Hockey : Les fans de l’archipel à la poursuite de la coupe Stanley

NHL
Si les fans de Montréal, Pittsburgh, Boston ou Toronto semblent être les plus visibles à Saint-Pierre et Miquelon, il existe d'autres passionnés qui soutiennent des franchises parfois beaucoup plus éloignées. Rencontre avec les fans des équipes toujours en lice.

Si les joueurs des Canadiens, des Penguins ou des Maple Leafs ont le loisir de découvrir les joies du golf en ce moment, d’autres équipes sont toujours lancées dans la course à la coupe Stanley.  À l’heure des demi-finales de conférence, nous avons tenté de trouver dans l’archipel 8 fans (4 pour l’Ouest et 4 pour l’Est) qui caressent encore cette année le rêve de voir le nom de leur équipe s’inscrire au palmarès de la plus prestigieuse des compétitions.

Mais pourquoi supportes-tu cette équipe, et depuis quand ? Quel est ton meilleur souvenir de fan ? Es-tu optimiste cette année ? Et que ferais-tu si ta franchise de cœur remportait la Coupe Stanley ? Ce sont les questions que nous leur avons posé à l'heure où quatre duels se jouent sur les glaces d'Amérique du Nord.

Stars de Dallas VS Avalanche du Colorado

Les Stars pour David sont au Texas

Quand il était enfant, David Arrossaména suivait le parcours de quatre franchises : les Panthers, les Sharks, les Sénateurs et les Stars. “Une équipe de chaque division, mais que des mal classées” se souvient-il, amusé.

Récemment arrivées dans la Ligue lors du déménagement des North Stars du Minnesota au Texas en 1993, les Stars faisaient alors office d’outsider malgré une qualification pour les séries lors de leurs deux premières années à Dallas.

Dans l’archipel à cette époque, “personne ne les suivait, personne ne les connaissait et personne ne regardait leurs matchs”, nous explique David en racontant que ses amis d’alors supportaient “surtout Montréal et Boston et se chambraient beaucoup”.

Dans l’ombre, lui a bien suivi la montée en puissance de ses protégés jusqu’en 1999, l’année de son meilleur souvenir, l’année où les Stars remportent la Coupe Stanley !

C'était face aux Oilers d'Edmonton avec comme capitaine au Texas un certain Derian Hatcher, qui a depuis visité l'archipel deux décennies plus tard avec les légendes.

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David espère bien que sa collection de goodies de Dallas lui portera chance cette année

S’il a depuis toujours collecté des "goodies" de Dallas, comme des maillots, des casquettes, des verres, des tasses ou "un pull quand j’étais petit", David n’a encore jamais vu les Stars pour de vrai sur la glace. “Je ne suis jamais allé au Texas et quand ils rencontrent Montréal à chaque fois ça tombe mal, c’est pendant la période de Noël”, nous explique-t-il tout en étant assez optimiste pour la suite de l’aventure cette année.

Colorado est toujours un bon candidat et il y a une grosse rivalité, mais on a une bonne défensive qui tient la route, une bonne profondeur de banc et quand tu arrives en demi, tout est faisable”.

Si les Stars l’emportent, David ne compte ni se faire un tatouage, ni se teindre les cheveux en vert et blanc, non, “rien d’extravagant, juste une bonne fête qui offre l’occasion de chambrer les autres”.

Des Nordiques à l’Avalanche du Colorado pour Dédé 

Dans le temps, André Le Du supportait les Nordiques de Québec, alors quand sa franchise a été rachetée en 1995 par un groupe d’investisseurs souhaitant l’installer à 2 800 km de là, à Denver, il aurait pu hésiter…

Mais cette année-là, “Patrick Roy a quitté Montréal pour Colorado”, se souvient-il avec émotion en se remémorant cette véritable tempête médiatique pour l’époque. Dans l’hiver 1995, en pleine saison, le gardien vedette du Canadien, qui avait remporté deux coupes Stanley avec le tricolore, se fâche à l’issue de l’un de ses pires matchs en carrière (9 buts encaissés à domicile face aux Red Wings de Détroit). Un événement qui allait le pousser vers la sortie en direction de l’Ouest et du Colorado où il remporta d’entrée la Coupe Stanley 1996 face aux Panthers de la Floride.

André ressort sa casquette pour les séries

L’autre meilleur souvenir d’André remonte à la saison 2000-2001 et il tient lui aussi au recrutement d’un autre monstre du hockey, un certain Raymond Bourque. Après 21 saisons passées à Boston, le capitaine des Bruins débarque pour la gagne et s’impose comme leader dans le vestiaire de l’Avalanche qu’il mène directement à un second sacre en 2001… Avant de prendre sa retraite. Dans le milieu, on appelle ça la classe, mais pas à Dallas.

Si André a depuis gardé une écharpe des Nordiques dans son placard, il porte toujours au moment des séries sa casquette de l’Avalanche, qu’il ne suit “pas tous les matchs, surtout quand c’est trop tard la nuit”. Ses copains, eux, le chambrent toujours pour son choix, “mais ce n’est pas méchant, ils me demandent juste le score quand on a perdu”, plaisante-t-il.

Mais alors le Colorado peut-il prétendre à une quatrième victoire cette année ? “Je ne parierai pas ma paye”, s’amuse-t-il avant de préciser que "tout est possible, même si Dallas a une très bonne équipe qui était devant nous au classement cette année. Mais rendu là, tout le monde peut prétendre à la Coupe Stanley".

Et si l'Avalanche gagne ? “Pas de folie, je prends juste un verre de plus”.

Canucks de Vancouver VS Oilers d'Edmonton

Jean-Charles est prêt à se coucher tard pour les Canucks de Vancouver

Avec le décalage horaire, je n’ai pas choisi l’équipe la plus cool à suivre”, nous explique d’entrée Jean-Charles Michel tout sourire. Depuis son adolescence, lui ne jure que pour les Canucks avec à la clé “beaucoup de bagarres avec les copains qui étaient majoritairement pour le Canadien”, s’amuse-t-il.

Ses meilleurs souvenirs sont rattachés à deux de ses idoles à commencer par le “Russian Rocket” qui arrive en 1991 à Vancouver. Cette fusée russe se nomme Pavel Bure, qui sitôt débarqué de Moscou, remporte le trophée Calder de la meilleure recrue, à l’époque même où le jeune Trevor Linden est en train d’exploser. À tout juste 21 ans cette saison-là, ce dernier devient capitaine d’une franchise qu’il guidera jusqu’à la deuxième finale des séries de son histoire en 1994. Finale perdue en 7 matchs face aux Rangers de New-York.

En 2011, Jean Charles vivra une autre épopée des siens jusqu’en finale pour le même résultat cette fois-ci face aux Bruins de Boston. “Là, ça a été dur, ça se joue en 7 aussi et il y a un couple de match où je me suis couché à 4 ou 5 heures le matin, et j’allais travailler après”, nous avoue-t-il.

Jean-Charles vit sa passion pour les Canucks malgré la distance et les 5h de décalage horaire.

Chandails, pulls, pucks ou cartes de hockey (il en a 20 000 dans sa collection), Jean-Charles vit sa passion pour les Canucks à fond avec l’envie un jour de partir les voir jouer à 4 800 km de l’archipel, en Colombie Britannique. “C’est l’une des plus belles villes au monde et un jour ça va m’arriver, je ne lâche pas l’affaire”, nous annonce-t-il assez confiant quant à l’avenir de Vancouver cette saison.

"Cette année j’y crois ! On a terminé premier au classement (à l'Ouest) et on a une sacrée équipe", nous dit-il, sans trop s'enflammer car pour lui, "les séries, c'est comme une autre saison, ce n’est plus pareil, la mentalité n’est pas la même".

Alors les Canucks devront s'accrocher jusqu'au bout pour espérer l'emporter pour la première fois de leur histoire, ce qui lui rappelle une anecdote : “Je me souviens un jour avoir passé 15 minutes à chercher le nom de mon équipe sur la reproduction de la Coupe Stanley qui était à l’Art du jeu, avant de réaliser que je ne pouvais pas le trouver”.

En cas de victoire des siens, Jean-Charles compte bien “chambrer tous les autres, car je suis un peu tout seul”, nous dit-il. En cas de qualification pour la finale, il sera déjà plus visible en ville avec son drapeau des Canucks qu’il compte bien installer à ce moment-là sur sa camionnette. "Mais je ne veux pas y toucher avant", nous dit-il, et ce "par superstition".

La passion de Patrick pour les Oilers d’Edmonton date du temps de Gretzky 

Quand il avait 9 ans, Patrick Mahé regardait les matchs de hockey à la télévision chez ses parents sur les chaînes canadiennes. “Je n’avais pas encore d’équipe attitrée mais j’étais déjà attiré par cette jeune franchise, puis là… Gretzky est arrivé”.

Wayne Gretzky, la légende, qui allait signer à Edmonton en 1979, le jour de ses 18 ans, le plus gros contrat de l'histoire du hockey professionnel de l’époque. C’est le début d’une période de rêve pour les Oilers et pour Patrick qui associe les années 80 à ses meilleurs souvenirs de hockey. 

À l’époque, c’était vraiment les meilleurs. Dans l’équipe du Canada, il y avait d’ailleurs beaucoup de joueurs des Oilers”, nous dit-il plutôt fier d’avoir supporté une équipe ayant soulevé pas moins de 5 coupes Stanley sur cette période (84-85-87-88-90).

Fan la première heure des Oilers d'Edmonton, Patrick porte ici un maillot acheté en 1990.

Si Patrick regrette de ne “jamais avoir eu l’occasion” de partir en Alberta ou ailleurs voir jouer son équipe, il se dit “pas mal optimiste” quant aux séries qui se disputent actuellement avec “un joueur exceptionnel” en la personne de Connor McDavid qui est devenu cette année le quatrième joueur dans l'histoire de la ligue nationale à récolter cent mentions d'aide dans une unique saison.

Patrick se méfie toutefois des Canucks qui ont su renverser la vapeur lors de la première confrontation de cette série : “on menait 4-1 et on a perdu 5-4”, se souvient-il, avant d’évoquer le parcours de l’Avalanche du Colorado qui pourrait éventuellement se retrouver sur la route d'Edmonton avant la grande finale promise face à une franchise de l’Est qui ne lui ferait “même pas peur si on arrive jusque-là”.

Et pourtant, le souvenir de la dernière finale des siens perdue en 2006 reste encore vivace dans son esprit. “On avait "chié" à la porte au 7e match contre la Caroline”, regrette-t-il.

Si Edmonton parvenait cette fois-ci jusqu’au bout, Patrick serait fier de célébrer le sixième titre de ses Oilers en arborant en ville son maillot de Mark Messier, qu’il garde précieusement depuis maintenant 34 ans.

Panthers de la Floride VS Bruins de Boston

Bruno, le tout nouveau fan des Panthers de la Floride  

Il est parfois difficile de trouver les fans de certaines franchises qui acceptent de parler dans l’archipel. Ce fut le cas des Panthers avant que le destin ne mette Bruno Perrin sur notre chemin. “J’ai vu qu’il avait mis un fanion de la Floride sur sa voiture”, nous dit alors quelqu’un. “Bruno ? Mais normalement, il supporte plutôt les Canadiens, non ?

Bruno soutient les Panthers depuis... cette série qui les oppose aux Bruins

En parlant avec lui, nous découvrons un véritable fan de hockey qui collectionne de nombreux objets. “J’ai des tasses, des pin’s ou des fanions de presque toutes les équipes”, nous explique-t-il, avant de préciser tout sourire : “il y en a juste une qui ne rentrera jamais dans ma maison, c’est celle des Bruins de Boston”.

Son soutien aux gars de la Floride ne tient donc pas à l’excellente saison réalisée jusque-là par les Panthers qui peuvent sérieusement rêver cette année à la première Coupe Stanley de leur histoire. “Non, si les Canadiens ne font pas les séries éliminatoires, je suis systématiquement pour toutes les équipes qui affrontent les Bruins”, nous révèle-t-il, un brin chambreur à l’attention de ses amis qui supportent Boston.

Mais alors est-il optimiste quant aux chances de victoire de sa nouvelle équipe favorite ? "Oui, je pense qu'ils vont passer cette ronde et aller jusqu'en finale, mais ensuite ça sera compliqué s'ils retrouvent par exemple Vancouver", prédit-il.

D'ailleurs, en cas de duel entre les Canucks et les Panthers, Bruno serait prêt à changer de crémerie afin que "la Coupe Stanley retourne enfin au Canada".

D'ici là, c'est visiblement heureux qu'il a pris l'habitude de flâner en ville au volant de sa voiture en arborant son fanion des Panthers aux abords des maisons qui abritent des fans de Boston qu'il salue parfois d'un ou plusieurs coups de klaxon.

Bruno, alias le Bruins, fan de Boston 

Pour trouver un supporter de Boston à Saint-Pierre et Miquelon, nous avions l’embarras du choix. Mais les photos de l'impressionnante "Bruins Cave" de Bruno Télétchéa nous ont décidé. Il fait partie des plus fervents défenseurs de l’une des plus vieilles équipes de la LNH encore en activité.

Pour lui, tout a commencé alors qu’il n’était qu’un enfant : “Mon père était un grand fan des Canadiens et il ne pouvait pas voir les Bruins”, nous révèle-t-il. C’est donc par esprit de provocation et pour la blague à l’âge de 7 ans qu’il s’engage corps et âme pour la franchise du Massachusetts dont il s’est depuis fait tatouer le logo à deux reprises.

Si Bruno n’a encore jamais pris place dans le TD Garden de ses protégés, il a déjà eu la chance de les voir jouer à trois reprises chez ses meilleurs ennemis, à Montréal : “Je suis allé trois fois au centre Bell pour trois victoires, 3-2, 4-2 et 6-3”, se souvient-il ravi, en ajoutant au passage qu’il dispose désormais chez lui d’un tapis du Canadien qu’il a acheté pour mettre… dans ses toilettes.

Bruno est toujours à l'aise au sein de sa célèbre Bruins'cave.

L'autre souvenir marquant de sa carrière de fan restera bien sûr la Coupe Stanley de 2011 remportée pour son plus grand plaisir à l'issue d'un duel stressant en 7 matchs face aux Canucks de Vancouver.

Mais Boston peut-il aller chercher un septième sacre cette année ? "Pas du tout !", tranche-t-il assez agacé par le style de l'actuel entraîneur des Bruins qui, selon lui, "n'aligne pas deux fois la même ligne sur la glace. Je ne le comprends pas et je le dis depuis le début de la saison. On n'a pas l'équipe pour aller en finale et j'en suis bien déçu".

Mais pour autant, l'espoir est toujours permis pour ce fan de la première heure qui ne compte pas manquer le moindre match des siens au milieu de son antre décorée d'une vingtaine de maillots, de photos et de dizaines d'objets jaunes et noirs. Si le vent tourne, Bruno sera toujours prêt à décorer sa voiture "pour aller faire un tour de ville et klaxonner... surtout devant tous les supporters des Canadiens".

Rangers de New-York VS Hurricanes de la Caroline

Patrick croit dans les chances de ses Rangers cette année 

Si Patrick Poirier est aujourd’hui un grand fan de la plus vieille franchise new yorkaise, il a d’abord supporté Edmonton lors de son enfance. “Quand Mark Messier a quitté les Oilers pour les Rangers, je l’ai suivi”, nous révèle-t-il visiblement heureux d’un choix qu’il n’a jamais regretté. 

D’ailleurs, après avoir gagné 5 coupes Stanley avec la franchise de l’Alberta, Mark Messier allait en remporter une de plus avec New York. C’était en 1994 et ça reste le meilleur souvenir de Patrick : “à l’époque, j’avais 11 ans et j’avais même la casquette du titre ! On n’était pas nombreux à les soutenir”. 

Depuis, l’archipel compte quelques fans des Rangers, mais beaucoup moins que Pittsburgh, soutenu par quelques-uns de ses amis farceurs. En 2014, Patrick se souvient d’une série disputée face aux Penguins : “On se chambre toujours avec les copains et cette année-là, ils avaient mis un sac en plastique sur mon drapeau car ils menaient 3-1. Mais je l’ai enlevé et finalement les Rangers ont gagné 4-3. Ce n’est jamais fini une série !

Pour l’anecdote, ce même scénario s’est répété lors de la première ronde des séries en 2022.

Si Patrick a même un verre du Madison Square Garden en sa possession, il n'est pas encore allé voir jouer ses Rangers à New-York.

Si Patrick rêve toujours d’aller voir jouer un jour ses protégés, il a toutes les raisons d’être optimiste quant à leurs chances de succès cette année : “C’est une très bonne saison. On termine premier. On balaie Washington et on est bien engagé contre la Caroline”.

Malgré tout, il avoue craindre la Floride pour la suite de l’aventure et encore plus ce qui pourrait arriver de l’Ouest où il note une réelle différence de style de jeu. “Il y a de grosses équipes là-bas, et il y a plus de rapidité et de vitesse d'exécution sur la glace là où nous on joue plus physique.

1994-2024. Et si les Rangers trente ans plus tard parvenaient à ramener un nouveau trophée ? Pour Patrick, ce serait forcément une fierté qu’il s’empresserait de célébrer en allant au passage, “comme d’habitude, chambrer les copains”.

Caroline cherche fan dans l'archipel 

Pour trouver un fan des Hurricanes dans l'archipel, on était vraiment désespérés. On a essayé un peu partout d'en trouver, mais sans succès. Pourtant, la Caroline a de solides arguments avec son histoire héritée des Whalers de Hartford, sa Coupe Stanley gagnée en 2006 et sa bonne saison régulière. 

Du coup, je me dévoue, et je me teins même les cheveux en rouge si les Canes l'emportent !

A-t-on vraiment trouvé le seul vrai faux fan des Canes à Saint-Pierre et Miquelon ?