les acteurs politiques et des groupes civiques n’adhèrent pas. En Haïti, le consensus est souvent difficile à obtenir.

D'autant que la police ne veut pas lui rendre les clefs du palais présidentiel pour installer le conseil.

En Haïti, l'ancien sénateur Moïse Jean-Charles participent aux manifestations contre le premier ministre par intérim, Ariel Henry.

Les forces de l'ordre débordées

Pour l’instant, les forces de l’ordre se battent contre les gangs qui ont promis de mener un coup d’État pour renverser le gouvernement provisoire d’Ariel Henry.

Les forces armées d’Haïti (FAd'H) ont été déployées pour épauler les 9 000 policiers qui n’ont pas la capacité à repousser les gangs.

La Police nationale d’Haïti a déjà perdu 1 600 officiers. Ils ont été tués ou ils ont quitté le pays.

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le Commissaire de police Frantz Elbé a tenté de motiver ses troupes et rassurer la population.

Les ambassades sont fermées

La France, le Canada et les États-Unis ont suspendu leurs services consulaires.

Selon le journal haïtien AlterPresse, une équipe d’élite de sécurité antiterroriste de la marine américaine a été déployée en Haïti or les États-Unis ont affirmé à maintes reprises que des soldats américains ne seraient pas dépêchés en Haïti dans le cadre de la crise actuelle.

Il s’agirait des spécialistes en opérations d’évacuation de non-combattants, batailles rapprochées, opérations militaires en milieu urbain, opérations de convoi, opérations à bord et de sécurité spécialisée.

Les gangs font la loi

Le port maritime de Port-au-Prince a été pris pour cible par les gangs. Les locaux ont été pillés.

La pression est constante autour de la zone de l’aéroport international Toussaint Louverture. Les gangs veulent contrôler cette infrastructure.

Jimmy 'Barbecue' Chérizier, chef de gangs.

Plus d’une dizaine de commissariats de police ont été incendiés ou détruits. L’Académie de police a été attaquée.

À Port-au-Prince, la population est obligée de fuir la violence dans les quartiers.

En une semaine, 15 000 personnes ont été déplacées. On ne sait pas encore combien ont été tuées.

Rétablir la paix en Haïti pour permettre aux habitants, déplacés par la violence, de retourner chez eux est une première étape vers la mise en place des élections.

L'enjeu de taille est d'obtenir un consensus entre la multitude d'acteurs concernant l'équipe de transition qui va travailler sur la mise en place d'un régime démocratique en Haïti.